"Loft Host Hôtel" est devenu "Lost Host Hôtel". Après deux semaines superbes riches d'incroyables rencontres, j'ai décidé de m'en aller et de vivre dans un autre quartier. La routine semblait s'installer. La routine et l'attente (des moutons) ça ne va pas ensemble. Jusqu'à la dernière minute j'ai regretté mon choix. Maintenant je ne regrette pas le calme et le silence, bien que parfois inquiétants me font du bien. Au centre ville beaucoup d'agitation, de circulation, de gesticulations. Sur la colline, dans une rue de traverse, des garages évidemment, un petit jardin communautaire, avec sa treille, sa table et ses bancs, à nouveau les enfants qui traînent dans la rue et les passants de tous âges qui font leurs va et vient en portant leurs petits sacs en plastiques. La vie de province quoi.
C'est la formule que nous avons retenue avec Yasmine (que vous rencontrerez plus loin). Pour être plus claire, il s'agit de ceux que l'on a entrevus, que l'on ne reverra jamais et qui nous accompagneront pour toujours. C'est ces rencontres qui marquent de petits cailloux blancs le chemin des voyageurs. C'est la poésie de la vie que Bassens à su nous glisser au creux de l'oreille (l'orage, Les passantes) . Les derniers jours à " Lost Hôtel", elles se sont multipliées et je viens les partager avec vous.
Ils avaient tous une petite barbiche clairsemée, et le matin, au lever, des chemises de nuit trop mignonnes en coton léger bleu ciel. Comme ils auraient adoré parler français ils me disaient "" je t'aime",dans le creux de l'oreille, en partant d'un grand éclat de rire.
Je n'ai pas de photo d'Ayzaz, et si j'en avais, je n'en metterais pas et pour cause. Elle est iranienne d'Ispahan. Elle est venue se percher sur le lit d'en haut dans le dortoir un beau matin. C'est un oiseau rare. Toute jeune, toute jolie, toute ronde, la bouche en cœur bariolée de rouge elle est peintre. Elle utilise l'iconographie de la miniature persane et la feuille d'or pour les detourner et les mettre au service de la cause féministe. Elle voyage en stop en Iran et ne cache pas ses opinions. Lorsque je lui dit qu'elle risque la prison elle sourit. Elle le sait.
Il y a un lien pour acheter ses peintures, si vous êtes intéressés, vous m'envoyez un mail et je vous le transmettrai.
Nous avons quand même eu le temps d'aller à l'opéra, voir Cipollino de Khatchaturian (une merveille, 5 euros la place) d'aller au café ou Etiennette et ses copains nous attendaient après le spectacle et discuté jusqu'à point d'heure après 2 verres d'excellents vins roumains. (elle rouge, moi blanc) Yasmine est... française.,originaire de Bretagne. Elle est infirmière à l''hôpital militaire de Toulon et pompier. Son mois de congé, elle le consacre à un mois de voyage en solitaire, palladium aux pieds et cartes de randos sur une appli de son téléphone. Sur place elle improvise . Elle improvise si bien qu' elle est en ce moment entrain d'escalader je ne sais quel sommet avec un guide de l'armée. On devrait se retrouver, sur l'affaire des moutons, si elle débouche dans la semaine.
On s'est mis à bavarder et Martiros m'a invitée à rentrer dans l'immeuble, qui était le théâtre de marionettes où il travaille. Un endroit très sympa. Et puis c'est parti. Il m'a entraînée à l'autre bout de la ville pour me montrer son atelier, en s'approvisionnant au passage de poires, de petits pains, de bière et de cognac arménien..
Dans l'atmosphère trépidante de la vie urbaine. A L'auberge " street 21" tout est tranquille, j'ai même parfois l'impression que ce grand appartement entièrement rénové très confortable est seulement pour moi. Ma voisine de chambre est iranienne. Elle est charmante. Mona est économiste et travaille de 4h de l'après midi à 2h du matin pour pouvoir être en ligne avec les USA (encore eux). Je pense que ma route de retour se fera par l'Iran🤔
Ma dernière étape était un peu triste, j'espère vous avoir redonné le sourire. Pour les moutons, opération réussie. Samedi j'en verrai 70.😜
Mon ami est parti un beau matin d'automne, parti je ne sais où.