7h37 précise ! Je prends le départ seul, les suédois sont partis avec Chris le polonais. Ils préfèrent garder le rythme en commençant de bonne heure. Moi je préfère attendre le soleil, gagner quelques degrés, et rester au chaud un peu plus longtemps le matin.
Une étape de 7km seulement, mais dès le départ je sens que j’ai le souffle court. Je ressens le manque d’oxygène. C’est une sensation spéciale, les jambes vont bien, il fait froid mais je suis bien habillé. Malgré tout je suis obligé de m’arrêter régulièrement pour reprendre mon souffle. Il faut trouver le rythme pour garder une respiration lente et régulière. J’aperçois au loin le petit groupe, je les repère grâce au couverture de sac fluo. Mais je suis encore une fois très bien seul, à mon rythme, je profite. Le silence et la puissance des lieux donnent de la force pour avancer. Je m’arrête dans un petit Thé Shop prendre un thé noir qui me réchauffe bien. Un panneau indique une zone dangereuse où des rochers dévale la montagne régulièrement. Une zone où il n’est pas bon de faire un pause. Alors je prends mon rythme, avec un souffle régulier en étant attentif au moindre bruit. Mais je n’entend que les oiseux des montagnes et tant mieux ! Ça grimpe pour gagner 500m d’altitude jusqu’à Phedi. La neige persiste, mais les crampons ne sont pas nécessaires encore. Le sol est gelé, les parties ensoleillées dégelés dans la journée. Une boue se créer puis gèle dans la nuit. Donc le matin les traces de pas sont congelés dans la terre et recouvert de glace. Après 3h j’arrive au refuge, et le petit groupe vient d’arriver. Comme hier nous sommes les premiers. On choisit nos chambres, et on décide de se mettre ensemble avec le polonais qui lui aussi est solo ici. On se dit qu’on gagnera peut-être quelques degrés en étant deux à réchauffer la chambre.. haha. On se dit surtout que c’est plus sympa et rassurant pour cette nuit à 4400m d’altitude.. Une nouvelle après-midi sieste puis jeux de carte. Un bon dîner et une soirée autour du feu à se réchauffer. Tout le monde se pose la même question, à quelle heure prendre le départ demain ? Les suédois veulent commencer très tôt, vers 4h-4h30 car ils pensent prendre plus de temps à monter. Et à priori le vent se lève vers 9h là haut. Le polonais est partant pour les suivre. Mais il n’a pas de crampons.. alors marcher dans la nuit semble plusieurs heures paraît risqué. Le couple de polonais est là aussi, même si Kamil n’est pas en forme avec l’altitude. Et l’australien lui aussi se pose là question.. Moi je souhaite démarrer aux premières lueurs du jours, vers 5h30-6h pas avant. Sachant qu’un groupe par avec guide vers 4h30-5h. Il nous suffira de suivre. Car la neige est de retour ce soir, donc les premiers à passer feront la traces. Partir sans guide et ouvrir la trace dans la nuit paraît risqué. Les suédois pensent donc suivre le groupe avec le guide. Et nous avec l’australien, le couple de polonais et Chris mon collègue de chambrer on formera sûrement un deuxième groupe. C’est marrant de voir que ce Thorong La Pass occupe toutes les pensées. Pour la majorité d’entre nous c’est une première à cette altitude. On le sait tous en se lançant dans ce trek que ce jour va arriver, qu’il faudra surmonter la difficulté. Et il y a beaucoup d’incertitude sur la réaction de notre corps à l’altitude. L’humeur est tout de même joyeuse malgré le froid. On sait aussi que c’est l’étape la plus difficile et qu’une fois passer on redescend, on gagne quelques degrés et on oublie les problèmes du à l’altitude. Moi même je suis plein de doute. J’ai quelques maux de tête de temps en temps. J’ai très mal dormi la nuit dernière. Et c’est un saut dans l’inconnu !Comment vais-je réagir à l’altitude ? Au manque d’oxygène ? Comment m’habiller demain matin pour être au mieux dans la montée ? Comment bien m’alimenter pour passer cette épreuve ? Réponse demain..