Après un début déstabilisant à Miami, il me fallait retrouver mes repères. Quoi de mieux que les amis pour ça ? Et pas n'importe lequel : Julian alias SH, mon éternel partenaire de baroude ! J'atterris à Cartagena, ancien fort espagnol riche de l'esclavage et de l'or pillé aux incas. Le style colonial y est très marqué et la richesse du centre contraste avec la pauvreté des banlieues de la Boquilla. Ici l'eau à 30° adoucit nos journées et la champetta (salsa locale) berce nos nuits. L'ambiance est jeune et festive mais le choc culturel est fort avec les Etats Unis. Je passe de la position de voyeur à celle de l'observé. A Miami personne ne m'accordait le moindre crédit, ici je suis la cible de toutes les attentions. J'agrippe mes économies comme si les cris des vendeurs ambulants pouvaient les atteindre.
La vie y est pourtant bien plus douce. Quand on s'amuse à convertir le prix de la vie à celle de l'Europe, l'écart est vertigineux. 1€ = 3.000 pesos !!! Mes poches et celles de Julian sont officiellement millionnaires !
Nous profitons de l'auberge pour partir visiter les environs dans le plus simple des apparats pour éviter les convoitises. Armés de notre maillot et d'un grain de folie, nous sommes happés par le premier collectivo (bus local) où ici encore la salsa est reine. Le bus slalome dans le trafic et s'enfonce dans les banlieues de Cartegena. Alors que je contemple le balai des voitures sur la route avec une certaine fascination, une voix autoritaire crie dans le bus "Baja Baja aqui amigo". Cette voix c'est celle de Julian habitué des transports péruviens qui nous fait descendre à bon port. Je suis rassuré d'être à ses côtés pour mon départ, un professeur particulier de vie latine !
Après quelques batailles dans les eaux de la mer des Caraibes, nous esquissons une passe de foot aux enfants des quartiers de la boquilla. Quelques shots d'Arguardiente plus tard nous partageons notre verre avec des amis colombiens rencontrés sur une place où de nombreux locaux viennent observer des spectacles de danses et de musiques. Nous commençons timidement à partir à la rencontre de l'inconnu mais la barrière du tourisme est encore bien trop forte pour l'instant.