Ce parcours dans l'extrême nord a demandé pas mal de préparation. Le plan concocté par Marguerite consistait à faire une boucle de 6 jours au départ d’Iquique :
- Jour 1 : Prendre l’avion de Santiago jusqu’à Iquique et y récupérer un 4x4, puis conduire jusqu’à Arica et y passer la nuit. Sur la route, s’arrêter à Humberstone (village fantôme) et/ou Pisagua (village de pêcheurs).
- Jour 2 : Prendre la route pour aller d’Arica à Putre et passer la nuit sur place pour commencer à s’acclimater à l’altitude. S’arrêter sur la route au musée archéologique San Miguel de Azapa (tout proche d’Arica) et faire quelques crochets (Pukara de Copaquilla, Socoroma, ...) pour admirer le paysage.
- Jour 3-4 : Prendre la route pour entrer dans le parc Lauca et y passer 2 nuits pour profiter des environs. Idéalement, séjourner à Parinacota puis à Guallatire pour gagner du temps sur la boucle. Ça n’a malheureusement pas été possible pour nous car la propriétaire de l'auberge de Guallatire était en vacances donc nous sommes finalement restés 2 nuit à Parinacota.
- Jour 5 : Rejoindre Colchane (ville sans intérêt) en passant par la réserves Las Vicuñas et le parc du volcan Isluga et rester la nuit à Colchane. Cette route est magnifique mais un peu délicate puisqu’il faut franchir de nombreux passages à gué, impraticables si il a plu et que les rivières sont trop hautes.
- Jour 6 : Rejoindre Iquique depuis Colchane avec, là encore, une route superbe avec quelques endroits où s’arrêter.
Ce parcours est une petite aventure car les distances à parcourir sont assez importantes, les endroits sont très reculés et les pistes (il n’y a pas souvent de routes) pas toujours en bon état. Il nous est arrivé de conduire plusieurs heures sans croiser personne et il n’y a bien sûr pas l’ombre d’une station service. Il faut donc absolument prévoir des jerricanes d’essence en plus du plein et beaucoup d’eau. Le plus simple et le moins onéreux est de se ravitailler à Arica: c’est une grande ville et on peut tout trouver facilement.
Pour avoir un ordre d’idée, notre voiture disposait d’un réservoir de 50 litres et nous avions deux jerricanes de 20 litres. Au final, nous étions très large et un seul jerricane aurait suffit.
Nous prenons donc l’avion pour Iquique, où nous avions loué une grosse 4x4 à l’aéroport, et de là, nous partons vers Arica. Sur la route, nous faisons une halte à Humberstone, ancienne ville minière où on extrayait le nitrate et devenue ville fantôme après l’effondrement de la demande de ce minerais. La chaleur est accablante et le paysage complètement désertique: on se croirait dans un western.
Nous arrivons assez tard à Arica où nous avons réservé une chambre dans la très sympathique auberge “Jardin del Sol”. Les employés (Carlos et Patricio) sont vraiment très gentils: en plus de très bien nous accueillir, ils nous auront donné des conseils pour bien finaliser la planification de notre boucle et même aidé à retrouver notre carte bleue que nous allions bientôt perdre.
Le lendemain matin, nous finalisons donc les préparatifs et Carlos nous aide à prendre contact avec Don Leo qui tient une pension à Parinacota. C’est d’ailleurs le seul habitant de ce village qui allait bientôt connaître une explosion démographique et voir sa population multiplier par 4 avec notre arrivée !
Après un bon déjeuner dans un restaurant de la civilisation (l’excellent Mata-Rangi, aussi bon que lent) nous filons prendre de l’essence et quelques provisions au super marché. Nous ne le savions pas encore mais nous venions d’oublier notre carte bleue au moment du paiement...
C’est le coeur léger et prêt pour l’aventure que nous empruntons la superbe route vers Putre. Nous faisons quand même un arrêt éclair au musée archéologique San Miguel de Azapa que nous avons dû visiter en une heure puisqu’il s’apprêtait à fermer. Ce musée, très bien conçu, retrace l’histoire de la région de -8.000 à la colonisation espagnole et propose un parcours chronologique avec des vitrines composées d’objets de chaque époque (il y-a bien une vingtaine de vitrines). Il y-a également une salle dédiée au momies Chinchorros, encore plus anciennes que les égyptiennes.
Pour éviter de conduire de nuit, nous faisons ensuite quasiment d’une traite la magnifique route vers Putre. Nous arrivons à la tombée de la nuit dans notre hôtel ”La Paloma” mais décidons de quand même sortir dîner à “La Flor de Rosamel” où Virgile goûte de l’Alpagua et sort du restaurant recouvert de farine ! En effet, c’est le carnaval à Putre et tous les habitants chantent, dansent et se jettent de la farine :-).
Nous partons le lendemain vers le village de Parinacota en faisant un petit stop aux thermes et aux bains de boue naturels de Jurasi. Arrivés à notre auberge de Parinacota, l’altitude commence à se faire ressentir: nous sommes très vite essouflés et sommes sujets à quelques maux de têtes. Il n’y a que le papa de Marguerite qui soit épargné. Nous faisons une petite marche tranquille des environs parmi les lamas pour essayer de nous acclimater. Mais la nuit sera quand même difficile car en plus du mal de tête, nous étions en proie à une petite inquiétude: nous avions lu et entendu dire qu’il pouvait y avoir des vols de roues de voiture dans cette région...
Heureusement, nos 4 roues sont toujours là à notre réveil et nous pouvons donc partir visiter les environs. Nous commençons par nous rendre au lac Chungara qui est le lieu recommandé du coin mais qui n’est pas à l’image de sa réputation. Nous revenons ensuite vers Parinacota en empruntant une des nombreuses pistes référencées dans Maps.me (notre application GPS qui fonctionne sans internet) et faisons une grande marche, recommandée par notre hôte, dans les hauteurs du village. Nous nous couchons tôt car le programme du lendemain est chargé.
Nous partons très tôt pour avoir le temps de visiter les parcs nationaux de la route vers Colchane: la réserve Las Vicuñas, salar de Surire et le parc du volcan Isluga. Les paysages sont très variés (plaines de montagne, lac de sel, désert, ...) et la nature est sauvage. Nous rencontrons pleins d’animaux en liberté: des vigognes (cousines du lama), des alpagas, des flamands roses, des nandous (cousines de l’autruche), ... Et surtout, nous sommes quasiment seuls ! Nous n’aurons croisé que 3 voitures dans la journée ! Les nombreux passages à gué sont facilement franchissables et nous arrivons à Colchane en fin d’après midi.
Ce n’est qu’à Colchane que nous nous sommes rendus compte qu’il nous manquait notre carte bleue... Il nous aura fallu passer de nombreux coups de téléphone pour savoir qu’elle était au supermarché d’Arica et organiser son envoie à Santiago pour que nous puissions avoir une chance de la récupérer avant de quitter le Chili. L’employée de l’auberge dans laquelle nous étions, ceux de l’auberge d’Arica et l’espagnol de Marguerite nous auront énormément aidés !
Après une nuit et une matinée un peu entachées par cet évènement, nous prenons la route pour Iquique vers midi. Nous ne pensions pas que la route serait aussi belle et avec notre mésaventure, nous n’avions pas assez de temps pour y faire quelques détours. C’est une route désertique avec de très belles montagnes et des canyons dans lesquels il est possible de conduire (toujours en suivant les pistes Maps.me). C’est superbe et donne un premier aperçu du désert d’Atacama.
Arrivés à Iquique, nous rendons notre voiture et dinons dans un excellent restaurant de poissons (“El Wagon”) avant de prendre notre bus de nuit pour notre prochaine destination: Calama et San Pedro de Atacama.