L'affaire n'a pas ète simple. Lucie a l'Ambassade a été la cheville ouvrière. Sans elle rien n'aurait été possible et j'étais prête, je l'avoue, à jeter l'éponge. Le contact avec la ferme de Ludsadzor m'a permis de prendre RDV avec Soren le "manager" pour voir les moutons, faire un petit brin de causette avec eux et glaner quelques photos souvenir (tout ça pour ça 🤔) Soren, je ne l'ai jamais vu. "C'est le nooord", et il fait froid, le brouillard envahit la vallée, les conditions ne sont pas optimum.
A l'intuition ( souvenez vous, j'étais arrivée en bus à Erevan), je me suis rendue sur la rue d'Abovian (la rue d'Etiennette), là où le minibus m'avait déposée en arrivant de Georgie. Un chauffeur très aimable m'a indiqué le numéro 5 de l'autre côté du Boulevard. Traverser un boulevard est toute une affaire. Pour éviter la circulation sauvage on a creusé des galeries, qui sont sont les lieux de prédilections des Erevanais (grolles, fringues, cosmetics, fast food, Enfin tout ce qui me déprime).. En gros ces lieux sont bondés et il faut se glisser avec habileté entre les badauds qui badent ou les gens presses qui se pressent vers l'entrée du métro... que je n'ai jamais pris, (chaque chose en son temps) . En tous cas je suis repassée une deuxième fois par cet endroit détestable pour me rejoindre l'arrêt du numéro 5. OUF!
Sauf que lorsque j'ai montré le griffonnage de Marina au chauffeur il a fait de grands gestes pour me dire qu'il n'allait pas là et que de toutes façons il ne connaissait pas cet endroit. C'était un grognon.
Sauf que c'était bien le bus pour ma destination. 3 hypothèses :soit il ne savait pas lire, soit il n'avait pas ses lunettes, soit il était cinglé (les cinglés conduisent aussi des bus).
Je vous passe la suite, les traversées de galeries marchandes. souterraines, les km de marche, les informations vraies ou fausses prises à la volée. Dans le jeu à "tu brûles, tu gèles" j'ai finalement croisé Aissa qui m'a sortie d'affaire juste au moment où je brûlais vraiment, Aissa est une adorable dame âgée (bien plus jeune que moi et bien plus adorable). Le temps de traverser le boulevard (encore) d'un pas pressé, elle a fouillé dans son porte monnaie pour trouver les 100 drams (environ 20cts d'euros) nécessaires pour monter dans le bus numéro 5 😜 Puis elle m'a confiée au chauffeur qui devait m'indiquer l'arrêt pour descendre. Elle m'a demandé mon numéro de téléphone. Je l'appelerai en rentrant.
Ici on rigole. Il y a une super appli pour les téléphones portables avec toutes les informations nécessaires. Mais si je l'avais qu'est ce que j'aurais eu à vous raconter. Et puis je n'aurais pas rencontré Aissa.
Vous me demandez souvent comment je fais toutes ces belles rencontres. La première est le fait que je suis une française qui parle russe, la seconde est que je voyage seule. La plupart du temps ce sont les gens qui engagent la conversation. Cette situation les rend curieux. Maria ne tarissait plus. Elle était coiffeuse et a élevé 4 enfants. Elle touche l'équivalent de 60 euros de retraite. Lorsque je suis passée pour lui faire un petit coucou avant de repartir, elle m'a offert 3 œillets d'inde couleur d'automne que j'ai mis à sécher. Elle avait du les chaparder dans une plate bande (les arméniens partent beaucoup avec les fleurs. Ils achètent un bouquet pour les selfies dans les escaliers de Cascade) J'ai aussi son numéro de téléphone.
David est désigner, spécialisé dans les enseignes lumineuses et à ses heures perdues médecin stomatologue (tiens). Il aime la litterature française ( Balzac, Zola..).Il écrit aussi. Un ami très cher est en fin de vie dans un hôpital en Russie. David ne sait pas trop où il en est et envisage de quitter l'Arménie. Nous avons partagé nos peines et nos incertitudes. Il m'a dit une jolie phrase "Les gens ont moins peur de la mort que de la vie'
La ferme de Lansadzor est un lieu, mais ils y en a d'autres répartis dans toute l'Armenie. C'est en fait ce qui m'intéresse et que l'on a du mal à comprendre. D'aucun pense qu'un lot, ce serait mieux. Pas moi.
A Bea, Hovi'K, Clémentine, Agathe, Marion, Philippe, Christine, Marie Ardèche, Christian Maurice, Bernadette, Christiane, François, Claude, René, Martine et Martine, Michèle, Etiennette, Natacha, Nato, Evelyne, Teresa, Suzanne, Hubert, Françoise, Jean-Louis... Les mots que vous avez trouvés pour me parler avec tendresse de Gérard, ou les gestes que vous avez fait m'ont permis de tenir debout.
La lettre je l'ai écrite d'une traite grâce à Hovi'K. Hovi'k c'est mon hôte à Erevan. Lorsqu'il a compris, il m'a dit "il vous faut du vin". Il est allé dans le placard du fond chercher un petit bouteille, fait sauter le bouchon, et sorti un verre en s'excusant que ce ne soit pas un grand verre. C'est sa production personnelle à quelques km d'Erevan. Puis il a prononcé quelques mots réconfortants et m'a laissée tranquille.