On se remet en selle jusqu’à la Laguna de Apoyo, joli lac dans la caldera d’un ancien volcan avec vue au loin sur Granada. Nous faisons ensuite une grosse étape pour aller à León avec 123km au compteur (6h30 de vélo). On décide d’éviter Managua, la capitale, pour « l’insécurité » et pour avoir moins de trafic routier aux dépens d’un détour par un grand col. Mais les beaux paysages et les 30km de descente à fond en valaient la peine.
On se met dans l’ambiance de León direct en arrivant avec une bière en terrasse. Cette ville est vraiment sympa, de belles places où les gens flânent le soir sur le marché de Noël, plein de restaurants et bars avec leur petit patio et beaucoup d’étudiants qui rendent la ville très vivante. On y reste le lendemain pour se balader, faire quelques courses, bien manger (et boire). On trouve également un masseur très bon qui a bien su détecter toutes nos contractures, un massage douloureux mais bénéfique. Remis à neuf et avec des provisions nous repartons sous une grosse chaleur (plus de 35 degrés). On traverse la chaîne de volcans des Maribios avec une vue imprenable sur le Telica, San Christobal et bien d’autres. On s’enfonce alors dans des coins reculés du Nica jusqu’à Somotillo proche de la frontière. Plus de « Pura Vida » à la fin de chaque discussion comme au Costa Rica mais tout autant d’encouragements. Leur curiosité et sourire mènent vite à quelques rencontres sur le bord des routes. On croise souvent aussi des regards un peu ahuris nous disant « mais qu’est ce vous foutez ici en vélo muchachos ? » !
Fondé au XVIe siècle par les espagnols, León subit à plusieurs reprises de terribles éruptions volcaniques et des tremblements de terre mais s’en releva. Elle devint peu à peu la capitale libérale du pays et le resta jusqu’en 1851. De grandes universités furent créées et elle garde son titre encore aujourd’hui de « ville universitaire » du pays.
L’héritage colonial espagnol est très présent et a laissé 16 églises parsemant la ville. Elle est aussi reconnue pour être un centre culturel d’art et littérature et reposent d’ailleurs dans la Basilique les tombeaux de grands écrivains, poètes et révolutionnaires.
. Né en 1945 de parents actifs opposants à la dictature de la « dynastie des Somoza », il abandonne rapidement ses études pour rejoindre le Front Sandiniste de Libération Nationale (organisation politico-militaire socialiste inspirée par la lutte du général Sandino). Arrêté en 67 avec d’autres militants, Daniel Ortega fut torturé pendant son emprisonnement. Il est libéré 7 ans plus tard en échange d’un membre de la famille Somoza kidnappé par un commando Sandiniste. Ortega prend alors la direction du FSLN et lance une guérilla soutenue par la population conduisant au renversement d’Anastosio Somoza en 79.
Une junte de reconstruction nationale associant toutes les forces d’opposition est mise en place dont le FSLN (dominé par Ortega) écarte les plus libéraux pour instaurer un régime socialiste de « démocratie participative ». Il nationalise les banques et assurances, les ressources minières et forestières, ainsi que l’import/export des denrées alimentaires. Il lance une réforme agraire (redistribution des propriétés du « clan Somoza » aux petits paysans) et des programmes sociaux dans l’éducation (alphabétisation) et la santé (hôpitaux, vaccination).Fin 84 la junte est transformée en république dont Ortega très populaire devient le premier président élu à 63%. Sachant que les États-Unis avaient offert 300000$ aux dirigeants d’opposition pour se retirer et discréditer ainsi son élection.
La CIA arme les contras (voir article précédent) et mine les ports du Nicaragua pour accentuer leur embargo. La cour de justice internationale condamne alors les États Unis à verser 17 milliards de dollars d’indemnisation au Nicaragua (ce qu’ils ne feront jamais).Après une période d’alternance politique, Ortega gagne à nouveau les élections (de plus en plus contestées) depuis 2006. Sous ses présidences successives le régime devient progressivement très autoritaire avec un contrôle brutal de l’opposition, la restriction des libertés de la population, et une répression sanglante des manifestations (300 morts depuis 2018), conduisant à une migration d’environ 100000 réfugiés au Costa Rica. Nous avons quand même attendu d’être au Honduras avant de publier cet article car certains se sont faits arrêter pour moins que ça.