Nous reprenons enfin la route avec Guillaume direction Guayaquil. Nous laissons derrière nous Alex qui attendra sur la côte que sa famille lui envoie un colis, Mais pas de panique, nous le retrouverons dans moins d'un mois pour continuer ensemble jusqu'en Bolivie. Ces quelques semaines de "repos" sur la côte m'ont réellement fait du bien mais au fil des jours je n'avais plus l'impression d'avancer et le chemin est encore long ! Il était temps de reprendre la route.
Guayaquil est la capitale économique d'Equateur. Plus peuplée que Quito, à qui elle a laissé le rôle de capitale politique pour l'histoire qui entoure l'ancienne cité Inca, elle rayonne néanmoins davantage sur le plan international. Surnommée "la perle du Pacifique" (on cherche toujours pourquoi...), les voyageurs que nous avons rencontrés en chemin nous ont dressé un portrait peu flatteur du centre historique. A tel point que nous avons même hésité à nous y arrêter... Et effectivement cela n'aurait pas été une grande perte !
Nous y sommes restés à peine plus de 24h, et cela a été largement suffisant. La ville ayant été pillée à maintes reprises par des pirates et brûlée, rien ne subsiste de l'époque coloniale. Ainsi une seule allée, au bord du fleuve de Guyas, vaut le détour. "El Malecon 2000", construite pour fêter le nouveau millénaire, serpente sur 2 km au bord de l'eau. A chacune de ses extrémités nous pouvons observer soit le bateau du célèbre "Capitaine Morgan" (qui a laissé son nom à une fameuse marque de rhum vanillé), et le phare de Guayaquil. Sur la balade quelques parcs et musées nous invitent à prendre le temps d'une pause.
Nous retiendrons essentiellement le musée de l'histoire pré-colombienne qui retrace l'histoire des populations avant l'arrivée espagnole. La traversée de l'Alaska par les premiers Hommes, le développement de l'agriculture, de la religion... Fascinant et déroutant. Il aurait été intéressant de mettre en parallèle leurs avancées avec celles en Europe. Je parviens un peu mieux à cerner le choc culturel que cela a dû être de voir débarquer des gringos à cheval avec des fusils pour des populations qui n'avaient même pas découvert la roue... car oui les Incas, qui ont régné sur l'Amérique Latine pendant moins d'un siècle ( XVeme-XVIeme ), ne possédaient pas cette technologie primaire. C'est d'ailleurs pour cette raison que les historiens essaient toujours de comprendre comment ils ont pu développer le réseau routier le plus important de l'histoire des civilisations (plus grand même que celui des romains !), mais surtout comment ils ont pu ériger en si peu de temps des constructions telles que le Machu Picchu. D'ailleurs j'ai été réellement choqué de réaliser à quel point l'histoire dont on parle est récente. Imaginez seulement que vous pouvez apercevoir des bâtiments plus anciens que le fameux Machu Picchu en marchant dans les rues de Paris... C'est fou ! Je vous mets en vidéo l'histoire de la colonisation espagnole et la libération par Simon Bolivar, deux histoires qui m'ont particulièrement passionné.
L'esprit quelque peu embrumé par les différentes prises de conscience, nous finirons notre escapade dans le quartier le plus ancien de la ville "Las Penas" puis dans les parcs et cathédrales du centre ville. Mais la pollution et l'ambiance assez particulière de la ville ne nous enchantent guère. De plus, beaucoup de personnes ont décrit Guayaquil comme la plus "dangereuse" d'Equateur. Nous décidons donc de partir au petit matin pour tremper nos pieds dans les bains thermaux de Banos.
Perdu dans une cuvette au milieu des Andes équatoriennes, le petit village de Banos est réputé pour ses activités de sports extrêmes. Le centre est charmant, et nous prenons un réel plaisir à le parcourir en marchant. Le climat est idéal pour se dégourdir les jambes sur une randonnée d'environ 15 km rejoignant la Casa del Arbol. Vous avez peut être déjà entendu parler de ce lieu atypique perché à presque 3000 m d'altitude, fameux pour avoir été le cadre de deux grands prix de photographies internationales. En effet une immense balançoire est suspendue au dessus du vide donnant l'illusion troublante d'une lévitation au dessus de la vallée. Avec mon portable pas évident de décrocher un prix de photo... et puis Guillaume n'avait pas envie d'être mon modèle ! Nous nous contenterons donc d'une inconnue.
Le lendemain il est temps d'éliminer toutes les toxines accumulées sur la plage de Montanita. Quoi de mieux qu'une après midi vélo pour cela ! Nous louons deux "montain bikes", qui honnêtement ressemblent plus à des VTT en kit, et partons sur la route des cascades. 20 km de descente en suivant l'aval d'une centrale hydroélectrique, (on ne nous change pas,...) durant lesquels nous aurons l'opportunité d'observer 5 cascades. Voulant pousser l'expérience plus loin nous descendrons même, tels de véritables explorateurs, dans le lit de la rivière pour tenter un bain dans le cœur de la cascade. Malheureusement mon entrainement du triathlon ne suffira pas à remonter le courant et on ne sait jamais ce qui se cache dans ces eaux troubles... Mais le jeu en valait la chandelle car le spectacle de l'écrasante vallée nous surplombant est à couper le souffle. Fiers de notre réputation nous ne prendrons pas l'habituel bus pour remonter les vélos, préférant affronter la montée interminable nous ramenant à bon port... Parfois il est dur d'être radin et nos jambes ne nous ont pas remerciés ! Nous avons bien mérité une glace en bâtonnet, Polito vanille/chocolat, de réconfort. Car nous ne le savons pas encore, mais demain, le programme va grandement s'accélérer...