Traduction
L’être humain est comme un bateau : il a besoin d’un point d’ancrage, d’un port sûr. Mais il a également besoin de partir en mer, de naviguer à pleines voiles. Il doit faire l’expérience de la mer agitée et revenir avec des trésors de souvenirs.
Avec des trésors de souvenirs, sans doute, mais aussi peut-être un peu changé par ce qu’il a vécu. La vie nous transforme peu à peu. En quoi un voyage assez long peut-il participer à cette transformation. Et à quel point ?
Emportons ces questions dans nos sacoches.
Nous entrons alors dans une zone extraordinaire nommée Ringkobing-Skjern où une langue de dunes sépare la mer d’un lac saumâtre. Nous sommes partis pour la traverser. 30 kms du sud au nord.
Le plus difficile pour nous à vélo, c’est le vent. Quand il souffle (et c’est presque un jour sur deux), il est difficile de faire plus de 55 kms. Le vent est continu, obstiné et sûr de son effet, alors qu’au fil des heures nous sommes de moins en moins sûrs de notre coup de pédale. Ce n’est pas la même chose qu’en montagne où une montée, aussi rude soit-elle, est suivie d’une délicieuse et longue descente qui fait tellement de bien. Ici il faut tenir dans le tête-à-tête, et c’est tout. Mais quelle école de patience et même d’éthique : ne pas céder à la tentation de forcer le cours des choses.
Autre chose : le charme de ce type de voyage est en partie dans le mouvement perpétuel. Nous allons sans cesse sans nous arrêter. Métaphore de la vie qui file sans cesse et image d’une action toujours continuée. Aussi ce qui devrait être très fatiguant (le mouvement continu) est en fait reposant psychiquement. Peu à peu, tout le reste, tous les soucis statiques (ceux qui nous font piétiner sur place dans nos têtes), s’évaporent. Progressivement nous ne faisons plus qu’un avec le mouvement. Métaphore vécue du fait de « n’être que de passage ».
Mais sans doute le plus impressionnant, le plus vif, est le contact permanent avec les éléments, Être dehors chaque jour à leur contact, sur une selle, sous une toile de tente, allongés ou assis pour un pique-nique. Mais il faut souligner notre chance exceptionnelle d’avoir froid peut-être, mais toujours par beau temps, et de pouvoir compter sur le havre des campings. Presque trois semaines sans pluie. Et cela durera encore, paraît-il, dans les prochains jours. Une grâce.
Mais nous vous laissons tranquilles après ce bavardage, et quant à nous nous allons dormir. Arrivés à Sondervig, 1341 kms sont accomplis. Et demain est un autre jour.
Retrouvailles en début de semaine prochaine pour partager la seconde partie de cette traversée danoise.
Magnifiques ces premières semaines de voyage .. Merci pour tous ces beaux paysages et bonnes nouvelles .. Le tout quasi sans pluie, c'est un petit miracle.. Le vente repousse mais vous laisse secs, ça semble plus confortable à gérer..
Courage de chambériens assis sur un fauteuil moltoné ..