Le premier coup de pédale est assez grisant, on se lance vraiment là-dedans, c’est parti !
Mais 5 min après le départ le sac de Papa avec ses papiers tombe dans la rue (il s’en aperçoit direct heureusement) puis je casse mon petit rétroviseur. Ça commence bien. La traversée du pont des Amériques est stressante. On enjambe une barrière de sécurité mais il faut s’arrêter tout le temps pour enlever des débris de voitures, les sacoches frottent sur la rambarde, on sent le souffle des camions, pas trop le temps de profiter de la vue.Puis nous entamons la Panamericaine, dangereuse sur cette partie, étroite, parfois sans bandes d’arrêt d’urgence. Entre la végétation du bord de route et les semi-remorques qui nous rasent on est vraiment pas sereins. Vigilance maximale ! Heureusement après le trafic diminue et on a plus d’espace pour rouler. Les gens sont super sympas et on reçoit pas mal d’encouragements, klaxon, salutations et des « vamos vamos », ça fait plaisir. On sort de la panaméricaine en direction des montagnes. Un énorme éclair nous presse à nous abriter et nous trouvons une chambre chez l’habitant avant les trombes d’eau. Il nous emmène même au resto et fait le tour du village avec son pick up.
On entame les petites routes sinueuses pour se hisser en haut du premier col. Avec nos vélos de 45kg c’est vraiment très très physique, les pentes à plus de 15% nous obligent à pousser les vélos en marchant et c’est tout aussi dur. Mais les paysages sont magnifiques, on en prend plein les yeux.
Au milieu du deuxième col pour rejoindre El Valle on tombe sur un contrôle de sécurité. L’agent nous dit que cette route est privée et qu’il est impossible d’y aller en vélo, il faut une autorisation spéciale ou être « invité ». Après 15min de négociation et Papa qui joue "la comedia del arte" en faisant le vieux cycliste épuisé, rien ne le fera céder. Il commence même à dire qu’il va appeler la police. Bon ok vous avez gagné... Pas d’autre route possible dans ce secteur donc on doit faire demi tour. La pluie s’invite et on ne se voit pas descendre les dernières pentes les plus raides en vélo. On fait du stop et un paysan nous descend de quelques kilomètres dans son pick-up. Puis nous reprenons les vélos pour rejoindre la Panaméricaine. Finalement nous arrivons à San Carlos au bord du Pacifique après 67km, 1730m de dénivelé positif, des crampes pour Papa, des coups de chaud et des averses. On va laisser un peu les montagnes de côté pour se ménager !
Cette première grosse étape est pleine d’enseignements:
1 - Avant de s’engager sur une route/chemin, s’assurer que c’est autorisé
2 - un vélo chargé de 30 kg ne supporte pas les pentes trop raides … même avec une bonne condition physique
3 - Trouver un autochtone avant chaque étape pour valider le parcours à venir pourrait s’avérer judicieux…
Bon d’accord, il faut trouver le bon autochtone …
En tout cas, je vous apporte tous mes encouragements pour ce périple.