Après une excellente nuit, nous sommes réveillés par les gueulements du coq de la maison et de ceux du voisinage. Nous prenons un petit-déjeuner composé de bouillie de maïs plus une grosse cuillère de poudre blanche « vitamines pour rendre fort ». Ensuite nous prenons un bus encore plus folklo que tous ceux que nous avons pris jusqu’à présent, sans fenêtres avec seulement des bâches en plastique à rabattre en cas de pluie et je n’ai jamais été aussi secoué de ma vie, j’ai même vu mes pieds décoller dans certains chaos.
Nous arrivons à YARYNACOCHA, grand lac au milieu de la selva. Nous prenons une grande pirogue à moteur, couverte d’un toit en zinc. Nous allons visiter un premier village indigène qui baigne dans la verdure et les fleurs. Puis nous naviguons encore pendant une heure et nous arrivons au village de SAN FRANCISCO où vit la tribu des Chamas ; alors là, c’est extra ! Vraiment le village typique des beaux livres d’images. En arrivant, nous avons commencé par voir de jolies indiennes se baigner toutes nues. Ça a tellement plu à Mimi qu’il n’a même pas eu le temps de dégainer la caméra.
Le village est composé d’une grande allée principale bordée de cases recouvertes d’un toit de grandes feuilles séchées, pas de murs. Dans les cases de luxe, il y a un plancher surélevé. Ils dorment dans des hamacs ou sur des lits de feuilles parfois à même le sol ; ils font la cuisine dans des grandes poteries qui reposent sur un feu de bois au milieu de la case. Il y a même une petite école en plein air, d’autres petites cases s’enfoncent vers la forêt. Les ananas et les bananes poussent en abondance. Les gamins s’amusent à pêcher à coups de lance. Nous avons vu les femmes préparer du poisson et c’est là que j’ai appris qu’il y avait des piranhas dans le lac. Et moi qui laissais ma main négligemment trainer dans l’eau, brrr… J’aurai pu me faire bouffer les mimines comme un rien ! Les Chamas fabriquent aussi des lances, des sarbacanes, des poignards, des arcs et des flèches, des poteries puis ils viennent en ville en pirogues pour vendre tous ces objets décorés ; ce qui fait que dans PUCALLPA on est sans arrêt abordé par de jolies petites indiennes qui nous proposent des bagues, des colliers et autres produits de leur art.
La visite du village a été complète puisque nous avons même eu le droit à un superbe orage tropical qui nous coince un bout de temps dans la case qui sert de bar. Là, nous mangeons du thon en boîte et une espèce de bouillie absolument dégueulasse que Luis (notre copain) veut absolument me faire avaler sous prétexte que c’est très nutritif et que c’est la nourriture des indigènes. Après l’orage, nous continuons la visite parmi les bananiers et dans la boue jusqu’au cou.
J’achète
une bague et 2 poteries à des Indiennes qui me laissent même les graines
qu’elles avaient entreposées à l’intérieur.
Après cette visite extraordinaire et des acrobaties comiques pour ne pas se casser la gueule (et les poteries) en passant sur les troncs d’arbres et dans les sentiers en pente devenus pataugeoires, nous reprenons le bateau pour rentrer. Au cours du voyage, nous voyons sauter autour de nous d’énormes poissons gris au ventre rose, ce sont des dauphins et Luis nous explique tranquillement qu’ici ils les bouffent, ce qui me permet de lui faire un petit cours sur les dauphins en essayant de lui expliquer qu’il ne faut pas les manger, car ce sont de gentilles bêbêtes, mais il n’a pas l’air très convaincu. Enfin, on ne refait pas le monde et j’aurai toujours fait quelque chose pour la S.P.A. Il y a aussi un superbe Tuyuyu qui vole au-dessus de nos têtes. C’est tout simplement un héron au long bec emmanché d’un long cou.
Nous retournons au premier village, chez le propriétaire du bateau qui nous a préparé un repas. Aïe ! Qu’est-ce que ça va être ? C’est une soupe de poule avec des bananes. Ce n’est pas trop mauvais et accompagnée d’une espèce de boisson de yukas (bananes non sucrées) assez dégueulasse. Après remerciements, nous reprenons le bateau et retournons en direction de YARYNACOCHA où nous prenons un taxi. Là aussi, c’est la rigolade avec le paquet de boue qu’il y a sur la piste, c’est la partie de glissade.
Enfin, nous arrivons sains et saufs et où ? Dans un bar où notre copain nous oblige à nous infuser 6 bouteilles de 65 cl de bière qui soi-disant ne contient pas d’alcool. Et vla ti pas qu’il commence à en avoir un petit coup dans l’aile. Il nous raconte que maintenant nous sommes de sa famille, qu’il est amoureux de nous et il nous fait une comédie pour que nous restions plus longtemps ici ; il propose même de rembourser les billets de bus que nous avons déjà acheté. J’ai beau lui expliquer que c’est impossible, il insiste.
Bref, à la
nuit tombante, nous rentrons à la maison et devinez ce qu’il y a dans son
sac ? 3 autres bouteilles de bière, et toc, obligés de s’infuser ça et
après nous aurons le droit de bouffer, et quoi ? J’ai peur ! Du
poisson qui a la même gueule que le piranha, avec une soupe de maïs,
cacahuètes, bananes et poulet. Bon, je me force. Le plat de haricots rouges et
de riz passe mieux. Ensuite, il veut absolument que nous dansions et c’est le
branle-bas de combat pour trouver un électrophone potable ; le sien n’en
parlons pas. Il remue tout le quartier pour en trouver un autre qui ne vaut pas
mieux. Mais après un bricolage maison, ça marche. Et voilà que nous faisons une
petite boum à trois en dansant la Cumbia. Il est heureux comme tout et veut que
ça dure toute la nuit. Il sort la bouteille d’anisette et ça repart cul-sec
(comme s’il n’était pas assez imbibé). On le comprend, pauvre gars, il doit
s’emmerder à longueur d’année, car ici ils sont deux à faire son boulot pour
seulement 3, 4 poilus dans notre genre. Seulement, nous, on en a ras-le-bol, on
voudrait aller se coucher, car on est crevé, surtout qu’il n’en finit plus dans
ses démonstrations de karaté et de kung-fu, alors qu’il a bien du mal à tenir
debout (remarquez, ça donne parfois des trucs marrants). Bref, à minuit et
quelques, je prends le taureau par les cornes et je fonce me coucher malgré les
protestations de Luis.