Depuis 2007, je pratique la marche au long cours sur une douzaine de jours ou plus suivant congé.
Sans compter les randonnées vosgiennes habitant à l'époque dans la vallée de Munster.
Joie de l'immersion en pleine nature, découverte de paysages splendides, les actes simples de la vie : Une rencontre sympa, boire de l'eau, manger un bon repas, bien se reposer, et bien entendu une bonne bière fraîche, deviennent la quintessence du bonheur.Sans oublier la douleur, la fatigue, les météos difficiles, les coups au moral, les nuits médiocres. L'un ne va pas sans l'autre.
J'aime la marche. Addict aux endorphines, à la dopamine et sérotonine. Ce n'est pas la pire des addictions.
Par contre, le vélo me donne mal au fesse et la course à pieds, une véritable torture. Comme quoi, chacun son truc !
Quand on marche, on rencontre d'autres randonneurs, et que peuvent bien se raconter des randonneurs ? Des histoires de randonnée pardi ! Et Compostelle finit un jour dans votre oreille. Discrètement l'idée s'installe, puis vient l'envie et le projet prend forme jusqu'à sa réalisation.
C'est dans cette état d'esprit randonneur que j'arrive le 29 avril 2011 au Puy en Velay pour me rendre à Santiago (puis Fisterra et Muxia) via le Camino del Norte.
Il m'aura fallu 54 jours (dont 2 de repos), 1 ampoule et 2 tendinites pour franchir le panneau Santiago. 4 jours supplémentaires pour rejoindre Fisterra et Muxia au bord de l'océan.
Deux mois de liberté sur les chemins à user mes semelles, l'euphorie !
Quid de la partie spirituelle du chemin ! Moi qui n'ai la foi qu'un jour sur deux (voir trois), on verra bien !A la sortie du Puy, très vite la présence de nombreux marcheurs m'incommode. Qu'est ce que ces gens foutent sur MON chemin ! Alors je ralentis le pas et malgré cela je rattrape des groupes que je salue du bout des lèvres, et puis zut, je passe la cinquième et sème la compagnie pour me retrouver enfin seul sous le ciel et les frondaisons.
J'vous le dis, randonneur dans la tête ! Ce n'est qu'en Espagne que je m'habillerai définitivement la veste et me présenterais comme pèlerin.
Pèlerin ! C'est quoi être pèlerin ? Difficile à expliquer ! Un état d'esprit, un état d'âme, un état d'être surtout. Une appétence pour l'altérité sans jugement et avec bienveillance.
Faire le chemin, c'est aller à la rencontre de l'autre, chômeurs, patrons, salariés, artistes, etc. Mais aussi français, allemands, italiens, espagnol, anglais, suisse, polonais, algériens, marocains, québécois, américain, brésiliens, chiliens, coréens, chinois, vietnamiens, le monde entier quelque soit sa confession s'est donné rendez-vous sur le parcours.
Bon ça c'était avant Covid ! En espérant que ça revienne.
Faire le chemin, c'est aller à la rencontre de SOI.
A mon retour, il me faudra quelques mois pour comprendre qu'il y a un avant et un après Compostelle.
Retour difficile d'ailleurs, il faut reprendre le quotidien, les horaires imposés.
D'aucuns diront, bienvenue dans la vrai vie ! Et moi de penser, La vrai Vie, ne l'ai-je pas quitter justement ?
Je reprendrais mes bâtons durant les grandes vacances.
Malgré tout, me restera ancré viscéralement, l'envie de repartir pour accomplir l'intégralité du parcours et d'en faire le retour. Et pourquoi pas s'inscrire dans une activité liée ou proche du chemin.
Ainsi est né ce projet.