Pour quitter les pistes du circuit des Annapurnas, on se dirige vers le Khopra trek, direction Khopra Danda = la crête de Khopra, sur un chemin très peu fréquenté et quasiment pas balisé, utilisé par les habitants du coin, exactement ce qu'il nous fallait après toute la circulation des derniers jours. Nous quittons la petite guesthouse de Lekh le ventre bien plein (deux pains Tibétains et une bonne omelette). La montée se fait dans une forêt primitive qui nous fait penser à une jungle. La montée est partiellement faite de marches en pierre avec à intervalles réguliers des stops pour se reposer. Ces derniers sont fait de tel manière que les gens portant des charges sur leur dos peuvent se reposer sans défaire leur système de portage. La forêt nous accompagne jusqu'au sommet. Cette dernière change avec des espèces différentes qui apparaissent et disparaissent le long du chemin. La végétation est luxuriante du début à la fin, d'abord des fleurs, puis des noyers et marronniers entre autres et enfin des bambous, des rhododendrons ainsi que d'énormes résineux. La montée est interminable, elle nous prend deux fois plus de temps qu'annoncé. Nous commençons même à douter que nous allons trouver un refuge en haut, on ne voit que deux symboles confirmant que nous sommes sur le bon chemin durant toute la durée de la montée (on n'est pas habitué à aussi peu d'informations).
Vers la fin on rencontre une dizaine des porteurs chargés de poutres en bois d'au moins 3 m de long. Ils ont l'air de souffrir dans cette montée avec le sol qui commence à devenir vraiment gras tandis que les marches disparaissent. Pour ajouter à la difficulté il se met à grêler (pas longtemps mais suffisamment pour que certains fondent dans notre dos). Le sommet est couvert de brouillard. Nous arrivons enfin au sommet dans le brouillard, juste trois baraquements. On repère un hotel, ils ont de la place. OUF ! Quel soulagement ! On commande immédiatement un Dahl Baht pour se remplir le ventre et se réchauffer (en bas nous avions chaud, en haut on sent la morsure du froid sur nos mains).
Le matin en se levant nous avons la surprise de voir que le sol est complètement blanc (il a neigé pendant la nuit) et que le ciel est complètement dégagé. Nous avons une bonne vue sur pas mal de pics, notemment le Daulaghiri et l'Annapurna Sud, vraiment sympa au reveil! Nous descendons vers Christibang et comme le soleil se lève nous quittons l'atmosphère hivernale du matin pour nous retrouver au printemps. Nous croisons un indien qui nous conseille vivement de nous arrêter à Dobato pour la nuit au Mont Lucky Hotel. Il nous assure que la vue depuis le point de vue de Muldaï vaut largement celle plus connue de Poon Hill et même la surpasse (cela tombe bien on ne voulait pas prolonger jusqu'à Poon Hill qui est certainement trop visité. N.B: jusqu'a 200-300 personnes pour le lever du soleil). De Chritibang nous remontons vers le village de Bayeli. Nous nous arretons pour manger et finissons notre journée de marche à Dobato.
Pas de chance pour nous d'autres marcheurs ont du avoir le même conseil et le Mt Lucky est plein comme un oeuf avec nous dedans, pour une soirée tranquille au coin du feu on repassera. En effet un groupe de britanniques assure le show !
Le matin on se leve tôt pour assister au lever du soleil sur le mont Muldaï (3650 m). La marche nous prend moins de 30 minutes dans un froid d'hiver (le sol est complètement gelé), nous sommes les premiers sur place et le lever du soleil vaut vraiment le coup. En effet on peut voir plus d'une une vingtaine de pics différents qui seront tour à tour illuminés. De plus nous sommes en groupe restreint et on peut faire des photos sans trop de premier plan humain :).
Après être redescendu à Dobato et avoir dévoré notre petit déjeuner on se met en route. Une journée de quasi unique descente. Ce n'est pas ce que l'on préfère mais il faut bien s'y coller à un moment. A partir de Tadapani on rejoint le chemin de trek traditionnel et touristique des Annapurnas qui ressemble à un chemin de marche du dimanche, très joli par ailleurs ; cela nous facilite la tâche. Une fois nos affaires posées à Ghandruk, important village Gurung, on en profite pour visiter la vieille ville qui semble être figée dans le temps. Des mamies travaillent le grain , des hommes boivent du thé devant leur porte, des buffles broutent dans les coins encore verts: des scènes de la vie de tous les jours dans un décor qui semble inchangé depuis des décennies.
On serait bien rentrés à Pokhara à pied mais on a pas trop envie de se taper de la piste tout du long. On décide donc de prendre le premier bus pour Pokhara. Départ 8h30 pour une descente peu rassurante sur des routes étroites, avec des vues imprenables sur des parois abruptes. Coeurs sensibles s'abstenir. De plus le bus est plein, les gens sortant les premiers sont parqués dans la rangée du milieu et doivent se tenir comme ils peuvent entre les virages et les bosses (place vraiment enviable !!!). La fin du voyage dans la vallée est plus calme, seule les bosses animent encore le trajet.