Relax Max …

« Il est libre, Max, il est libre Max,

Y’en a même qui disent qu’ils l’ont vu voler » (Hervé Cristiani)

Cela fait du bien le repos, après 16 jours de vélo sans interruption (en fait depuis Amsterdam). A vrai dire c’est indispensable. Ce 2 mai, nous avons ignoré les vélos sagement rangés dans le couloir du rez-de-chaussée du RB&B que nous avons réservé depuis le port de Hirtshals. Le seul rapport que nous avons eu avec nos destriers en ce jour posé, c’est le nettoyage et le graissage des chaînes. En roulant dans le sable des dunes danoises, elles ont séché et ont aussi agglutiné les grains de sable. L’huile sur la chaîne, c’est comme l’avoine pour le cheval.

Quelques miettes philosophiques pour commencer cette pause.

Le printemps qui ne s’arrête jamais.

C’est une expérience singulière que de voir le printemps floral continuer, continuer sans jamais s’arrêter. Comme si le temps avait suspendu son vol alors même que nous nous déplaçons sans cesse. Comme nous montons vers le Nord en permanence jusqu’à présent (cela va changer avec la côte sud de la Norvège qui nous fera d’abord faire un mouvement d’est en ouest), nous voyons depuis 2 semaines les pommiers en fleurs et les bourgeons éclore. Jamais nous n’avions pu aussi bien observer la nature qui se réveille et les arbres en train de se vêtir. C’est presque impudique. D’autant que la saison des amours bat son plein chez les oiseaux et qu’ils exhibent leur joie reproductrice. Plus encore : chez les Danois, les taureaux sont au champ, parmi les vaches. L’acte est alors plus spectaculaire, mais apparemment les vaches ne se plaignent pas de l’absence d’insémination artificielle qui est de règle dans tant de troupeaux. Bref, la sève du printemps est partout, et dans ce trajet elle semble appelée à durer toujours.

Nous pourrions aussi parler longuement de la paix qui s’installe. Quittant des régions très denses pour des contrées peu habitées, nous découvrons une grande paix que rien ne perturbe. Nous retrouvons aussi le contact immédiat avec les choses et les éléments. Que ce soit dans les villes, les maisons ou les voitures, nous ne sommes qu’avec nous-mêmes. Le monde n’est plus le lieu de notre surgissement, notre milieu, l’unique milieu réel que nous puissions avoir, mais un environnement abstrait tenu à distance et dont nous disposons comme d’une chose. De cela d’ailleurs, il a commencé de se venger. Mais en tout cas le retrouver, sans naïveté et donc avec toutes les précautions qui sont indispensables aux créatures que nous sommes (du vêtement chaud aux pommades nécessaires pour affronter la dureté des éléments) ; oui, le retrouver fait du bien.

Bien sûr l’activité humaine n’est jamais bien loin en Europe. Et régulièrement nous reprenons contact, spécialement au croisement de certaines routes, avec l’activité intense de notre univers social. Il n’empêche, nous traversons dans ce voyage bien des lieux d’une tranquillité et d’une paix que nous pensions disparues en Europe.

Mais revenons vite à notre bourg de repos. Port méridional de Norvège : Kristiansand.

Il devait avoir lu le Discours de la méthode, car le centre de la ville a été construit comme un quadrilatère aux rues à angle droit.

Mais ce jour-là nous restons la majeure partie du temps dans notre logement d’un jour…

En tout cas demain mardi 4 mai, tous deux seront complètement regonflés, comme leurs pneus ! Vendredi ils reviendront vers vous après les premiers jours de découverte norvégienne.