La matinée débute avec une visite guidée en français de deux tombeaux impériaux, ceux de Khai Dinh et Minh Mang (12e et 2e empereurs de la dynastie).
Il y a presque autant de tombeaux autour de Hué que d'empereurs ayant régnés. Ils sont tous classés au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Les empereurs ne disposant pas de tombeaux ont été destitués, sont partis en exile ou encore, pour le dernier, enterré à Paris où il a vécu après avoir transmis la direction du pays à Ho Chi Minh en 1945.
Les tombeaux impériaux sont bien plus que de simples mausolées. Dans la religion bouddhiste et selon les croyances vietnamiennes, la vie se poursuit dans l'au-delà et ce pour l'éternité, avec les mêmes besoins que les vivants.
Ainsi chaque empereur s'est fait construire de son vivant un tombeau à son image, répondant à ses besoins pour l'au-delà et sur un site choisit par le souverain sur différents critères : il doit être entouré de montagnes pour repousser les mauvais esprits et à proximité d'une rivière ou d'un lac pour purifier son âme avant de rejoindre l'au-delà.
Il faut savoir par ailleurs que le tombeau en tant que tel n'occupe qu'un petit espace sur un domaine de plusieurs hectares. Il s'agit avant tout d'une sorte de résidence impériale de villégiature, où l'empereur peut y passer du bon temps avant sa mort. Malheureusement, la construction de telles résidences demande du temps et des moyens financiers et humains conséquents. Certains ne pourront donc jamais y vivre et leur fils devra terminer l'aménagement de leurs tombeaux en plus du leur.
Ces tombeaux ont été financés grâce aux impôts locaux. Certains souverains n'ont pas hésité à augmenter les impôts pour faire venir des matériaux luxueux d'à travers le monde comme des portails en métal de France, du marbre italien ou encore de la porcelaine de Chine. Cela a parfois mené à des guérillas civiles et la construction de tels bâtiments a dû être davantage encadrée.
Concernant les deux temples visités ce matin, celui de Khai Dinh mêlait à la fois des éléments architecturaux typiques vietnamiens que modernes. C'est un temple très minéral et épousant le relief refletant la personnalité de cet empereur moderne. Celui de Minh Mang était quant à lui plus bucolique, plus grand (il fallait tout de même héberger ses 400 concubines...) et avec une architecture solennelle, correspondant aux croyances profondes de l’empereur.
On retrouve néanmoins des similitudes entre ces deux sites, notamment une esplanade avec des statues de ministres (les mandarins), de soldats et leurs montures (éléphants et chevaux) et un pavillon avec une stèle faisant la biographie de l'empereur rédigée par son fils.
Notre guide nous apprend également que chaque dessin, gravure, mosaïque et aménagement ont une signification particulière, ce qui nous permet de mieux comprendre cette culture si différente de la notre.
L'après-midi, nous poursuivons la visite de Hué, toujours en bonne compagnie de notre guide, vers la pagode de la Dame Céleste et la cité impériale.
La pagode de la Dame Céleste est un temple boudhiste perché en haut d'une colline faisant face aux montagnes alentours et surplombant la rivière des Parfums (nommée ainsi du fait de la présence de plantes aromatiques à sa source). Elle est reconnaissable grâce à sa tour octogonale de 7 étages évoquant les réincarnations de Bouddha (chiffre porte-bonheur également). Des moines vivent encore sur place.
Notre guide nous explique qu'elle a été construite en 1601 par un seigneur de passage dans ce village, qui entendit les villageois raconter qu'une vieille dame serait apparue un jour sur cette colline et déclara qu'un seigneur construirait un jour une pagode à cet emplacement et fonderait une grande dynastie.
Après un rapide tour dans les jardins et le temple, on se dirige vers le centre ancien de Hué et sa cité impériale.
La vieille ville de Hué est une imbrication de villes dans la ville. La citadelle royale abrite la cité impériale, qui elle-même abrite la cité pourpre interdite.
Nous perçons ainsi les premiers remparts avant de passer l'une des portes d'entrée de la cité impériale.
Classée également au patrimoine mondial de l'UNESCO, il n'en reste pas moins que les derniers conflits armés dans le pays ont engendré de nombreux dégâts. On peut voir à certains endroits des éclats de balles dans les murs d'enceinte et des bâtiments sont en cours de réhabilitation.
Nous cheminons à travers ce grand labyrinthe de 36 hectares, entre cité impériale et cité pourpre interdite, sous le regard des dragons (symbole du roi) et des phénix (symbole de la reine) avant de finir dans une petite boutique d’artisanats locaux. On découvre alors le processus de fabrication des fameux chapeaux coniques, spécialité de Hué.
Fin de la journée, nous rentrons à l'hôtel avec les semelles usées et les têtes bien remplies.