Vous vous attendez peut-être, comme à mon habitude, à ce que je vous raconte le récit palpitant de ces 15 derniers jours où nous nous sommes aventurés entre jungle et montagne dans des natures les unes les plus incroyables que les autres. Et pourtant aujourd'hui rien de tout cela. Malgré le fait que je n'ai pas écrit depuis longtemps, je ne vais pas vous faire un récit détaillé de nos pérégrinations. D'une part car elles sont quasi inexistantes mais aussi car je pense que la phase de ce voyage est plus axée sur une toute autre facette que la boulimie que j'ai ressenti depuis le Pérou. Non, ici je vais plutôt tenter de décortiquer petit à petit le débat tourmenté qui fait rage dans mon esprit.
Nous avons laissé Léna et Loïc à Sucre. Cette parenthèse avec eux a été vraiment très agréable, et même si de par nos expériences nous avons des visions différentes du voyage, les discussions et les échanges nourris ont été très intéressants. Nul doute que je vais m'inspirer de leur récit dans la suite de mon voyage. Ils ont continué leur chemin vers le nord tandis que je décide de me rapprocher de la frontière Argentine avec Guillaume. Bonne route à eux, je sais ce qui les attend dans leur remontée du continent, et cela présage de bien belles choses ! Je serais presque jaloux qu'ils puissent découvrir avec des yeux nouveaux tout cela.
Car en effet, je suis en proie à une terrible lassitude de voyager. Ressentis partagés avec Guillaume, la quantité maladive de choses que nous avons ingurgitées en quelques mois nous pousse à nous arrêter prendre une pause. Comme un symbole, depuis le 1er Mai, nous avons complètement arrêté d'avancer. Le mouvement a laissé place à une lenteur réconfortante. Accepter que l'on est blasé par de telles aventures n'est pas chose simple, mais je crois que c'est nécessaire pour mieux repartir. Et c'est ce que nous avons fait, prendre le temps de se laisser aller à cette réalité.
C'est dans la petite ville très peu touristique de Tarija que nous avons élu domicile. Dans une petite pièce de 6m², nous avons déposé nos sacs pendant 15 jours à nouveau. Le besoin de lien social s'est rapidement fait ressentir, seul aspect que j'ai délaissé depuis mon départ de France. C'est ainsi que nous nous sommes retrouvés presque naturellement à l'anniversaire de "Neymar" dans une boîte karaoké, ou encore invités au mariage de Rafael et Luciana, ou bien même à faire des soirées complètement glauques dans des appartements de fortune. Mais qu'importe la forme qu'a revêtue la rencontre, elle a, à chaque fois participé à nourrir ce désir de socialisation.
Celle la plus forte a sans nul doute été avec Carla et Avani. Elles nous ont embarqués dans leur quotidien et dans leur folie avec une facilité déconcertante. Nous avons rapidement tissé une amitié très forte, nous invitant par exemple à participer à un cours d'odontologie avec elles à l'Université, à déguster des spécialités locales, à faire une sortie canoë dans leur maison de campagne tout droit sortie d'un film, à faire un déménagement ou même à donner un concert devant toute la famille. Des petits moments simples mais qui tombent au meilleur moment.
Après 2 semaines au rythme de la vie locale, nous laissons derrière nous cette ville inconnue de la plupart des voyageurs avec une certaine nostalgie, mais surtout avec de nouveau l'envie et la motivation de faire plein de nouvelles choses. Des idées fourmillent à nouveau dans mon esprit, dont la flamme avait semblé s’essouffler. Alors merci à elles, merci à eux, et merci à toutes les personnes qui prennent le temps de traiter les voyageurs avec la même délicatesse. Sans s'en rendre compte ils participent à leur façon à façonner le parcours de chacun d'entre nous. Dorénavant direction l'Argentine, et cette fois-ci pour de bon, avec le sac à dos rempli de bonnes ondes !
Quel voyage incroyable! C'est fantastique, je comprends bien cette envie de pause, je ne crois pas que ce soit être blasé, plus certainement une espèce "d'indigestion" de découvertes! Tant d'émotions et d'informations si fortes doivent être "digérées", et cette pause à été un temps de digestion et d'assimilation.
Bravo pour tout, et à plus loin sur la route!