Depuis que nous avions quitté Cuenca, nous ne faisions que parler d'Arequipa comme de notre ville coup de cœur du Pérou. J'avoue que secrètement j'avais un peu peur d'être déçu.
A première vue, on dirait qu'Arequipa a été déposée parfaitement dans une vallée où les montagnes viennent l'entourer telles une couronne. On dit que la lune a oublié une partie en se séparant de la terre... Bâtie comme la capitale de l'empire espagnol, elle possède un centre de roches volcaniques blanches au style colonial présent mais raffiné. La ville a été façonnée au rythme des tremblements de terre dont elle est la proie. Les vestiges en terme d'architecture sont nombreux mais pas pour autant disgracieux. Les habitants ont su maintenir l'harmonie fragile de la ville blanche.
D'ailleurs Arequipa signifie en Quechua "oui, tu peux rester". Symbole pour le moins parfait de la douceur de vivre que dégagent ces ruelles, ces cours intérieures et sa place principale... grandiose.
Depuis les terrasses au-dessus des arches en enfilade, nous avons pris goût à nous arrêter manger pour observer le fourmillement de la vie sur la "placa des armas". Y déguster un rocoto reilleno et son pisco sour avec un air de flûte en fond est une des raisons pour lesquelles j'ai adoré Arequipa.
Mais comment parler de cette ville sans parler de son couvent. Le couvent Santa Catalina est tout simplement le plus grand du monde. Véritable village dans la ville, il enfermait, et renfermait toujours, plusieurs centaine de sœurs ayant fait vœux très jeunes de claustration. Je ne suis pas un grand fan des sites religieux, pourtant très présents en Amérique du Sud. Mais forcé d'admettre que celui-ci est bien au delà d'un simple lieu de culte. En pénétrant dans l'enceinte, deux choses nous frappent instantanément : les couleurs et le silence. J'ai l'impression d'être transporté d'époque. Ici, des fleurs omniprésentes, des murs peints à la manière de villages grecs ou marocains, je n'ai pas encore réussi à me décider. Plus loin un labyrinthe de rues, de salles, et de cours intérieures.
L'histoire de laquelle est empreint ce lieu est tout aussi intéressante. Un couvent rempli de centaines de femmes n'a pas tardé à attirer la convoitise de beaucoup de nobles de la ville, qui se sont empressés de construire un réseau de tunnels souterrains pour rallier le monastère. On y décrit même des scènes orgiaques ! De quoi assombrir un peu le tableau de la vie d'isolation. Finalement une sainte sera sacrée par Jean Paul II dans les années 80. Une véritable consécration pour ce lieu couvert d'histoires et de fabulations, qui ferait hésiter un scientifique comme moi, à faire le pas vers une vie plus pieuse. Enfin c'est ce qu'on dit...
Après nos pérégrinations ariquipéennes, direction le canyon del Colca, le (presque) plus profond du monde.
Passer deux jours ici est plus ou moins un prétexte pour se préparer à une longue aventure qui nous mènera de cités perdues en paysages éblouissants au très peu connu Machu Picchu... Descendre et remonter le canyon de part et d'autre est donc plutôt un bon exercice pour s'habituer au dénivelé.
Nous passons 2 jours ici à nous promener sur les crêtes pour observer le vol du condor, descendre dans le ventre de la bête pour finalement trouver un oasis de verdure sous un soleil de plomb, où l'on ne se fera pas prier pour piquer une tête dans une piscine naturelle. De l'autre côté de la rivière nous rejoignons un village abandonné à l'ambiance farwest péruvien. Petite scène de film où nous nous retrouvons rapidement, une paille dans le coin de la bouche et les chapeaux baissés à nous affronter tels de vrais cow-boys.
Mais il est l'heure de ranger les revolvers et de remonter en selle car dorénavant nous partons pour Cusco... ultime destination du Pérou mais certainement pas des moindres !