Commençons cette nouvelle étape par un fondu-enchaîné avec la précédente. Nous avions présenté une photo de la lumière à 2 h 10 du matin. Voici maintenant le calme parfait du camping filmé. La bande son cependant n’est pas vierge : surprise, les oiseaux ne dorment plus !
Quand nous repartons, nous sommes frappés par l’extraordinaire douceur de l’air, et par le soleil qui domine la journée, même si des nuages viennent donner ce que l’on nomme ordinairement un ciel variable, mais qui est ici un ciel extraordinaire par ses tonalités, ses variations de couleur et sa luminosité.
Dans ce camping, nous avons rencontré deux autres cyclistes français, partis de Paris avec des vélos extraordinaires, fabriqués en Allemagne. Extraordinaires, parce qu’ils permettent chacun d’emmener avec soi un enfant qui est installé… devant le conducteur principal, comme sur le guidon, mais avec une selle et surtout un autre système de pédalier articulé au pédalier principal.
Ce couple emmène ses deux enfants de 10 et 6 ans !! Ils relient à 4 la distance qui sépare Hambourg du Cap Nord.
Ils ont choisi de vivre à 4 cette aventure, avec une placidité remarquable. Trente à quarante kilomètres par jour durant 5 mois.
Ils sont de plus en plus nombreux ces couples qui ont entre 30 et 40 ans et qui optent pour un long break, qui font rupture avec leur vie ordinaire où souvent le surmenage est de règle. Chez ceux dont nous parlons, qui semblent ne pas être à leur coup d’essai, la longue itinérance, le nomadisme, est en partie un style de vie. Un des derniers hors des sentiers battus, sans être extrême ?
Nous en voyons d’autres au cours du chemin. Nous songeons à un couple de Suisses en camping-car qui part pour 4 mois, là aussi avec leurs deux enfants (en leur faisant régulièrement l’école par eux-mêmes en liaison avec les professeurs que leurs enfants ont habituellement).
Pour les deux Français, Ghislain, pris dans la conversation, se reproche amèrement de ne pas avoir pensé à prendre une photo d’eux avec leurs extraordinaires destriers. Mais c’est non rattrapable. C’est un peu cela aussi la règle du nomadisme : quand vous êtes passé, vous êtes passé. Toute première fois est toujours ou presque la dernière fois. Quelle saveur donnée au temps !
Cette décision de prendre des ciels en photo est venue de la lecture, il y a quelques jours, d’un article du journal Le Monde en date du 29 mai, qui parle de la Commission mondiale sur la gouvernance des risques liés au réchauffement climatique, composée « d’anciens commissaires européens, chefs d’État ou ministres de pays du nord et du sud ou diplomates de haut rang ». Cette commission envisage, parmi les possibilités, la « géo-ingénierie solaire ». Celle-ci consiste à « injecter dans la haute atmosphère des particules aérosols destinées à occulter une part de la lumière du Soleil et à faire baisser le thermomètre mondial ». Parmi les effets collatéraux prévisibles (dont la perturbation des moussons et l’altération des courants marins), il y a la disparition du bleu du ciel. Le ciel deviendra blanchâtre au moment où il fait beau et gris foncé sous les nuages. Alors il n’est pas inutile de prendre aujourd’hui des photos sur les variations du bleu du ciel. Pour témoigner à nos petits-enfants que cela a pu exister … …
Le lendemain matin, nous commençons la visite de la partie de l’île tournée vers la mer. Le temps a sensiblement changé, avec brume de mer. Solitude presque totale : nous rencontrerons une personne. Et ambiance mystérieuse…
Et sur une route pour l’essentiel non goudronnée du fait d’important travaux, nous roulons vers Holm…
Cette fois le temps change vraiment. À vrai dire la Norvège ne serait sans doute pas la Norvège si ce type d’équipement….
Et c’est bien équipés que nous vous disons…
À bientôt pour la suite !