A Paksé on prend un jour de repos, on visite bien sûr le marché, qui est un des plus grand du Laos. On a l'impression de voir tous ce que l'on peut trouver dans la région, des choses parfois insoupçonnées et ... étranges (bassine de grenouilles et crapauds, pain de viande rose fluo, insectes grillés, viande sèchée, pain, fruits et légumes en pagaille, préparations diverses, épices, vêtements......). On profite aussi d’être en ville pour s’acheter des selles en gel, une bénédiction pour la suite !
Le lendemain on part pour le plateau des bolavens, région de production de café et de thé (on visitera les deux types de plantation) où se trouve en plus une concentration de cascades. La visite du plateau se fait sur une boucle. La grande boucle fait plus de 300 km, à vélo ce serait trop, donc on séléctionne. Juste avant de partir, Alex a l’idée lumineuse de laisser une partie de notre paquetage à l’hôtel, puisque nous repasserons par Paksé. Parcontre, les chinois qui dirigent l’hôtel sont vraiment culottés, ils nous demandent de payer pour ce service, cest la première fois qu’on voit ça!
On monte le premier jour à Pakson (50km avec 1150m d'ascension). A mi-chemin nous sommes cueillis par une pluie de mousson. On se réfugie sous le toit en tôle d'une échope. On y rencontre et sympathise avec un couple de français, Amandine et Jérémy (oui, sous le toît de tôle). Nous aurons le temps de discuter pendant plus de 45 minutes de pluie soutenue. Quand la pluie se calme on sort nos capes de pluie et continuons notre ascension. En route on s'arrête quand même voir une première cascade, au guichet ils n'osent sûrement pas nous arrêter à cause de la pluie, 30'000 kips (3 euros) d'économisés!. Jérémy fait demi tour pour nous indiquer le nom de leur guesthouse (ils voyagent en scooter sur la boucle et ont pensé à nous du fait de la pluie battante, repartie de plus belle, vraiment sympa de leur part), on sortira manger ensemble le soir, au milieu d'une fête foraine.
Le lendemain on rejoint Tad Tayicsua (Tad = cascade en laotien), magnifique site avec 7 cascades et des coins pour se baigner. Le site est perdu dans la nature (seulement accessible par une piste de terre) et entouré d'eau. On restera dormir sur place dans cet endroit paisible et reposant.
Le jour suivant, on retourne vers Paksé, c’ est notre première étape de plus de 100 km (nous sommes bien aidés par les 50km de descente), on est rincés en arrivant.
La suite de notre voyage nous emmène à Champassak, petite ville avec une seule rue, longeant le Mékong, et avec quelques restes de l’architecture coloniale datant du protectorat Francais. Sur la route on rencontre un couple de Hollandais, Femie et Hans, voyageant comme nous à vélo. Nous faisons le chemin ensemble et dormons dans la même guesthouse. Notre chambre donne sur le Mékong et la terrasse et ses hamacs sont une invitation au repos. Nous restons une nuit de plus à Champassak pour se reposer et publier du blog au bord de l'eau. Le soir nous assistons à une representation du théatre des ombres, spectacle de marionnettes en ombres chinoises. Le metteur en scène est français (heureusement il raconte l'histoire avant que la representation ne commence) et un groupe de musiciens locaux assure la bande son. Le spectacle à un coté envoutant et c'est une vrai belle découverte pour nous.
pour ceux qui veulent en savoir plus sur ce théâtre,
Depuis Champassak nous rejoignons la région des quatre mille iles "Siphandon" en deux jours, plus de 100 km dont 20km de piste horrible et 2 bacs pour traverser le Mékong. On s’arrête une nuit dans un patelin pommé mais dans lequel nous aurons enfin à nouveau un peu de contact avec des laotiens, le proprio de notre guesthouse est docteur et parle un tout petit peu anglais, il nous propose de prendre l’apéro avec son fils et ses frères : bières avec glaçons, riz gluant accompagné d'une sorte de rillettes / marinade de poisson savoureuse et liserons d'eau à l'ail.
Arrivés dans le coin des 4000 îles on visite rapidement Don Khong mais on ne s'y arrête pas, on lui préfère Don Det malgré la "mauvaise" réputation de cette île (île des fêtards en voyage).
Le bungalow de notre guestouse est aussi au bord du Mékong et la terrasse équippée d'un hamac. Très facile de s'y faire. 2 jours sont suffisants pour faire le tour des îles de Don Det et de Don Kong. Un pont connecte ces deux îles. Ces îles étaient très importantes pour les Français dans la stratégique remontée du Mékong au début du 20ème siècle. En effet dans cette région des quatre mille îles, des chutes impressionantes empêchent une remontée du Mékong par voie fluviale. Les Français ont donc eu pour idée de bypasser ces chutes en faisant circuler sur les îles leurs bateaux au moyen d'une voie ferrée. Les voies ont ensuite permis l'acheminement de denrées et de personnes. Pendant notre séjour sur Don Det on recroise Amandine et Jérémy, ainsi que Paul, un irlandais - australien d'une soixantaine d'années, amoureux de voyage.
Pour rejoindre la frontière avec le Cambodge on prend le bac à 8h le matin. On passe à coté des chutes de Khone Phapeng (on ne visite pas car c'est à nouveau payant et ce principe ne nous plaît vraiment pas, une chute d’eau c’est naturel, ça n’appartient à personne !) Après une bonne vingtaine de km nous rejoignons les postes frontière laotien et cambodgien, à la réputation bien établie. En effet ils sont connus pour la corruption du personnel. Ne pas payer les dessous de mains est devenu quasiment une mission pour certains voyageurs. Nous commençons mal, on négocie mais on finit par donner 1 dollar chacun pour le tampon de sortie du Laos, sachant que ce dernier est gratuit (on nous demande quand même 2 dollars à la base, encore et toujours pour quelque chose de gratuit). Ensuite on arrive au niveau du poste frontière du Cambodge. Le guichet est pris d'assault par un groupe de Francais très remonté. Les douaniers n'ont pas l'air contents du tout, le ton monte, les douaniers quittent le guichet en vociférant (quoi, on ne sait pas...). On nous explique que personne ne veut payer les 5 dollars de backchiche et que les douaniers sont partis pour faire pression. En effet un bus est censé attendre les autres voyageurs, les douaniers jouent la montre. On patiente bien 1 heure, en partie en chansons (Champs Elysées pour manifester notre mécontentement), avant que les douaniers ne reviennent. On ne sait pas très bien ce qui les fait plier (Le fait d'avoir un attroupement au guichet ? Notre résolution à ne pas payer ? Les demandes de leur complice, le chauffeur de bus des voyageurs français ?). De retour ils demandent à nouveau 35 dollars (contre 30 officiellement), on ré-explique que nous n’en avons que 30 et cette fois ça passe. On obtient le visa ! Le tampon d'entrée est effectué gratuitement, le personnel a certainement suivi la scène du guichet précédent et ne veut pas s'engager dans un nouveau bras de fer.
Nous voilà au Cambodge !
Nous avons parcouru plus de 900 km à vélo au Laos entre Vientiane et la frontière Cambodgienne. Une bonne partie du chemin s'est fait au bord du Mékong au milieu des champs et principalement des rizières. Nous avons souffert de la chaleur même si nous commencions à pédaler tôt le matin (dép. vers 6 - 7h) et faisions une grande pause le midi. Connaitre l'état des routes et le traffic se sont avérées deux choses essentielles pour la planification des étapes mais aussi des informations difficiles à obtenir de manière fiable et ce malgré les différentes sources disponibles sur internet. Le choix du Laos comme premier voyage à vélo est validé, la plus part de notre trajet fut sur des routes de qualité correcte et plutôt plates en dehors des boucles. Nous garderons en mémoire le sourire des enfants (et les Sabaidee = bonjour) qui fut d'une grande aide pour maintenir le moral au top pendant les chaudes étapes à deux roues plutôt que la timidité des laotiens et la difficulté rencontrée pour communiquer. On restera aussi marqué par le niveau de décontraction - désinvolture - des laotiens ainsi que la trop grande simplicité et répétition de la nourriture. En résumé un beau pays mais peut être trop basique à notre goût.