La police géorgienne ne rigole pas avec la catastrophe sanitaire qui a lieu dans le pays. Enfin s'est passé. Je pars finalement avec Rouxan, petit bonhomme discret. Un parfait voisin de chambre lorsque l'on ne parle pas la même langue. Finalement le camion cochons, ce n' était pas un bon plan. Personnellement j'aurais évidemment préféré voyager avec Vaxtang et je pense que lui aurait bien aimé, mais ce n'étais pas très raisonnable. Le temps du débarquement il arrivait au milieu de la nuit à Tbilissi.
Rouxane est originaire de l'Azerbaïdjan (c'est la première chose qu'il dit lorsqu'il se présente.).Il est musulman pratiquant (lorsqu'on nous servait du cochon, il avait une cuisse de poulet). Son père décédé était petit fonctionnaire en Azerbaïdjan, sa mère, femme au foyer. Ils ont émigré il y a 20 ans en Géorgie. Il parle sa langue natale et parfaitement le russe (il a été à l'école à l'époque de l'union soviétique). Il ne parle, ni ne lit le georgien. Ses 3 enfants sont nés en Géorgie. Son passeport est azeri. Il n'a jamais pu obtenir les papiers géorgiens. Les passages de frontières sont compliqués. Sa vie est une histoire triste. Menuisier à son compte, il a dû arrêter son travail avec la crise. Depuis 3 ans il vit sur ses réserves.et elles sont épuisées. L'état lui donne 50 euros. Sa femme travaille, elle gagne 150 euros par mois. Pour vivre en Géorgie avec 3 enfants et sa maman à charge, il faut 500 euros. Que faire ? En Ukraine il est allé chercher du travail. Ça n'a pas marché. Je lui ai raconté mon histoire de moutons et l'idée qui la sous-tend :mettre en lien des gens de cultures différentes. Pour quelqu'un qui est dans la survie, c'est difficile à comprendre. J'ai essayé d'argumenter : ce qui ne concerne pas la réalité matérielle a son importance aussi... comme la religion. Il a souri. En tout cas, il a été super, Rouxane est rentré très tard chez lui en ayant fait un grand détour par Tbilissi pour me poser devant la porte en plein centre de la ville. Je n'ai pas ses coordonnées, Finalement je n'aime pas les histoires tristes. qui pourraient mal finir.
Lorsque, en remontant dans la voiture de Rouxane, je lui demandai, ce qu'il préférerait entre l'argent, la femme ou la voiture (en parlant du golden boy) Il n'a pas hésité un seconde: la femme bien sûr "Tout s'achète, mais pas une femme, il faut la trouver". Les temps ont bien changé depuis l'époque où les belles femmes du Caucase étaient vendues pour remplir les harems en Turquie.Lorsque je lui ai posé la question, je ne connaissais pas encore son histoire, sinon je ne l'aurais pas posée, mais je n'aurais pas eu cette jolie réponse. Parfois je me dis que les féministes n'ont pas toujours raison. J'aime bien l'idée que les femmes soient un trésor à trouver. Seulement voilà parfois les trésors sont pillés.