Un nouveau cap de franchi ! Un autre Finistère ...

Publiée le 09/02/2025
Le soleil, l'or des pauvres qui ne voit jamais l'ombre. C'est bien pour cette raison que nous le poursuivons ! 12.01.25 : Arrivée à Corme 13.01.25 : Arrivée à Muxia 15.01.25 : Arrivée à Fistera 16.01.25 : Arrivée à Muros

De retour de St-Jacques-de-Compostelle, nous faisons la connaissance d’un voisin de ponton, Benoit, un belge fort sympathique avec qui nous nous lions d’amitié. Également, une histoire d’amour naît entre Cahuette et lui se faisant désormais appeler tonton Béni 🥰

Nous prévoyons de faire la même route et rêvons des mêmes destinations. Nous quittons La Corogne le même jour sous un magnifique soleil. Il ne nous quittera pas les prochains jours durant lesquels notre cohorte désormais franco-belge continuera de remonter la côte Galicienne. Enfin presque … Dimanche 12 janvier, il n’y a pas lourd de vent. Alba, le Trismus de tonton Béni, munis d’un moteur fonctionnel prend de l’avance sur notre route jusqu’à Cormes. Pour dire vrai, la distance est telle que notre petit nerveux Yes Aï se fait carrément déposer pourtant équipé de son spi blanc de régate.

Nous arrivons à bon port 1h30 après Benoît, ce qui est finalement loin d’être ridicule 😇 Un port qui semble être laissé à l’abandon. Nul électricité et surtout, recouvert de fond en comble de fientes d’oiseaux 😅. En cette fin de journée, les températures tombent nettement. On s'envoie un chaud et généreux plat de pâtes de riz sauce Tahin pour contrecarrer le froid avant de se faufiler au lit, rincé de par la vingtaine de mille parcourue aujourd’hui.

Alors que nous pensions prendre notre temps le lendemain matin, faire une bonne cure de sommeil jusqu’à 9h30/10h et découvrir un peu les environs, nous nous réveillons à 7h30, avant le lever du jour. Dès le réveil, je suis gagnée par l’envie irrépressible de poursuivre notre route. Il est vrai que le nez qui coule et quelques toux grasses n’égalent en rien un mal de mer. Mais pour être tout à fait honnête, il ne s’agit pas là d’un fervent désir de regagner la mer afin de jouir de la plaisance.. Non, non, non… Cela ressemble plus à un acte de survie si je puis dire, contre le froid et contre celui de la fatigue. Je suis comme envahie d’un regain d’énergie trouvant sa source dans un état … d'impatience  🙈. 

Marvin jamais en reste de naviguer acquise et nous larguons les amarres ½ plus tard après avoir paré à un éventuel futur mal de mer par l’absorption de ma boisson chaude préférée : Décoction gingembre, graines de cardamome, clous de girofle et baies de genièvre par-dessus un jus de citron et du vinaigre de cidre. Le tout édulcoré par une généreuse cuillère à soupe de miel 🤤 Miam !

6h de navigation et nous sommes cette fois les premiers à arriver à Muxia. Égalité, balle au centre ! (Expression pas très appropriée puisque nous ne jouons pas tout à fait dans la même catégorie.. Effectivement, maintenant que nous naviguons depuis 2 mois sur un voilier dépourvu de moteur, nous sommes assez avertis je crois pour le confirmer 🙃).

Nous y séjournons 2 nuits et 2 jours profitant du beau temps qui nous est offert. Pendant une balade, nous faisons le constat que nous nous trouvons une nouvelle fois sur les pas de Jacqui  le Majeur ! Muxia est en fait l'une des destinations finales du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Bien que nous ayons presque exclusivement pris le chemin de la mer, nous pouvons dire quelque part que nous l’avons fait notre pèlerinage 😁

Sur notre bonne lancée, nous quittons cette adorable petite commune le 15 janvier pour rejoindre Fisterra. C’est une étape significative que nous attendions avec impatience. Elle représente le passage de la côte nord galicienne à  la façade la plus à l’ouest de l’Europe. Et c’est par un remorquage que nous entamons notre virée . Puisque le vent a décidé de faire la grâce matinée, nous l’attendons derrière la digue, là où Benoît choisit de nous abandonner à notre sort. Je ne pense pas avoir connu pire attente que de sortir le maillot de bain en plein mois de janvier et absorber une bonne quantité de rayons du soleil 😎… Une fois parti nous envoyons rapidement le spi bleu Bostick (oui oui c’est son nom mais nous ne l’avons pas choisi nous-même) nous envoyant loin, très loin jusqu’à quelques milles de notre destination. Nous passons le cap Touriñan qui est alors, le point le plus occidental d’Espagne continentale. Yes ! (Aï 🤪)


1 nuit et ½ journée à Fisterra puis on repart de plus en belle en direction de Muros. Pour l’avoir trop souvent constaté, ce n'est pas coutume que soit installée une fenêtre météo aussi favorable sur une durée aussi longue. Bien qu'en vérité ça le devrait ! D’après certains locaux, les vents en ce moment venant du sud, ne sont pas ceux qu’ils ont l’habitude de recevoir en hiver. En règle générale, la Galice est arrosée en cette saison de vents du nord, ou de nord-ouest. Par conséquent, quand l’occasion se présente, on gagne du terrain  et on s’y tient. Peu importe notre santé, notre fatigue, nos humeurs et états d’âme, l’envie de descendre en latitude est plus forte que tout. On ne va pas se mentir, la côte nord espagnole est jolie mais dans une recherche de dépaysement et de chaleur, nous ne nous trouvons pas vraiment au bon endroit 👀.


Bref, Renaud n’a t-il pas dit : “Dès que le vent soufflera je repartira, dès que les vents tourneront nous nous en allerons…” ? Nous sommes bien d’accord avec lui ! Mais cette fois, le vent ne tourne pas, il se maintient au nord et c’est tout bonus pour nous ! Cap sur Muros avant qu’il en décide autrement.

Le vent et la houle se font face, circonstances idéales pour se garder d’un mal de mer et ça n’est pas sans me satisfaire ! La traversée se passe à merveille. Comme d’habitude, les conditions météorologiques attendues ne sont pas tout à fait celles que nous avons aujourd’hui néanmoins, ça souffle, on avance, toujours accompagné d’un franc ciel bleu. Cela fait 3 jours que nous ne manquons pas un seul coucher de soleil. Ils se suivent mais ne ressemblent jamais. Pour autant c’est toujours la même étoile flamboyant dans le même plafond céleste 🙂 Je le reçois comme un cadeau du ciel permettant entre autre de nous remémorer que tout est changeant, tout est mouvant. Chaque chose, chaque forme de vie est unique et différenciable éternellement. Cela ne l’empêche pas de rencontrer des transformations physiques, comportementales ou autres. Exactement ce qui se passe chez nous, à travers nos visages et nos parcours de vie. Le coucher de soleil, comme un message universel d’immobilité rassurante et/ou de changements espérés…


Fini de rêvasser, après avoir salué les douanes et posé pour eux 📸, nous entrons dans la ria de Muros à la façon taxis 3. D’ordinaire, il suffit de s’engouffrer dans n’importe quel estuaire pour être abrité et ralentir sa vitesse. D’ordinaire… Il se trouve qu’en ce cas présent, nous ne ralentissons pas assez. En conséquence, nous devons réfléchir vite à une tactique pour déjouer le vent. Première chose, enrouler le génois bien sûr. Ensuite d’une allure à l’autre, faire en sorte de donner le moins de puissance possible à notre GV. Tantôt en la choquant, tantôt en la sur-bordant. Le but étant de volontairement mal régler les voiles. Intéressant n’est-ce pas ! 😆 Ce cas de figure ne se présente jamais pour celui qui navigue avec un moteur. En effet, avant d’entrer dans le port, ce dernier a déjà affalé ses voiles et mis les gazs. 

Premier virage dans le port, nous glissons toujours à vive allure. C’est craignosse, il serait dangereux d’essayer d’accoster la première rangée de cateways. Deuxième virage, rangée suivante. Pas le choix, c’est un cul de sac. Nous nous trouvons dos au vent, Marvin borde à fond la GV pour la déventer au maximum. Et comme il est possible de l’affaler uniquement face au vent, c’est dans un virage à 180°ou devrais-je dire, sur un drift “bien vénère” qu’il enclenche la manœuvre. Nous passons à ras les bateaux et de leurs hélices saillants et aiguisés 😱 J’ai l’impression d’avoir intégré un film d’action en un rien de temps et j’observe la scène avec autant de stupeur qu’un lapin au beau milieu de la route, ébloui par les feux aveuglants d’une voiture 🐰 Yes Aï gagne du terrain trop rapidement encore et glisse en travers les emplacements. Son nez fonce maintenant tout droit sur le cateway qui nous a donc choisi 😅. Je ne vois pas d’autres alternatives que celle de monter sur le balcon avant pour sauter à terre afin de limiter les dégâts Chose faite, Aïe 😬. Bon, ça aurait pu être pire. Plus de peur que de mal, l’accident ne demandera qu’une petite réparation de mastic armée.

Le contrôle de la météo est l’activité principale dans notre vie de marin et de nomade. Vous l'aurez compris,  Ceci est indispensable dans la planification d’une navigation. Également, chaque fois que nous ciblons une nouvelle destination, nous faisons en sorte d’être abrités des vents toujours relativement soutenus en hiver. Ici, nous sentons à peine celui venant du sud, vacillant entre 20 et 25 nœuds. Jamais nous accostons un port sans aller visiter sa ville. C’est une belle surprise que nous trouvons là en débarquant à Muros. Son centre historique très caractéristique se compose de ruelles étroites bordées de bâtisses anciennes pour la plupart encore bien entretenues. Les maisons possèdent un ou deux étages ainsi que des balcons. Celles au plus près du bord de mer ont conservé leurs arcades au rez-de-chaussée, qui parfois se trouvent au-dessous du niveau des rues. On imagine bien qu'il y a quelques années, les hommes utilisaient cet espace pour réparer leur matériel de pêche, tandis que les femmes salaient et lavaient le poisson fraîchement pêché avant l’aube... Désormais, ces espaces sont l'entrée des banques, de magasins en tous genres et de restaurants. Un soir, nous profitons de l’un d’entre eux pour découvrir la gastronomie espagnole (il est temps ! 🙃). 

Personnellement, je ne lui trouve rien d'exceptionnel. Les croquetas pour humain par exemple, sont des boules de viande frits. Version végétarienne, la bidoche est remplacée par des épinards et une espèce de béchamel. Les tortillas sont des omelettes aussi épaisses que le tome 5 d’Harry Potter et l'Ordre du Phénix. Les œufs battus sont cuits à la poêle avec des oignons et des pommes de terre. On nous sert soit disant l’assiette de petite taille 😅. Marvin et moi commandons en plus une portion de frites à partager avec sa sauce aïoli.  Celui qui est capable de manger autant que son poids en un seul repas se laisse de surcroît inspirer par les “Huevos on fritas”. Malgré les bons conseils de Benoît et les réserves reçues du serveur, ce loup de mer est affamé bon sang ! Comme s’il avait rien mangé depuis des jours passés en mer …  C’est plus tard au cours du dîner que nous comprenons la manière de manger à l’espagnole. Globalement, ils grignotent toute la journée et il faut savoir que où que ce soit, si vous demandez une tasse de café ou de thé, elle sera servie avec un petit mets sucré ou salé. Le midi, ils mangent un repas très complet à la française : entrée, plat, dessert. Le soir en revanche, ils fonctionnent en mode apéro dinatoire composé de plusieurs plats qu’ils se partagent à 2, 3 personnes minimum. Comprenez bien alors que nous sommes ressortis de là le ventre outrageusement renflé 🥵 et les mains remplis de restes dans un doggy bag.


Outre le fait de manger, on se donne pour mission d’installer à l’arrière de Yes Aï un support de godille. Ce qui lui manque n’est pas nécessairement un moteur mais un moyen de propulsion suffisant pour simplement continuer d’avancer sur les quelques mètres nous séparant de l’entrée ou la sortie des ports. Le reste du temps, ce sont ses voiles qui assurent puisque ce formidable voilier excelle dans la capture du moindre filet d’air.

L’idée nous trottait dans la tête avant même notre départ de Morlaix. Nous y avons repensé bien souvent au cours de notre voyage, précisément pendant les barbantes et régulières pétoles..  Après mûres réflexions et sur les conseils avisés de notre ami Benoît le belge, le projet commence à prendre forme très rapidement. Contre une façade d’un bâtiment de pêche, à quelques centaines de mètres seulement de notre bateau, nous trouvons la planche de bois idéale pour servir de socle à notre future godille ! 4 troues d’un côté puis de l’autre pour y faire passer 2 petites garcettes attachées directement au balcon arrière. 2 entailles également de chaque côté sur sa partie basse pour que ce support se cale sur les cadènes du pataras (câbles parmi d’autres maintenant le mât debout). Enfin, une encoche du diamètre de nos gobelets bambou sur la partie supérieure centrale qui accueillera le manche et le tour est joué ! Reste plus qu’à trouver cette drôle de pagaie ! Peuchèèèrre, il y en a quelques-unes à vendre dans le magasin de bricolage lui aussi se trouvant à quelques centaines de mètres de notre emplacement au port ! L’une d'entre elles mesure 2m60. Il se trouve que c’est la taille minimum dont nous avons besoin pour jouer les godilleurs sur notre grosse barque. Parait-il qu’il est très difficile de nos jours d’en trouver de plus grandes … Nul doute que godiller est un moyen de propulsion sur l’eau qui se perd. Sans doute faut-il donc être barjo pour se lancer dans cette affaire … 🙄🤔 Et bien grosse godille, tu tombes à point nommé ! Bienvenue à bord et bienvenue dans l’aventure de Yes Aï ! La messe est dite ! 😆

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