Vivre l'hiver sous 30° est assez déroutant. Pourtant je n'ai jamais autant ressenti l'esprit magique des fêtes. Noël est partout ! La neige en moins.
En déambulant au hasard des rues, nous voilà propulsés dans le marché de noël. Attractions en tout genre, déguisements et chants hivernaux : on ne rigole pas avec la naissance de Jésus. Autour du lac du parque norte, nous nous sommes initiés à l'auto-tamponneuse-stop. Au volant de notre bolide, le choc de la voiture brise les barrières culturelles et tout le monde rigole à cœur joie. Même si Julian m'a souvent cramé la priorité, nous restons courtois.
Après la visite du musée d'art moderne, du parc Arvi et du Pueblo Paisa, nous tombons nez à nez avec un festival de musique. L'occasion est trop belle et nous nous engouffrons sous l'arche. Le moment est simple, mais en échangeant un regard avec mon ami rabiboché, je perçois un sourire qui en dit long,. Assis en tailleur et les yeux rivés sur la scène nous regardons un spectacle de marionettes : retour en enfance.
Héritage des colons espagnols, la religion prend une part importante dans leur culture. Elle transparaît sous diverses formes et notamment dans les valeurs de partage. Cela me fascine, et rajoute encore davantage de sujets de réflexion à mon voyage spirituel!
Il est agréable de déambuler dans les montagnes de Medellin, la vue sur la ville incite à la contemplation et au calme. les enfants jouent à cache cache dans la rue, les portes des maisons décorées aux couleurs de Nöel sont ouvertes et les peintures colorent les murs.
Il est terrifiant de déambuler dans les montagnes de Medellin, la vue sur la ville permet d'observer la venue des ennemis. les enfants sont recrutés comme soldats, les habitants ne peuvent fuir et s'enferment, les impacts de balles et le sang tachent les murs.
Seulement 20 ans séparent ces deux phrases. La Comuna 13, quartier le plus dangereux du monde a bien changé. Les bombes à fragmentation se sont changées en bombes de peintures et la mort a progressivement laissé place à la vie.
Après la mort de Pablo Escobar, la mairie de Medellin a décidé d'investir dans ces quartiers défavorisés. En reliant ces zones de non-droit à l'aide du seul métro de Colombie, en y construisant des lieux de culture, et des escalators pour faciliter l’ascension; le calme est revenu. Les gens peuvent s'y déplacer, des commerces ont poussé, et le quartier exprime son identité dans les tags et la musique. Depuis peu, même les touristes foulent les terrasses des maisons à la recherche du grand frisson, mais n'y trouveront que de saines propositions.
Je cours, je sprinte et bientôt mes pieds s'actionnent dans le vide... je vole. Le temps s'arrête l'espace d'un instant. Assis dans le siège du parapente je plane au dessus de Medellin. La montagne et la vie urbaine se mélangent, tout prend son sens. La rivière transperce le cœur de la ville, les buildings l'écrasent, et les banlieues l'observent. Le métro et les téléphériques font le lien entre ces entités et maintiennent l'unité de la ville.
Les courants d'air soufflent sur la toile du parapente et nous prenons bientôt de l'altitude. Julian n'est plus qu'un point blanc dans l'immensité du tableau. Les rayons du soleil transpercent les nuages, les oiseaux volent à quelques mètres de mes mains libres. Bientôt le moniteur actionne une manette et nous nous retrouvons à 180°, face au sol, en chute libre. Je crie, ce qui le fait beaucoup rire. Mes sens sont malmenés mais j'aime ça. Perdre pied, prendre de la hauteur et faire confiance; c'est aussi pour cela que je suis parti.
Quand on court vers le précipice on hésite et on prend peur. Une fois en l'air, on explore, on découvre.et on profite du présent. Et quand on atterrit, on souhaite juste une chose : recommencer.