Dans le hall de la gare de Tupiza, nous attendons... Je suis très impatient, je ne tiens plus sur mon siège. Au détour d'une porte peut surgir à n'importe quel moment la chevelure dorée de Loïc. Loïc c'est mon deuxième colocataire avec Guillaume. On peut dire qu'avec lui j'ai fait les 400 coups, mais cette fois ci il a décidé de voyager avec sa copine Léna, que je connais aussi très bien. C'est toujours décontenançant de retrouver des personnes si proches à l'autre bout du globe. Plein de questions fusent dans ma tête : aura t-il changé physiquement? Mentalement? M'aura t-il oublié au détriment d'autres personnes sur son voyage?
C'est dans cette petite gare que l'on s'est donné rendez vous. Je le vois assis de dos, scrutant la foule. Je sais que dans sa tête se passe le même sentiment étrange. Je me demande par quelle façon originale je vais l'aborder, mais finalement à bout d'idées je m'assois simplement à côté d'eux. Il affiche un sourire que je connais si bien, quand finalement il m’aperçoit. Le moment d’appréhension est terminé et nous retrouvons instantanément notre complicité. Ouf !
Le nombre de 5 est idéal pour parcourir le Salar d'Uyuni car nous pouvons privatiser un 4x4 entier ! Avec Limberg aux manettes, et Marcos aux fourneaux le séjour s'annonce parfait. Nous roulons pendant 4 jours dans cette cage de fer, mais qui offre une vue sans pareille sur les paysages du Sud Lipez. L'avantage de partir de Tupiza est que nous sommes bien moins nombreux que depuis la fameuse ville ultra touristique d'Uyuni, et ce n'est pas pour nous déplaire. Les paysages sont bien différents de tous ceux que j'ai pu voir. Tant mieux, car je ne ressens pas la lassitude des derniers jours. Tout d'abord les reliefs escarpés ont laissé place au plat du désert et des lagunes. Les couleurs aussi ont changé, avec des teintes beaucoup plus sèches et cuivrées. Le bruit des villes s'est évanoui et le silence du vent fait office de musique... enfin presque ! Car dans la jeep de Limberg, l'ambiance "boïte des années 70's" permet de faire passer les 1000 kms plus rapidement.
Des lacs aux couleurs rouge pétard, tandis que d'autres se vestissent d'un reflet vert turquoise quand la brise vient rider leur surface. L'intérieur d'une chambre magmatique éteinte qui a sculpté des formations rocheuses d'une manière qu'aucun artiste n'aurait pu égaler. Des geysers sortant d'une eau sulfureuse bouillante, atteignant des hauteurs de 20 mètres. Il est tout simplement impossible de s'ennuyer ici tellement la diversité est omniprésente.
Au soir du dernier jour, nous ne sommes plus qu'à une vingtaine de minutes du Salar, ce pour quoi la majorité des gens viennent en Bolivie. Limberg nous dépose dans notre hôtel, entièrement façonné en blocs de sel. Nous prenons notre premier contact avec le fameux minéral que les touristes mais aussi les compagnies chinoises viennent se disputer dans les quelques 10 000 km² de poudre blanche. Enfin quand je dis "poudre" c'est schématique car sur certaines parties, la croûte de sel peut atteindre 120 mètres de profondeur !
Nous entrons au petit matin dans le Salar d'Uyuni. Le soleil n'est pas encore levé. Grâce aux phares du véhicule je sais que nous venons de pénétrer sur le site, mais la faible luminosité m'empêche de voir le paysage. La surprise sera totale ! Nous attendons religieusement la venue de l'astre solaire, les pieds dans le sable, mais nous ne sommes pas seuls. Les agences se battent pour donner à leurs clients la meilleure vue sur le désert, quitte à gâcher l'expérience des autres. Mais qu'importe, le moment est trop précieux pour me laisser distraire. Le premier rayon franchit enfin la ligne d'horizon. Autour de nous, les derniers restes d'eau de pluie forment un miroir parfait. Quelle chance ! Le Salar possède une saison séche et une saison humide, et nous sommes pile entre les deux, nous laissant ainsi l'opportunité de découvrir les deux paysages dont personnellement, je ne saurais départager lequel est le plus beau. Je me brûle les yeux, ne pouvant détacher mon regard de ce spectacle. Dans le groupe personne ne veut que cela se termine, pourtant notre chauffeur finit par venir nous chercher car nous sommes les derniers sur le site. Cela fait environ 1h que nous sommes ici, sans bouger dans le froid glacial. Avec le blanc du sable, cela n'est pas sans rappeler une station de ski, car nous sommes tout de même à 3600 mètres d'altitude.
Nous sommes comme des enfants dans cette entendue de sable blanc et nous n'échappons pas au fameux rituel des "fotos locos", où nous jouons avec l'effet de profondeur pour prendre des clichés rigolos. La fin de la journée s'achève sur une bataille de cow-boys dans un cimetière de trains, lieu idéal pour terminer ce séjour dans le Far West bolivien, qui restera par ses acteurs et son décor une des meilleures scènes de ce film.
On se loupe presque... C'est dans un mois que je quitte la France pour le Pérou ! Pas pour longtemps, certes... en tout cas c'est avec plaisir que je lis souvent tes articles!!! quelle expérience... celle dont tu rêvais, vis là et gardes tous ces souvenirs au fond de toi!!!!! gros bisous léo (ps: continues à nous faire rêver avec ce blog: je pose mon like!!! jajaja)