Bon dans la fin du dernier article on se la jouait pas prise de tête. En mode fair play on se disait que les déboires administratifs vietnamiens pour obtenir le VISA de Clément étaient un signe qu'il était temps qu'on se pose pour organiser la suite du voyage.. 6 jours d'attente plus tard autant vous dire que le relativisme avait carrément disparu. En toute honnêteté, on était même pas loin du pétage de câble. Parce que 6 jours à attendre dans une ville où il n'y a absolument RIEN d'autre à faire que d'actualiser encore et toujours sa boîte de réception sur Yahoo, oui ça peut rendre fou !
Enfin bref, on a fini par l'avoir ce foutu papier, et entre temps on s'est promis de ne pas donner de 3e prénoms à nos gamins pour leur éviter ce supplice !
On a donc pu enfin rejoindre le Vietnam et foncer en direction de la Ville de SAPA, située tout au Nord du pays à la frontière chinoise. Durant les 30 heures de bus qui nous séparent de notre destination nous découvrons un pays aux milles couleurs.
Les paysages, bien qu'un peu plus vallonnés, sont assez similaires à ceux du Laos. A une (grande) différence près, les collines verdoyantes sont nettement façonnées par l'homme et les rizières sont omniprésentes. Dans les villes, leur goût du travail s'en ressent, ça grouille d'activité, de bruit et de magasins. Un proverbe qui nous avait été donné par un tourdumondiste à vélo rencontré sur la route prend alors tout son sens: Le Vietnamien sème le riz, le Cambodgien le regarde pousser pendant que le Laotien l'écoute.
Nous arrivons sans problème à SAPA , capitale touristique du nord du pays et villégiature de l'ethnie des Hmong.
Histoire de pousser l'immersion jusqu'au bout nous avons décidé de faire du bénévolat dans la petite guesthouse "Check in Sapa" tenue par l'overbooké Ben. Nous y faisons rapidement la connaissance du jeune staff (Linh, Mhué, Than, Zui et les autres) et nous sentons très rapidement comme à la maison. Côté travail, Ben nous demande de l'épauler dans la décoration de ses chambres neuves. La décoration des lieux à base de recyclage est magnifique et les premiers jours nous doutons d'être à la hauteur de la demande.
_"Non mais t'as vu ce qu'il fait, on est des buses nous à côté..."
Mais c'est finalement assez rapidement que l'on se prend au jeu de la créativité et du bricolage, à croire que nos profs d'art plastique n'étaient peut être pas si mauvais. Nos premiers petits meubles et autres décorations à base d'objets Insolites sortent de terre à mesure que l'on lâche un peu du leste pour ce qui est de la perfection recherchée dans nos pays occidentaux. Bref on s'éclate!
A savoir quand même que le bricolage au Vietnam c'est pas comme chez nous (vous en jugerez par la photo):
- des chevilles de 6 une mèche de 8,
- un pistolet à clou mais que des vis,
- plus de parquet pour finir la chambre on met des planches à palette,
- pas besoin de couper l'électricité pour installer la lumière,
bref notre rigueur en prend un coup !
Et puis il y a les à côtés.
Bon c'est clair que niveau visites ces 2 semaines auront pas été mémorables. Pourtant les environs sont magnifiques mais ....
il fait froid. Très froid. Trop froid.
Et on est pas équipés nous, enfin, eux non plus. L'auberge déplore l'absence de chauffage et d'une quelconque isolation. Et pire que ça, nos amis vietnamien habitués aux chaleurs Asiatiques ne semblent pas du tout au fait de la notion de "fermer la porte pour éviter de faire rentrer le froid". Au début on peste, on les maudits parfois on râle.. mais on ne les changera pas. Alors on s'adapte, et comme tout le monde on fini par passer notre journée en blouson.
Dire que cette première expérience de volontariat s'est bien passée serait sans doute trop léger.
En fait on a carrément adoré.
Comme tout vietnamien on a été au marché (où les morceaux de barbak sont étalés à même le bois) afin de cuisiner un pot au feu pour le soir de Noël. Comme tout vietnamien on a porté des tongs avec nos chaussettes pour ne pas salir l'intérieur des maisons, comme tout vietnamien on a mangé de la crête de coq et de l'embryon de canard et comme tout vietnamien on s'est mis au diapason quant à leur culture du partage.
Arrêtons nous d'ailleurs un Instant la dessus car c'est une caractéristique propre aux pays que l'on a traversé. Ici, la notion d'appartenance, de partage est assez différente de la notre, bon on vous explique.
Côté positif, ça se matérialise par un partage au quotidien, on achète quelque chose à manger c'est pour tout le monde. Le client est sympa, il vient manger avec le staff gratuitement. Il fait froid, on va tous dans la maison de la voisine (ou plus exactement dans sa chanbre) car il y a une cheminée.
C'est simple, c'est sans calcul, sans contrepartie implicite c'est juste du partage.
Et puis forcément il y a les dérives..
Les tongs de Clément sont biens, le voisin les prend pendant deux jours. Il y a un paquet de carte sur la table, Le client part avec. La moto sur le parking est canon (mais pas à nous), on mlnte dessus on se prend en photo en train de l'essayer. Où pire encore, le petit chien tout juste recueilli dans l'auberge est mignon, quelqu'un "l'emprunte" pendant une journée sans rien dire.
Bref on a eu ce qu'on était venu chercher. On a approché les dessous d'une culture qui apparaît comme à des années lumières de la nôtre, on a eu pendant deux semaines une vraie maison avec ses petites habitudes, et on a fait le plein d'amis et de souvenirs inoubliables... Pour vous dire, au moment où nous finissons l'article, nos gorges ne se sont toujours pas desserées depuis les au revoir qui, au fond de nous on le sait bien, sonnaient plutôt comme un adieu.
Miss you guys