Nous vérifions une dernière fois que nous n'avons rien oublié : l'eau, les sandwichs, la tente, les maillots de bain, ... tout y est ! Nous sortons de l'auberge direction le parc naturel de Tayrona avec l'intime conviction que nous partons à l'aventure tel Indiana Jones. Et quelle aventure ! Partir découvrir la cité perdue de Pueblito en plein milieu d'une jungle dense et désertée par les touristes.
A la montée dans le collectivo nous avons la surprise d'y retrouver Elliot et Amandine, rencontrés la veille dans notre auberge de Carthagène. L'amitié est très vite liée et nous leur donnons rendez-vous le soir venu sur la plage de Cabo San Juan pour y établir notre campement.
Les chemins que nous empruntons serpentent dans la jungle pendant plusieurs heures, la chaleur et l'humidité y sont étouffantes. Nous sommes seuls, les bruits des insectes et des animaux remplissent le paysage sonore tandis que les arbres d'une hauteur vertigineuse écrasent le paysage visuel, à la manière des buildings de Miami. C'est d'un accord informel que Julian et moi marchons en silence dans cette nature vierge. Le bruit de la faune laisse place progressivement à un bruit sourd et régulier : celui du ressac des vagues au loin. On aperçoit même le bleu du ciel se refléter sur l'eau au travers des feuillages.
Je sens la marche de Julian s'intensifier, l'appel de la mer est trop fort ! Nous lâchons nos sacs sur le rivage et profitons de cette plage déserte pour nous rafraîchir dans les eaux des caraïbes. Nous imaginons à chaque instant la proue du Black Pearl fendre l'horizon de son pavillon noir.
Après les nombreuses pauses que le chemin longeant les plages nous a incité à réaliser, nous rejoignons notre point de RDV. La nuit tombée, le ciel y est d'une pureté que même l'Aveyron pourrait envier. Et comme un signe qui suit mon voyage en filigrane, cette nuit est celle de la "Milky Shower" : la nuit des étoiles filantes. Bercés par le bruit des vagues et des réflexions philosophiques qu'implique ce voyage, nous observons des heures durant le balai inlassable des étoiles dans le ciel. Un seul vœu y sera seulement formulé.
Le soleil se découvre au dessus des collines et ses rayons viennent lécher le toit de la tente 1 place dans laquelle Julian et moi nous sommes entassés pour dormir. La nuit au confort précaire a laissé ses marques sur nos visages mais pas sur notre motivation ! Aujourd'hui, nous partons dans les montagnes colombiennes trouver la cité perdue de Pueblito.
Le trajet qui y mène est peu balisé et les passages sont constitués de rochers imbriqués au dessus de ravins vertigineux. Cela dissuade les touristes, raison de plus pour nous y rendre !
Pour trouver une cité pré-colombienne, il faut se perdre. Nous avons pris cet adage un peu trop au sérieux, et rapidement le chemin disparaît sous nos pieds, la forêt s'épaissit, et le balisage s'efface. Durant 2 heures nous avons tenté de retrouver notre chemin, et dans nos moments de fantasmes nous nous imaginons découvrir les ruines d'une civilisation oubliée. Il nous fallut abdiquer quand nos stocks d'eau se sont évaporés. Le bon chemin était juste là, au virage d'un imposant rocher que nous avions ignoré car peut être trop évident. Cette expérience aura eu le mérité de nous mettre dans la peau de vrais explorateurs !
Au fil de l’ascension, les vestiges se font de plus en plus présents. Des blocs en pierre sortent de terre pour former des escaliers, nous guidant jusqu'au sommet. La puissance spirituelle de ce lieu inonde l'atmosphère et nous imaginons les cérémonies qui s'y déroulaient il y a de ça 500 ans. La nature a repris ses droits dans le village où nous devinons avec difficulté les structures principales d'époque. Certaines maisons sont encore habitées par les descendants de cette civilisation, derniers témoins de cette culture épargnée par la consommation de masse et des considérations vénales... du moins c'est ce que nous pensions. Nous avons réussi à en voir certains descendre la montagne en tenue traditionnelle. Nous les retrouverons quelques minutes plus tard accoudés au bar de la ville la plus proche, un coca à la main, les yeux rivés sur les écrans de télévisions et les oreilles collées à des enceintes crachant de la musique commerciale européenne. La nature et la cité ont semble t-il mieux resisté aux dérives de la société moderne que ses descendants.
La photo sur le tronc d'arbre est vraiment superbe !! Te voilà transformé en un mix de Mowgli, enfant de la jungle élevé par Baloo, Indiana Jones, pour le côté aventurier au chapeau à la recherche des cités perdues et Jack Sparrow pour la piraterie sur la plage mais il manque le sabre et le foulard !!... Merci pour toutes ce nouvelles et ce superbe blog ;-) Bisouuuuuussss