Réveil en fanfare à 5 h du matin avec toute la famille qui gueule dans la casa. En ouvrant la fenêtre, nous découvrons un petit lézard, notre première grosse bête amazonienne. Ensuite, nous retournons chez la frangine d’Anita ; le magasin est ouvert, mais elle n’est pas là, il faut revenir dans une heure. Alors, nous allons déjeuner et ensuite balade sur le marché.
Là, nous rencontrons un guardia civil pour touristes qui nous demande s’il peut nous être utile à quelque chose. Nous lui demandons à voir les petits villages autour de PUCALLPA dans la selva. Il nous emmène faire une balade formidable dans les petits villages environnants. C’est truffé de bananiers, de cotonniers, de cannes à sucre et de bien d’autres arbres que je ne connais pas. Ce sont des maisons sur pilotis et ce qui est remarquable, c’est que les indigènes sont très sympathiques et quand ils voient la caméra, ils demandent à être filmés ; c’est tout le contraire de la sierra (la montagne) où les gens se cachent et parfois même jettent des cailloux. Il faut dire qu’ici les gens ont l’air d’être un petit peu moins pauvre, et surtout, il n’y a presque pas de touristes. Nous avons fait à peu près 8 km à pied dans la verdure et la végétation tropicale ; ça n’était pas la jungle tout à fait, car les indigènes avaient défriché et défrichaient encore à coups de machette.
Notre guide a essayé de nous montrer des animaux du coin, mais les indigènes ont répondu que ce n’était pas possible, car ils avaient tous la lèpre comme en ville. En effet, nous avons remarqué que tous les chiens avaient perdu leurs poils et qu’ils étaient couverts de plaies « povrécitos » ; je me demande pourquoi ils ne les suppriment pas. Ensuite, notre ami nous invite à manger chez lui avec sa mama qui nous a cuisiné des plats du coin avec bananes, poisson, riz, haricots rouges, pommes de terre. J’oubliais de dire qu’en revenant de notre balade, en route, nous nous sommes arrêtés pour boire un alcool fabrication locale, ça gratte et ça laisse du feu dans la gorge ; moi qui crevais de soif, j’aurai préféré un bon jus d’orange.
Après
le repas, nous allons chez la frangine porter la lettre et nous tombons enfin
sur elle. Mais Luis a bien peur de nous perdre et il tient absolument à nous
accompagner à l’hôtel, pour aller chercher nos bagages, et nous ramener chez
lui où il a fait préparer un lit pour nous. Nous tenons quand même à retourner
discuter avec la frangine d’Anita qui nous offre un coup à boire au troquet du
coin. Puis elle nous emmène voir les poteries dans les magasins et elle nous
paye une glace (on aurait eu tort de la laisser tomber). Mais notre copain est
là à nous attendre chez elle et nous retournons à sa maison où il nous propose
de prendre une douche. Mais il faut que je vous explique comment ça se
passe : c’est une cabane en bois à côté de la maison, mais à l’air libre.
Nous avons plusieurs cuvettes à notre disposition et nous devons nous arroser à
grands coups de cuvette d’eau froide. C’est marrant et ça fait un bien fou
après la chaleur torride de la journée. Il faut ajouter que, ici, nous crevons
de soif à longueur de journée. Après un léger repas composé d’un bol de lait
chaud (que j’arrive même à apprécier tellement j’ai soif, alors qu’en France
rien que l’odeur ça me soulève le cœur) et de quelques morceaux de pain, je
donne une leçon d’anglais à notre copain et ensuite au lit. Un grand lit sans
draps, avec seulement un oreiller et un couvre-lit et rembourré avec des
planches ; mais par contre, nous avons tout autour de nous une superbe
moustiquaire, et une fois là-dessous nous nous sentons vraiment chez
nous ; nous n’apercevons plus le décor composé des planches du mur et des
grosses malles qui encombrent la pièce.