La Libertad, première ville côtière depuis la capitale, connue pour son marché aux poissons et le surf. On continue quelques kilomètres plus loin et notre logement est assez pittoresque. Une petite maison en bois construite sur la plage que l’on partage avec nos hôtes et leur enfants, quelques autres étrangers (les seuls occidentaux que l’on croise depuis le Nica), 6 poules, 5 chiens et quelques chats. Bercés par les bruits des vagues on est quand même pas mal.
Nous prenons un bus jusqu’à San Salvador avec pour objectif de trouver un appareil photo. Après 3 magasins différents on trouve un unique Canon qui traînait par là et sûrement le seul en vente direct dans le pays étant donné que l'on est quand même dans la capitale. On flâne un peu dans la ville qui n’a pas vraiment d’attrait touristique, immeubles délabrés, rues pas très propres, marché oppressant, mais le tout est très dépaysant. Nous découvrons avec la famille de l’auberge les pupusas : galettes de maïs fourrées avec tout ce qui est possible (fromage, haricot rouge, poulet, porc, crevette, épinards, jalapeños…) et cuites à la plancha. C’est vraiment délicieux et cela fait un repas pour 2$ environ. Je profite bien des sessions de surf au lever du soleil avec les pélicans avant de quitter notre « poulailler ».Dans les années 1930 Le Salvador est géré par l’élite du café dénommée « les quatorze familles » qui possédait presque tout le pays. Mais le peuple ne se laisse pas faire et, mené par des intellectuels, déclenche une « guérilla rurale ». L’armée met fin à cette insoumission en exécutant 20 000 salvadoriens. Cette répression est appelée la Matanza.
D’autres conflits armés avec le Honduras eurent lieu mais on ne rentrera pas dans les détails. En 1972 le colonel Arturo Molina est déclaré président et la répression militaire fait la chronique quotidienne pendant les années qui vont suivre. De véritables « escadrons de la mort » paramilitaires torturent et assassinent de nombreux activistes, opposants et prêtres (discours considérés comme dangereux pouvant engrener les révoltes). Des groupes de guérilleros se forment petit à petit pour lutter contre le pouvoir et les actes de l’armée. En 1980 l’archevêque de San Salvador Oscar Arnulfo Romero, défenseur des droits de l’homme et de la cause des paysans pauvres, est assassiné en plein service ainsi que plusieurs membres du Parti Démocrate Chrétien. Les guérilleros déclarent alors la guerre au gouvernement et les paramilitaires répliquent. La population civile est la première à souffrir et l’économie du pays, déjà peu florissante, s’effondre. Quelques années après, de nouveaux partis politiques sont créés, des élections sont organisées et le gouvernement revient aux civils. Duarde en est le président très populaire mais ne parvient pas à arrêter la guerre civile. En 1986 un tremblement de terre dévaste San Salvador ce qui n’arrange rien. Il faut attendre 1987 pour que soit signé le plan de paix « Arias », du nom du président du Costa Rica ayant aidé aux négociations (cf article précédent). La garde nationale est abolie, les guérilleros dissous et des accords gouvernementaux sont signés entre les différents partis sous l’égide des Nations Unis. Le bilan fait froid dans le dos : au moins 75 000 morts, encore plus de blessés, des massacres de villages entiers (femmes et enfants) comme celui du tragique El Mozote, et des centaines de milliers de salvadoriens ayant fui le pays vers les États-Unis. Actuellement le gouvernement lutte toujours en matière de sécurité envers les fameux maras, gang ultra violent fondé à Los Angeles (regroupement des exilés salvadoriens pendant la guerre civile) et présent principalement aux États-Unis, Mexique, Salvador et Honduras.Le Salvador est le pays le plus densément peuplé d’Amérique latine et comporte de fortes inégalités économiques et sociales. L’ancienne « république caféière » s’est diversifiée avec la production de canne à sucre, banane, maïs, coton, riz, huile de palme et viande bovine. Mais 1% des propriétaires contrôlent 40% des terres et les micro-cultures de denrées de première nécessité sont peu nombreuses. De fait, le Salvador se destine à l’export à grande échelle, ne produit pas assez de nourriture pour ses habitants et doit donc importer.
On peut aussi souligner d’autres inégalités. Les classes aisées et grandes entreprises paient moins d’impôts alors que l’état sollicite des prêts internationaux et alloue la moitié de son budget aux intérêts de la dette. Et les remesas , envois d’argent réguliers des salvadoriens vivant à l’étranger, représentent 17% du PIB national. L’environnement et l’écologie ne sont pas vraiment leur fort. Moins de 1% du pays est actuellement protégé, la forêt primaire a presque complètement disparu entraînant des problèmes d’érosion, de détérioration des sols et de la qualité de l’eau. La faune et la flore n’y sont hélas pas aussi fabuleuses qu’au Costa Rica mais le pays promeut de plus en plus « l’éco-tourisme ».