La Bolivie. Je ne sais pas grand chose de ce pays. Les voyageurs le font habituellement en 2 semaines. Pour ma part je n'ai aucun plan, afin de me laisser surprendre.
C'est le pays le plus pauvre d'Amérique du Sud et donc de mon voyage, malgré sa grande richesse en ressources minières. Je m'attends à y ressentir le plus gros contraste social depuis mon départ. Pourtant l'arrivée au lac Titicaca a un goût amer d'Europe.
Le lac est immense, une ancienne mer que l'évaporation a fini par réduire au fil du temps, culminant à 3800m. Quand on le regarde pour la première fois, on comprend mieux pourquoi les Incas lui ont voué un culte mystique. Le bleu azur de l'eau provient de la fonte des glaciers, d'un blanc pur, entourant le lac. On dit même même que le soleil est né des abysses du lac ! Pourquoi pas ??...
Malheureusement, ce n'est pas la première fois que la main de l'homme moderne dénature un joyau. La pollution de l'eau devient depuis quelques années inquiétante. Il est impossible de s'y baigner, les algues ont envahi les rivages et de nombreux déchets flottent en surface dans les ports. Le tourisme de masse a même créé des conflits entre les populations locales qui vivent essentiellement du troc. Comme nous l'a expliqué cet homme gardant la nouvelle frontière sur la isla del sol, les habitants du nord essayent tant bien que mal de se protéger de la maladie qu'est l'argent, et n'hésitent pas pour cela à utiliser la violence pour faire fuir les touristes. Pourtant sur cette même île, c'est la partie nord qui est la plus belle. Des petites criques de pêcheurs, des habitations traditionnelles, un paysage vierge. Mais il nous est interdit d'y pénétrer (même si on a tout de même pris un chemin de traverse pour nous y rendre). Au sud, il n'y a plus la moindre trace d'authentique. Cette partie corrompue par le tourisme est composée uniquement de restaurants et d'hôtels. Et cette île n'est pas la seule à se travestir pour les touristes. Du côté péruvien du lac, certains habitants se déguisent carrément pour attirer le tourisme. Un zoo humain... De quoi réussir à presque me faire oublier la beauté naturelle qui m'entoure.
Un sentiment étrange s'empare alors de moi et plus précisément sur de mon rôle vis à vis du pouvoir destructeur que je peux véhiculer malgré moi en voyageant.