Durée : 1 journée (dont 4h30 d'ascension sur 1 400 m de dénivelé)
Altitude du sommet : 2 847 m
Diamètre du cratère : 200 m
Type : volcan gris explosif
Km parcourus à pied : 13 km
Il est classé parmi les plus actifs du Chili et du monde et il est aussi le plus dangereux. Les populations Mapuche l’ont surnommé « La maison du démon ».
Sa dernière activité volcanique remonte au 2 décembre 2014 suivie par une explosion de lave spectaculaire le 2 mars 2015 qui a nécessité en urgence à 3 heures du matin l’évacuation de 3 000 personnes dans les villes alentours dont Pucón.
Le réveil à 4h30, ça pique ! Notre nouvelle auberge est très éloignée du centre ville et le trajet à pied est… somnolent.
À 6h, on rejoint un couple et nos deux guides dans un local pour récupérer nos équipements : un pantalon et une veste de neige, une jupe de luge, une pelle de luge, des jambières, des chaussures, des crampons, un casque, un masque à gaz, des gants, un piolet et un sac d’alpinisme de 40 L pour porter le tout. Du vrai matos de pro !
Les deux guides nous disent qu’habituellement les groupes sont de 12 personnes maximum et qu'ils sont toujours full. Nous avons donc beaucoup de chance de n’être que 4 ! Ils nous expliquent grossièrement l’itinéraire et les mesures de sécurité.
C’est bon on est tous équipés, c’est parti !
On se rend en mini-van jusqu’au pied du volcan où on rejoint de nombreux autres groupes. C’est drôle, on se regarde tous d’un air endormi en tenant maladroitement notre piolet. On est pas vraiment sûr de ce qui nous attend...
Pour se rendre au début du premier tiers, il nous faut choisir entre payer pour prendre le télésiège (10min) ou faire la montée à pied (1h). Seuls les aguerris prennent avec courage le chemin à pied. Comme la plupart de nos camarades, on décide d’économiser nos forces contre quelques économies.
En se dirigeant vers le téléphérique, on doit monter une sorte de grande butte. Lola a déjà le souffle court avec son asthme et peine à arriver en haut. Ce n’est que le début… Dans quoi on s’est encore embarqué !
La dizaine de minutes dans le télésiège nous permet d’admirer la vue en 360° tout autour du volcan avec les lumières du soleil levant. C’est vraiment magnifique !
On se lance dans l’ascension du volcan en file indienne encadrés par les deux guides, un en tête de file et l’autre en dernier.
On monte pendant 1h30 au milieu de roches volcaniques noires et instables. C’est parfois difficile de trouver des appuis même en s’aidant du piolet car certaines roches sont bancales et menacent de nous emmener en roulé-boulé. On glisse plusieurs fois sur le sol gravillonneux et plusieurs pierres doivent être escaladées.
Clairement, pour nous c’est vraiment physique. Quand on s’arrête à la fin du premier tiers, Lola demande haletante si c’était bien le plus dur de l’ascension. Le guide nous répond mal à l’aise que non au contraire…
On se dit alors qu’on a vraiment été peu informés sur la difficulté de cette activité. C’est pourtant une excursion placardée partout en ville et mise en avant par toutes les agences.
La motivation de Lola prend un sacré coup de massue, elle ne se sent plus capable d’arriver au sommet. François se sent déjà lessivé mais garde quand même espoir.
Les guides nous enfilent les crampons aux pieds pour entamer le second tiers dans la neige.
On entame le second tiers dans la neige, nos crampons aux pieds. L’inclinaison de la pente s’intensifie, on a l’impression d’être nez à nez avec la glace. Personne ne parle, tout le monde est concentré en gardant un rythme de grimpette régulier.
Lola évite de regarder le vide dans son dos. Malgré son vertige, François s’y risque pour l’adrénaline, mais uniquement par des coups d’oeil rapides.
Comme on a les corps très penchés vers la pente enneigée, quand on lance des regards furtifs en direction du sommet du volcan, on a l’impression qu’on va basculer en arrière dans le vide.
On grimpe pendant 1h30 sans pause comme des robots programmés. Puis on s’arrête quelques minutes sur des rochers histoire de souffler, prendre un snack, boire un peu d’eau et prendre quelques photos.
Ensuite c’est reparti pour le dernier tiers, composé en grande partie
de neige puis de roches volcaniques avant d’arriver au cratère.
On
est épuisé, nos jambes chancèlent de plus en plus. Mais après tous ces
efforts, ce serait trop dommage de faire demi-tour. Puis je crois qu’on a
pas vraiment le choix de suivre le groupe alors on se lance dans cette
dernière ascension.
À peine on a repris le chemin enneigé la tête baissée concentrée sur nos pas, qu’on entend hurler de toute part autour de nous « ROCAAAA ! ROCAAAAAAAA ! ROCAAAAAAAAAAAAAAAA ! ».
Le ton paniqué de ces hurlements nous glace le sang en une seconde. Quand on lève les yeux, on voit un ÉNORME bloc de roche volcanique suivi de plusieurs autres dévaler à une vitesse indéchiffrable la pente sur laquelle on est en train de grimper. Ces blocs se sont surement décrochés du sommet rocheux…
Ils nous arrivent droit dessus en rebondissant dans tous les sens en prenant encore plus de vitesse. Le coeur battant à mille à l’heure et nos crampons aux pieds, on court se protéger auprès des rochers sur lesquels on venait de se reposer.
Sauf qu’il y a d’autres personnes en contre bas qui grimpent aussi et on voit les blocs de roche se diriger sur eux. On continue d’hurler « ROCAAAA !!!!!!! » en priant pour que personne ne soit blessé.
Le plus gros rocher traverse les grimpeurs sans toucher personne et les plus petits suivants sont pour la plupart stoppés par des alpinistes professionnels dont plusieurs juste au dessus de nous.
Le guide nous dit alors d’un ton tranquille que ça arrive très fréquemment. Rassurant…
Bon bin faut bien repartir, les jambes encore tremblantes de peur, on repart mais on ne cesse de regarder vers le sommet au cas où d’autres roches se décrochent.
On grimpe encore 1h dans la neige et c’est vraiment horrible, on est à bout de force... Lola manque de craquer à chaque pas, François est en pilotage automatique mais monte avec la peur du vide qui s’intensifie derrière lui.
On atteint la dernière partie rocheuse dans un sale état, on a hâte que cette ascension se termine ! Pendant la courte pause, on enlève nos crampons et on prépare nos masques à gaz pour éviter d’inhaler les fumées toxiques du cratère.
C’est pour nous une épreuve, mais la dernière. Le passage dans ces roches volcaniques s’apparente parfois à de l’escalade et avec nos forces réduites, on doit continuer de puiser dans nos dernières ressources.
L’asthme de Lola complique la respiration à travers le masque à gaz durant l’effort. François s’appuie timidement sur les roches instables car un roulé-boulé ici… il ne vaut mieux pas y penser !
On grimpe cette partie rocheuse pendant 30-45 minutes avant d’arriver au sommet !
ON Y EST ! ON Y EST ! ON Y EST !…. On a réussi !!!
La sensation une fois en haut est presque indescriptible. C’est un mélange de fierté, d’épuisement, de soulagement, de bonheur et de « BORDEL C’ÉTAIT TROP DUR ! ».
On jette un coup d’oeil sur le paysage 2500 mètres plus bas et la vue est incroyable !
Puis on se rapproche vers le cratère mais la partie enneigée où on se trouve ne nous permet que de voir la fumée s’échapper. Si on s’approche plus, on risque de glisser sur la pente et tomber au fond du gouffre.
Le guide nous emmène donc vers un autre côté duquel on peut vraiment observer le cratère fumant. Wow, c’est… FOU ! Et être juste à côté du coeur de ce volcan, un des plus actifs du Chili, ça met des fourmis dans le ventre.
On immortalise ce moment gravé pour toujours dans nos mémoires (encore un de plus :D).
On profite encore d’une autre vue magnifique sur les alentours, mais on traine pas trop sur place car on doit déjeuner avant d’entamer la redescente.
La partie rocheuse à descendre avec la vue sur le vide est beaucoup trop flippante. François n’est vraiment pas bien, il lutte contre le vertige.
Plus stressante mais moins fatigante, on arrive du coup assez vite au niveau de la partie enneigée. On engloutit nos sandwichs en dorant cramant face au soleil.
On sait qu’à partir de maintenant, finie la partie physique, place à la partie FUN : la redescente sur les fesses !
On s’équipe : pantalon et veste de neige, jupe et pelle de luge et les gants. Le guide nous donne quelques instructions, nous explique comment freiner avec le piolet sans risquer de se blesser avec.
Et c’est parti pour plus de 30 minutes de glissade !!! Pour descendre la partie enneigée qu’on a montée difficilement en 2h30.
C’est du bonheur à l’état pur ! C’est une magnifique récompense après tant d’efforts. On a du mal à réaliser qu’on ressent autant d’émotions contraires dans une même journée, c’est si INTENSE !
On se marre comme des gamins, on rit en avoir des crampes au ventre. On a largement le temps de profiter de chaque mètre descendu avant de rejoindre la partie rocheuse tout en bas.
Quand même, descendre un des volcans les plus actifs du Chili sur les fesses, c’est vraiment inoubliable !
Après la Grande Glissade, il nous reste encore à redescendre la partie rocheuse en bas du volcan et descendre la partie qu’on avait fait en télésiège le matin.
Au bout d’une heure on atteint ENFIN le point de départ qui est du coup notre point final. On savoure une bière fraîche en compagnie de nos camarades et nos deux guides puis on retourne au local d’équipement.
On y partage de nouveau une bière accompagnée de biscuits apéro. On discute un bon moment avec nos guides qui en profitent pour nous montrer la vidéo de la dernière éruption du volcan en mars 2015. C’est impressionnant !
Au final, cette expérience/activité sera une des plus belles vécues en Amérique du Sud. Elle nous aura particulièrement marqué du fait de la difficulté de l’ascension, l’intensité de ce cratère fumant qui peut exploser à tout moment et l’inoubliable redescente en luge !