Margarita, notre hôtesse à Cumbaya s'avère être une universitaire qui a publié un ouvrage sur les cimetières ! Elle est donc bien placée pour nous conseiller sur le lieu où se rendre pour voir les célébrations du "Dia de los Difuntos". Elle suggère celui de San Diego, dans le centre historique de Quito. Nous changeons donc nos plans et nous y rendrons en taxi, puis nous repartirons de là pour aller à notre hébergement près du terminal des bus, situé au sud.
En attendant, Margarita papote avec Aurore, à propos des habitudes familiales selon les pays et du passé de la Grande Colombie, qui englobait autrefois l'Equateur, le Vénézuela, Panama et une partie nord du Pérou et du Brésil. J'arrive à suivre la conversation de temps à autre... Elle nous fait ensuite l'honneur d'une visite de son jardin équatorial, ses canards, oies et lapins. Nous pensions partir à 10h, il en est 11...
Le taxi vient nous chercher et nous conduit en une demi-heure auprès du cimetière San Diego. Dès qu'il a posé nos valises sur le sol, un cycliste arrivé, épouvanté et lui dit qu'il ne peut pas nous laisser ici, c'est "muy peligroso", très dangereux. Le chauffeur explique que nous voulons juste traverser pour nous rendre au cimetière. Impossible, dit le cycliste, elles vont se faire arracher leurs bagages ! Aurore n'hésite pas une seconde et empoigne sa valise pour la remettre dans le coffre. Le chauffeur ne peut pas nous conduire à Quitumbe, il ne connait pas cette partie de la ville et nous conseille de prendre le taxi d'en face. Cela va s'avérer un excellent choix !
Ernesto, notre nouveau chauffeur, engage la conversation et commente ce que nous voyons en passant. Quartier du vieux Quito, puis usine de montage automobile, fabrique de chocolat... Nous lui parlons de notre désir de visiter un cimetière en ce jour des défunts. Il nous indique celui de la Madeleine, dont Margarita nous a parlé, puis celui de Santa Rosa, un peu plus loin à l'extérieur de la ville qui est superbe d'après lui. Nous lui demandons de nous attendre après nous avoir déposées à l'hôtel, puis de nous conduire à ce dernier. Nous traversons un quartier déshérité, avec une circulation dense et des rejets de pots d'échappement désagréables, puis nous prenons de l'altitude et arrivons dans la campagne.
Il s'arrête à la porte du cimetière, parle avec des hôtesses et leur fait part de notre souhait. L'une d'entre elles monte dans le taxi et nous voilà partis pour un tour de découverte de ce cimetière paysager, récent. Elle nous fait stopper à plusieurs reprises et nous donne de nombreuses explications. Les familles sont là pour décorer les tombes, en vue de la célébration, qui aura finalement lieu le lendemain. En effet, le gouvernement a décidé de décaler les deux jours de congé des 1er et 2 novembre, afin que les familles aient un grand week-end entre le 3 et le 6 novembre. Des chapiteaux sont en train d'être montés, pour abriter les orchestres qui vont jouer de la musique pour cette fête.
Pour terminer, notre guide nous emmène dans la cafétéria du cimetière, pour nous offrir les deux spécialités de cette fête : le guagua de pan et le colada morada. Le guagua est une brioche en forme de corps, fourrée à la confiture et le colada, une boisson chaude épaisse aux fruits, épices et farine de maïs violet. (un peu comme notre vin chaud). Tout cela est très bon. Nous lui laissons un pourboire et elle tient absolument à faire une photo avec nous deux.
Le fiasco de San Diego se termine en une magnifique aventure humaine !
Nous avons pris beaucoup d'altitude aujourd'hui et avons dépassé les 3 000 mètres. Nous commençons à nous sentir essoufflées et notre pas se fait lent. Ernesto nous redescend vers l'hôtel, en faisant un arrêt au terminal, afin que nous puissions acheter nos tickets pour partir tôt demain rejoindre la côte. Il connait bien le terminal, car il a conduit des bus pendant trente ans. Il nous aide à acheter le meilleur billet. Il nous en coûte 13 dollars (=13 euros) pour parcourir les 400 km en 8 heures.
Et pour finir avec les bonnes nouvelles, Ernesto habite non loin d'ici et viendra nous chercher demain à l'hôtel pour nous conduire au terminal.
De retour à notre chambre, Aurore est épuisée (elle a mal dormi la nuit dernière) et se contente d'un thé pour tout repas, avant de se coucher à 17 h. Comme j'ai faim, je sors m'acheter à manger, juste à côté de l'hôtel et franchement, même si le petit magasin n'a pas grand-chose à m'offrir, je ne vais pas plus loin, le quartier et ses magasins où l'on vous sert derrière un grillage, ne m'inspire guère confiance !
L'hôtel Allegria est très chouette et le gérant fait tout pour nous satisfaire, en rétablissant le wifi qui était plus que poussif et en aménageant l'horaire du petit-déjeuner pour que nous ne partions pas le ventre creux.