Nous avions donc réussi à rejoindre notre groupe de co-voyageurs avec qui nous partagions à peu près les mêmes plans.
Nous voulions tous passer du temps le long de la frontière afghane au sud du Tadjikistan pour aller visiter les forteresses zoroastriennes du 2 ème siècle avant J.C. (à Namadgut et Yamchun) et la stupa bouddhiste du village de Vrang, se baigner dans les bains chauds de Bibi Fatima, randonner au camp de base du pic Engels et admirer envieusement les berges afghanes de la rivière Wakhan-Daria et les chaînes montagneuses de l'Hindu Kush.
Ce fut donc notre programme !
Khorog est le dernier oasis de civilisation avant la vallée du Wakhan et nous comptions bien en profiter. Avant de partir, nous récupérons donc de l'argent liquide, de la nourriture, du gaz pour notre réchaud et des cartes de la région. Le liquide ne fut pas simple à obtenir : il n'y a qu'un distributeur dans le village qui se trouve à l'Oriyon Bank et c'est d'ailleurs le dernier avant un long moment. Pour ne rien arranger, la limite de retrait y est vraiment basse. Nous aurions donc pu être bien embêtés et il aurait mieux fallu retirer l'argent nécessaire à Douchanbé (compter environ 15 dollar par jour en juin 2019). Mais encore une fois, notre bonne étoile était avec nous.
Alors que nous n'avons pu retirer que tout juste de quoi subsister deux jours, nous allons frapper à la porte de la banque nationale du Tadjikistan pour essayer d'obtenir de l'aide. Le gérant nous explique qu'il n'y a pas de distributeur dans son établissement mais qu'il va essayer d'appeler la banque Oriyon afin de nous obtenir une faveur : la possibilité de retirer du liquide au comptoir de la banque en utilisant un terminal de paiement. On essaye donc et nous nous rendons dans l'arrière boutique où nous sommes invités à donner notre passeport et à rentrer notre code de carte bancaire sur le terminal de paiement . Cinq minutes plus tard, nous sommes en possession de la somme dont nous avions besoin. Parfait !
Pour fêter ça, nous nous accordons un déjeuner dans le délicieux restaurant indien de la ville (Delhi Darbar) avant les 5 jours de frugalité qui nous attendent.
Il y-a de nombreuses familles qui peuvent accueillir chez eux les voyageurs et leur offrir le gîte et le couvert (dîner et petit déjeuner) à des prix très abordables : environ 15 dollars par personne. Nous avons beaucoup aimé l'hospitalité de la famille de la Pamir Guesthouse à Namadgut et de la Nigina Guesthouse à Langar. A Yamchun, nous sommes restés chez Akim homestay avec une ambiance un peu moins familiale mais ses adorables chatons ont permis de faire l'attraction.
Les forteresses sont vraiment très belles et celle de Yamchun vaut vraiment le détour avant de se prélasser dans les agréables sources chaudes de Bibi Fatima qui se trouvent juste à côté. Nous avons vu une autre forteresse à l'entrée du village de Darshai dont il n'est pas fait mention dans les guides. Il semble possible de faire une randonnée dans le canyon, tout proche, et de passer la nuit dans un camp de yourtes mais nous n'avions pas le temps de considérer cette option.
Nous recommandons également la randonnée vers le camp de base du pic Engels. Elle est assez difficile : 10 kilomètres avec 1 400m de dénivelé positif qu'on sent passer surtout au début de l'ascension. Mais les vues, sur le pic et les chaînes de l'Hindu Kush, sont très belles et il semble possible de passer une nuit au camp de base : il y-a une petite maison d'alpage dans laquelle une famille, si elle est là, peut sans doute accueillir et il semble également possible de camper à condition d'avoir des vêtements très chauds.
La vallée du Wakhan était vraiment un endroit magnifique et les habitants sont très hospitaliers. Nous avons un peu regretté de ne pas y être restés plus longtemps. En plus de s'attarder dans les lieux que nous avons décrits, il y-a également la possibilité de prolonger le plaisir en continuant de longer la rivière Wakhan-Daria vers la réserve naturelle de Zorkylsky mais il faut un permis qu'il n'est possible d'obtenir qu'à Douchanbé (en juin 2019). Nous n'avons donc pas pu y aller mais les rares commentaires que nous avons pu trouver en disent énormément de bien.
Aussi, il est difficile de trouver des informations sur le Tadjikistan en général et la vallée du Wakhan en particulier. Ce pays semble, de l'extérieur, très peu fréquenté et à la limite du dangereux. Mais cette image est bien loin de la réalité. Il faut certainement prendre des précautions : camper le soir au milieu de nulle part n'est peut être pas très prudent dans cette région et il vaut mieux avoir une voiture. Pour louer une voiture, le plus simple semble de la récupérer à Osh au Kirghizistan mais il faut faire attention aux papiers. Les motivés pourront tenter de faire du stop même si il n'y a pas énormément de voitures qui passent et les plus téméraires pourront même faire la route à vélo.
En tout cas, nous n'avons absolument pas ressenti de danger. Encore une fois, les habitants sont très gentils, très accueillants, très beaux (oui, oui) et ont l'habitude des touristes (même si il n'y en a pas beaucoup). Nous avons failli passer à côté de cet endroit parce que nous n'avions que trop peu d'informations et ça aurait été vraiment dommage.