Julian nous a dit que le petit-déjeuner aurait lieu à la ferme du chocolat, que nous devons atteindre en canoë à partir de 8 h 30. C'est bien tard pour des lève-tôt comme nous. En effet, dès 5 h 30, en mettant le nez dehors, je croise les enfants qui vont au collège. J'ai quelques provisions, sous forme de biscuits et barre de céréales, pour me faire patienter en attendant le bateau. Celui-ci est déposé par une camionnette et le rameur l'accoste près de ceux de la communauté. C'est très rudimentaire, une simple planche - mouillée - est installée au fond pour qu'on puisse s'y assoir. Mieux vaut ne pas bouger, sous peine de faire tanguer le bateau. Je suis moins à plaindre qu'Aurore, assise à l'arrière, qui va passer une bonne partie de la demi-heure de navigation à écoper, le bateau prenant l'eau ! Certains passages sont difficiles et nous aurons l'occasion d'être bien arrosés lorsque l'embarcation s'est penchée jusqu'au bord de l'eau. Nous arrivons bien crottées, mais cela sèche vite.
Une demi-heure de marche nous attend ensuite pour rejoindre la chocolaterie, qui est une sorte de ferme pédagogique, avec des cacaoyers et de nombreuses autres plantes. En chemin, Julian nous fait goûter différents fruits qu'il trouve le long de la route.
Arrivés à la chocolaterie, nous découvrons les cabosses, ainsi que les fleurs qui deviendront cabosses. Quelques perroquets sont également de la partie. Nous assistons à la torréfaction des graines, puis participons à l'épluchage, avant que les fèves soient moulues et réduites en purée. Pendant ce temps, la maîtresse des lieux nous prépare le meilleur petit-déjeuner que nous ayons eu jusqu'ici, avec un grand bol de fruits, du chocolat et une tisane préparée à partir des épluchures, de fèves, du yaourt, des œufs brouillés, une galette chaude de manioc au fromage.
Nous repartons, toujours à pied, de la chocolaterie. Julien surveille les arrivées de voitures, au cas où un taxi se présenterait. Justement, voici un pick-up, il fait signe. Il s'agit d'un employé de la société qui est en train de construire un nouveau pont, pour désenclaver un peu plus les communautés de la région. Il nous véhicule gratuitement jusqu'au chantier, ce qui nous fait gagner un ou deux kilomètres de montée.
Nous faisons un petit crochet vers une lagune dans laquelle se sont installés des caïmans. Julian jette un peu de nourriture pour les attirer. Un adulte, de petite taille, vient rapidement, suivi d'un, puis de deux jeunes. C'est amusant de les voir onduler.
Chemin faisant, Julian continue de nous instruire et amuser avec les plantes qui nous entourent. Il nous fait un nez de perroquet avec une fleur, nous tresse une couronne avec des feuilles, nous fait goûter quelques fruits.
Nous grimpons toujours, pour arriver au mirador. La vue sur la vallée est effectivement impressionnante. Le fleuve Pastaza reçoit à cet endroit les eaux du Puyo, sur lequel nous venons de naviguer.
Il est temps de refaire le chemin en sens inverse, mais cette fois-ci, cela descend. Julian a des difficultés pour entrer en contact avec l'agence afin de savoir où et quand ils doivent nous récupérer. Lui-même a un impératif, il a un cours de perfectionnement à 17 h à Puyo pour valider sa licence de guide. Un premier contact fait apparaître qu'il n'y a pas eu d'excursion à la journée aujourd'hui et qu'ils ne peuvent nous faire rentrer par ce moyen. Julian propose de nous emmener en bus avec lui jusqu'à Puyo et, de là, de nous mettre dans un bus pour Baños Cela me convient bien, nous partirions à 15 h plutôt que d'attendre 18 h ou 18 h 30.
Il est 13 h et nous devons encore prendre le déjeuner chez Julian, il faut donc accélérer. Cela tombe bien, le pick-up de livraison de la barque de ce matin nous voit sur le bord de la route et nous propose de nous emmener. J'ai un mal fou à monter à l'arrière, car il y a déjà une barque et je ne peux pas étendre ma jambe pour enjamber le bord. Le rameur vient à ma rescousse en me hissant dans la remorque. On nous conseille de nous assoir au bord, mais je préfère m'installer sur le plancher !
La femme de Julian nous a préparé une soupe et un plat avec un morceau de bœuf, nous avons un peu de mal à y faire honneur après le copieux petit-déjeuner tardif !
Nouveau coup de fil, l'agence a finalement trouvé un transport collectif d'une autre sortie. Il nous faudra attendre au bord de la route, un des enfants de Julian nous y conduira. Tout cela me parait bien compliqué et hasardeux et nous demandons finalement à conserver la solution du bus. Quand nous arrivons au bout du chemin, un bus vient juste de passer et nous devons patienter. Un pick-up passe et nous propose de nous avancer jusqu'à la route principale, où il y aura plus de bus. Il prend également un jeune papa et sa petite fille qui vont dans la même direction. Et c'est reparti ! C'est un peu plus confortable cette fois, car il y a plus d'espace. La solidarité n'est pas un vain mot parmi les communautés qui peuplent cette région.
Arrivés à Puyo, Julian nous accompagne en taxi jusqu'au terminal interrégional et s'assure que nous montons dans le bon bus. Nous nous quittons avec tristesse, après ces 24 heures passées ensemble. Cela a vraiment été une expérience incroyable !