Cela doit faire presque 2 semaines que j'annonce à mes proches que nous quittons l'équateur. Pourtant à chaque fois que nous sommes sur le point de réserver un billet pour le Pérou, le sentiment d'inachèvement se fait ressentir. Le voyage lent nous donne l'envie de tout faire, de tout découvrir et de ne rien laisser derrière nous. Dernier petit caprice, nous profitons de notre arrivée pour effectuer un ultime arrêt proche de la frontière à Loja. Cette petite ville n'a pas de réel intérêt en soi, même si d’apparence, son centre est séduisant. Sa valeur se base d'avantage sur le parc Podocarpus qui se situe à quelques kilomètres au Sud-Est. Aussi appelé le jardin des Amériques, il recèle en son sein bon nombre d'espèces animales et végétales endémiques. Il a la particularité d'être traversé par une fine bande de la cordillères des Andes ce qui sépare le parc en deux parties aux paysages radicalement différents sur une distance très courte. D'un coté la steppe du Paramo (si si vous savez la montagne du logo Paramount), de l'autre la forêt luxuriante. C'est cette dernière que nous avons choisi de visiter.
Nous plantons nos tentes dans une clairière dégagée, sur le sol encore détrempé des pluies de la veille. mais à l'abri des arbres Le chant de quelques perroquets anime l'atmosphère. Depuis notre campement nous pouvons réaliser plusieurs courtes randonnées pour se perdre le long le du fleuve à la recherche de cascades, ou encore prendre de la hauteur vers le mirador de la vallée. Jour de semaine, la sensation de solitude dans cette étendue est appréciable. Dans le vacarme de la chute d'eau nous hurlons de toutes nos forces, imitant tour à tour des animaux sauvages dans leur élément naturel. Personne ne nous juge et c'est bien plus marrant comme ça! Le soir nous sommes laissés sur le site seuls et nous en profitons pour sortir d'un cabanon des machettes et une hache, puis nous partons dans la forêt chercher du bois sec. Une entreprise bien trop optimiste. Mais même sous la pluie battante j'ai appris à allumer un feu, alors quoi qu'il en coûte je décide de persévérer. Après une poignée d'heures à tailler les fagots de bois pour éliminer l'écorce humide, nous finalisons notre foyer qui s'allume comme une pile d'allumettes. Assis sur des bancs de fortune, Alex se lève et nous raconte des histoires au coin du feu en mimant chaque geste et en appuyant chaque mot. Son récit me laisse rêveur, quel charmeur ! Les flammes donnent à ce moment son habit de fumée et de mystère. Sur les dernières braises nous entamons notre nuit en se remémorant les quelques mois que nous laisserons derrière nous à la frontière...
L'équateur s'achève après plus de 50 jours sur ce territoire jusqu'alors inconnu. Durant la préparation de mon voyage, il ne faisait pas parti de mon itinéraire alors que ce sera sans aucun doute le pays où j'aurais passé le plus de temps (enfin je crois). C'est Julian qui m'a glissé à l'oreille que je ferais mieux de commencer par la Colombie. Et me voilà 3 mois plus tard à la frontière du Pérou. Qui aurait cru que ce petit pays me durerait autant alors que je pensais le parcourir en à peine 2 semaines ! Mais les paysages et le goût de l'aventure m'ont maintenu ici. Je garderai en souvenirs impérissables cette ascension au sommet du monde, les villes de Quito et Cuenca au charme attachant, la forêt sauvage de Cuyabeno, et les soirées sur la plage de Montanita. Si la Colombie était la découverte, l'Equateur en est la confirmation. Je l'ai commencée avec Alex, puis nous avons rejoint Guillaume avec qui j'ai fini en duo. C'est une aventure partagée entre amis mais qui m'a permis d'avancer sur d'autres sujets plus personnels.
Je n'ai pas eu l'occasion de voyager seul ici ce qui a considérablement réduit les rencontres. Mais je ne le garde pas en regret. Au contraire je suis autant impatient de voyager seul après le départ de mes amis en Bolivie, que de retrouver mes parents au Nicaragua ou encore de rentrer en France commencer une vie active. Cette sensation d'aimer autant le présent que le futur est bouleversante. Normalement quand tout va mal nous attendons avec impatience les jours meilleurs alors que quand nous sommes heureux nous avons peur que cela se termine. J'ai le sentiment bête d'avoir dépassé cette vision binaire. J'arrive à profiter du moment tout en appréciant le futur naissant, et c'est à cette sensation que je dois mon apaisement je crois.
Aujourd'hui je pense voyager plus sereinement. L'idée de travailler n'est plus effrayante, tout comme celle de quitter sa maison pour partir à l'autre bout du monde. Certes je ne réponds pas à toutes mes questions, mais l'essentiel c'est qu'elles ne me font plus peur, et l'urgence de trouver des solutions laisse place à l'envie de vivre simplement les années incroyables qui nous attendent.
Conclusion très intéressante ! En voyage (en Amérique du Nord essentiellement) depuis un peu plus d'un an, j'avoue partager les mêmes sentiments : un moment présent dont j'essaie de profiter au maximum, mais surtout un présent qui me donne une bonne idée de ce que j'aspire pour mon futur, et ce futur, en France, me paraît parfois tellement lointain, trop lointain… Une ambivalence de sentiments assez déroutante, en effet :)
Bonne continuation dans ton voyage !