Et nous entamons ce que les Norvégiens nomment Atlanterhavsveien, une route achevée en 1989 qui relie 7 îles et dont les ponts défient les lois de la pesanteur..
Au terme d’une solide étape de 92 kms, nous célébrons aussi la Bergfest, c’est-à-dire la moitié exacte (en durée) du voyage jusqu’au Cap Nord.
Le soir, nous sympathisons avec des Norvégiens de Kristiansund. Nous parlons avec eux du chemin qui y mène. Problème : un très long tunnel interdit aux vélos. Pour entrer en ville, pas de ferry, mais seulement un système de bus. Mais demain, c’est jeudi de l’Ascension ! Pas de bus avant 13 h 45. Il faudra se résoudre à attendre, mais très gentiment ils nous proposent un lift ! Ils nous emmèneront demain dans leur camping-car et nous feront faire un tour de la ville. Ils vont même nous conduire jusqu’au bac-ferry suivant, 8 kms après la ville. Car nous aurions voulu visiter le musée de la pêche à Kristiansund, mais il n’ouvre qu’au mois de juin. Petit inconvénient de venir très tôt en saison.
Le problème est donc très simple : impossible de « descendre » les vitesses. Dans les côtes, avec le chargement, les plus petites sont nécessaires ; sur le plat, avec les plus petites, vous n’avancez pas ! Il faut se résoudre à les passer (le moins souvent possible) « manuellement » en allant au moyeu de la roue arrière où se trouve le système Rohloff et faire manuellement ce que le sélecteur fait pour vous.
Nous avons fait ainsi environ 45 kms. Comme on ne peut changer tout le temps les vitesses, il faut trouver un moyen terme, et l’on avance, mais au prix d’efforts redoutables. Casser un sélecteur est une chose, s’abîmer un tendon ou un muscle en est une autre. Il faut donc doser. Pas simple.
Alors, arrivés au premier gros bourg, au nom impossible à prononcer : Kyrksæterøra, nous cherchons comment prendre le premier bus pour Trondheim qui est encore à 100 kms.
Mais en cette circonstance, il n’y a pas de miracle. Ils n’ont pas la pièce en stock. Ils font une réparation de fortune qui tiendra… ce qu’elle tiendra, disent-ils. Car il manque une petite pièce tombée sur la route (j’en avais récupéré 3, il y en avait 4). Ils nous encouragent à faire la tournée des popotes, ce que nous faisons. Nous allons visiter 7 magasins spécialisés.
Reste à regarder les sites de vente de pièces sur internet. C’est là que se produit un petit miracle : le plus gros vendeur de pièces détachées a encore une pièce en stock, le sélecteur de la main gauche (celui qui est cassé), alors qu’il n’a plus la main droite et qu’il faudrait des semaines pour l’obtenir.
La crise générale qui touche les acheminements se fait sentir aussi sur les stocks. Les commerçants n’arrivent plus à s’approvisionner et les délais deviennent fous. Nous sommes donc très chanceux.
Comme il faut un délai pour l’envoi de la pièce, nous la faisons acheminer à Bodø où nous serons normalement dans 12 jours.
Reste à prier pour que la réparation de fortune tienne le coup ; et aussi à être particulièrement précautionneux dans l’usage du sélecteur.
S’il casse à nouveau, de sacrés efforts seront au programme.
Mais pour l’instant nous sommes à Trondheim. Sereine et superbe ville royale, que nous allons savourer deux jours durant. Nous attendions en particulier la cathédrale et la visite d’un des plus importants musée de la musique au monde, qui se trouve dans cette ville ! Jolie fin de semaine en perspective, dont nous vous parlerons bientôt.