Ce matin c’est décidé je change la bougie... j’ai 660km de route jusqu’a Oulan-Bator il faut que je retrouve la puissance complète. Et la moto redémarre correctement après ce changement. Que j’aurais pu, du, faire bien avant...
Je prépare mon sac, je le fixe à la moto et je suis prêt. Je revois le gars pour payer et il m’annoncent un prix supérieur à celui annoncé lorsqu’il m’a accosté à moto.. je lui dis qu’hier m’a bien annoncé 15000 tugriks (5€) pour la nuit et 7000 (2,3€) pour le repas enfin pour la soupe.... Ce matin c’est 25000 (8,4€) pour la nuit. Mais forcément ce matin bizarrement il comprend beaucoup moins bien l’anglais... alors je ne bataille pas et je paye.
Je pense qu’il a été plutôt habile. Et voyageant seul, sans guide ni chauffeur mongoles, il est facile de s’attaquer à moi sur les prix puisque je n’avais pas vraiment de référence pour une nuit en yourte ni pour un repas d’ailleurs. Mais je trouve ces pratiques malhonnêtes et très désagréable. Même si je sais bien qu’en allant en Asie je vais y être confronté à chaque instant...
Je fais quelques centaines de mètres à moto pour aller au pied du volcan qui surplombe le lac. Ce trajet ne me laisse pas le temps de tester la moto à pleine puissance mais je sens qu’elle réagi mieux dans la monté.. c’est rassurant.. 10min à pied seulement d’ascension pour avoir une vue sur le cratère et le lac. De quoi bien démarrer la journée.
Je compte avancer le plus loin possible en direction d’Oulan-Bator, pour terminer cette aventure demain de bonne heure pour avoir le temps de rendre la moto et de rentrer à la guesthouse me reposer. Cette aventure devient longue, ce dixième jour de moto est éprouvant, la route est longue, les fesses ne tiennent plus sur la moto et les tensions dans la nuque sont de plus en plus difficile à supporter. Et le vent est froid sur la moto alors je me couvre avec 5 épaisseurs...
Je ne veux pas me plaindre, je suis dans un décor de rêve, mais je ne profite plus vraiment. Je veux rentrer et me reposer et changer d’aventure même si celle ci reste fabuleuse.
Je suis rassuré, la moto fonce à 11000 tours, c’est le seul compteur qui fonctionne... je ne sais même pas à combien je roule, mais au alentour de 70km/h !!
Alors j’en profite et je roule en m’arrêtant seulement pour faire le plein et manger. Ce midi la je veux manger chaud et il y a plein de resto qui bordent la route alors je m’arrête devant celui qui a la plus belle pancarte. Oui mais il y personne a l'intérieur alors que des mongoles rentrent et sortent du resto voisin ce qui m’attire davantage. Et là qu’est ce que j'aperçois.. un vélo à sacoche de voyageur... et en effet il est là le cycliste croisé hier. Je me disais bien que j’avais des chances de le rattraper car il allait forcément vers Oulan-Bator.
A peine rentré je lui demande :
« Hi ! Where are you from ? »
...
« Hi ! I from France ! »
...
« oh me too !! Euuuh moi aussi génial.. et tu viens d’où ? »
...
« De Bretagne ! »
...
« Mais non ?! Je viens de Malestroit dans le Morbihan »
...
« ah bah je viens de Rostrenen »
...
Et voilà comment le hasard m’a mis sur le chemin de Jeff, un breton de génération 93 comme moi qui voyage à vélo habituellement avec sa copine qui a du rentrer deux semaines en France pendant que lui traverse la Mongolie en solitaire. Je commande le même plat que lui, délicieux, pour 7000 tugriks là aussi, mais bien plus copieux que la soupe d’hier soir.
Nous discutons et en venons au même constat, nous avons tous les deux hâte de terminer nos aventures respectives. La solitude nous pèse, la fatigue nous gagne et le moral est en baisse de forme.. alors l’idée de faire un bivouac ensemble ce soir nous viens comme une évidence.. Je ferais pas autant de kilomètres qu'espérer aujourd’hui mais je préfère ça et passer une bonne soirée que foncer pour passer une dernier nuit solitaire.
Jeff prend de l’avance à vélo, nous avons convenu d’un point d'arrêt avant la ville de Kharkhorin. Je finis mon assiette et le rattrape. Je l’encourage et je rejoins la ville pour faire des courses pour l'apéro de ce soir, bières, cacahuètes, chips.. ce qui ressemble à un festin pour nous !
J’en profite pour faire le plein et à mon retour Jeff m’attend déjà sur le bord de la route. Nous nous installons non loin de la rivière et le soleil se cache rapidement derrière la colline.
On discute de nos aventures, de nos projets de voyage, de nos rencontres, des anecdotes en Russie, en Mongolie, des locaux, des façons de voyager, et Jeff m’explique qu’il ne prend pas de plaisir seul à vélo. Cette étape sans sa copine ne lui permet pas de partager autant de chose. Eux aussi veulent se rapprocher des locaux, éviter de suivre les sentiers touristiques tous tracés. Et même à deux ils y arrivent. Alors cette discussion me fait réfléchir et j’en arrive à penser que moi aussi tout comme lui l’aventure solitaire n’est pas ce que je vais préférer dans mon voyage...
Nous partageons une grande plâtrés de nouilles chinoises pour nous réchauffé avant une nuit qui s’annonce plus douce que les précédentes (+2 degrés).