On quitte le lac Atitlan mais le premier col avec environ 900 m de dénivelé a l’air très dur. Sachant qu’il y a ensuite un autre col à 3000m d’altitude, il semble injouable de faire les deux en une journée et je n’ai pas vraiment repéré de logement avant Quetzaltenango (dit « Xela »). On fait donc le premier col en stop à l’arrière d’un pick-up et heureusement car les pentes sont hyper raides (30 % parfois). Puis c’est reparti en vélo dans la région des hautes terres. On passe le col en question à 3000m avant la descente jusqu’à Xela. On croise des dizaines de groupes de policiers et militaires le long de la route, n’ayant pas l’air très stressés et arrêtant quelques voitures au hasard. On se dit que ce doit être un simple exercice. On apprendra en fait que 2 villes voisines (que nous avons traversées) sont en conflit pour soit disant une histoire de limites de terres. Il y a eu une quinzaine de morts il y a 2 semaines et un des policiers s’est fait tirer dessus le lendemain de notre passage. La violence semble bien toujours présente au Guatemala.
Xela (en souvenir du nom maya Xelajú) est la 2eme plus grande ville du pays avec 200 000 habitants. Située à 2300m, l’hiver ici est bien marqué, 6 degrés la nuit et très froid aussi dans notre chambre d’auberge du XIXe sans chauffage. Le lendemain nous faisons une petite excursion dans les alentours avec un guide pour découvrir la ville de Zunil et les sources d’eau chaude de Fuentes Georginas nichées dans les montagnes. On discute un peu avec les guatémaltèques dans ces bains chauds appréciés des locaux.
C’est au tour de Papa d’être malade le jour suivant, on décide de commencer à rouler un peu et de voir comment ça évolue après les médicaments. La sortie de Xela est infernale avec un important trafic, des travaux, les fumées des pots d’échappement irrespirables, le froid matinal… Faisant une pause en bord de route, un gars en moto s’arrête pour discuter et nous donne même de l’eau et des cacahuètes, Papa lui est presque en train de vomir assis par terre ! On cherche un plan B pour s’arrêter dès que possible. On commence tranquillement le col puis on trouve un hôtel dans la ville de San Francisco el Alto, à quand même 2600m d’altitude. Fin de la journée de vélo après 22km et 500m de dénivelé, et on dispose par chance d'une douche chaude (la première depuis des semaines). On tombe un jour de marché envahissant toutes les rues de la ville. A part ça rien d’autre à faire et même pas un café ou bar avec du wifi. Donc repos et Papa en a bien besoin !Avec la plus forte proportion d’autochtones parmi les pays d’Amérique Centrale, le Guatemala présente de fortes disparités. Les 17 millions d’habitants se divisent en 40% de latinos (métis) vivant principalement dans les villes et accaparant les richesses (terres, commerces…) et 60% d’indiens (indigènes d’origine Maya essentiellement) marginalisés depuis la colonisation. Ces derniers vivent plutôt dans les zones d’altitude concentrées dans le sud du pays.
Dépossédés de leur terres par le passé et sur-exploités dans de grandes fincas cultivant le café et autres, ils ont fini par se rebeller contre le gouvernement. S’en suit une guerre civile faisant 200000 morts et 45000 disparus dont 80% d’indigènes. La paix signée en 1996 entre la guérilla et le gouvernement en place conduit enfin à une reconnaissance des Mayas comme citoyens à part entière et une redistribution partielle de terres. Mais ils restent pauvres dans un pays très corrompu. Ces communautés autochtones ne possèdent aujourd’hui que 20% des terres et 80% vivent sous le seuil de pauvreté. Leurs enfants souffrent parfois de malnutrition et beaucoup ne parlent pas espagnol. Il existe plus de 20 dialectes Mayas toujours utilisés, ce qui ne facilite pas leur intégration. En reconnaissance de ses actions en faveur des droits des peuples autochtones, Rigoberta Menchu, grande figure indigène guatémaltèque, reçut le prix Nobel de la paix en 1992.La religion garde une place importante dans leur mode de vie. Malgré le catholicisme imposé par les colons, ces communautés développent encore un syncrétisme associant leurs anciennes croyances Mayas. Par exemple le Ceiba, cet immense arbre sacré des mayas symbolisant « l’arbre-monde » (concept repris dans le film Avatar) qui unissait le ciel, la terre et les neuf niveaux du Xibalbá (le monde des racines). Cet arbre avait une forme plus ou moins cruciforme, si bien que lorsque les prêtres demandèrent aux Mayas de vénérer La Croix du Christ ces derniers y trouvèrent une certaine similitude à leur croyance.
Après ces quelques jours sans nouvelles, on est rassurés par la parution de cette étape certainement bien difficile pour Janny. C'est surprenant de vous imaginer avoir froid comme nous mais nous ne sommes pas à la même altitude !!
On pense très fort à vous en espérant que ça vous aide........