En début de semaine dernière, nous avons quitté la région de Raglan et Hamilton sur la côte ouest de l'île du Nord où nous avions pu profiter du calme de la nature, de la plage et ses vagues. Depuis plusieurs semaines maintenant, nous privilégions des logements partagés chez l'habitant (plutôt que des logements seuls) afin de pouvoir parler avec nos hôtes, apprendre sur le mode de vie des Néo-Zélandais et aussi d'avoir de bons conseils sur les choses à découvrir autour de nous. Ainsi, Liz et Bill, nos hôtes de Wellington, nous ont vivement conseillé de nous rendre à Napier ; Gary et Lyn, nos hôtes à Raetihi (près du Tongariro NP) nous ont donné de très bons conseils pour profiter de la région de Rotorua.
Après ces différents avis, nous avons donc changé notre itinéraire prévu sur l'île du Nord. Nous avons décidé de trouver un logement près du grand lac Taupo dans le centre de l'île du Nord, qui nous offrait le double avantage d'être au cœur de la terre vivante de l'île du Nord, d'être à proximité de Rotorua et à une distance raisonnable de Napier. Cerise sur le gâteau (ou plutôt anneau sur le Frodon !), sur notre trajet entre Ngaruawahia (près de Raglan) et le lac Taupo, nous pouvions passer, sans faire un gros détour, par Matamata, alias "La Comté".
J'espère que vous suivez bien sur la carte !?
Autre arrêt sur la route vers le lac Taupo, près de Putaruru, aux Putaruru Blue Springs, encore un conseil d'une de nos hôtes, Anna à Ngaruawahia. Il s'agit d'une petite randonnée de 5 km (aller bien sûr, le retour fait la même distance, easy, easy !) le long de la Waihou River et jusqu'aux Blue Springs. Il s'agit d'une rivière sacrée dont l'eau est si pure qu'elle en est transparente. On peut alors admirer les algues, rochers, poissons et toute la vie au fond de la rivière. La végétation aux alentours de cette randonnée est tout aussi fabuleuse.
Dès que nous approchons le centre de l'île du Nord de la Nouvelle-Zélande, nous ressentons cette force qui provient de la terre, nous entrons dans le cœur du pays. En effet cette région se situe en plein sur la ceinture de feu du Pacifique. La genèse de la ceinture du Pacifique correspond au jeu des plaques tectoniques. Pour les volcans de Nouvelle-Zélande, il s'agit de la subduction de la plaque océanique sous la plaque australienne (moins dense).
La région de Rotorua, du fait de sa situation sur le plateau volcanique, est un des sites géothermiques les plus actifs du monde, et est également l'endroit idéal pour comprendre, voir et toucher cette force turbulente qui émane du sol.
Le jeu des plaques tectoniques explique également l'importante activité sismique de la Nouvelle-Zélande. Ses habitants vivent au rythme des séismes, puisqu'il en existe chaque année un grand nombre (15 000/an environ) plus ou moins ressentis. Le dernier séisme très meurtrier a eu lieu à Christchurch (Île du sud) en février 2011, et il s'est produit après un séisme également très fort en 2010 (juste un an avant) qui avait déjà beaucoup fragilisé les maisons et les bâtiments de la ville. Un lourd bilan : 180 morts, énormément de blessés, des dégâts énormes dans la ville, des habitants traumatisés... Alors que j'écris ces lignes, c'est aujourd'hui le 9e anniversaire du séisme de Christchurch.
Napier est situé sur la côte est de l'Île du Nord de la Nouvelle-Zélande, elle est bordée par la Hawke's Bay. Tout comme Christchurch en 2011, Napier a vécu un séisme important et traumatisant. Le séisme de la Hawke's Bay le 3 février 1931 a été un des plus meurtriers de la Nouvelle-Zélande avec 256 morts. Le centre de Napier a été rasé après ce tremblement de terre et a été entièrement reconstruit. Ainsi tout le centre ville de Napier a été construit dans un style art déco ! C'est devenu une spécificité de cette ville, lui donnant un charme fou. La ville a cultivé cette atout et organise le "Napier Art deco festival" qui a lieu tous les ans pendant 4 jours. Coup de chance, le festival se tenait cette semaine !
Nous avons donc passé une journée à Napier, déambulant dans ses jolies rues, nous imprégnant de l'ambiance chic et glamour des années 30, admirant les voitures de collection qui circulent dans la ville, des habitants habillés, pour le festival, en vêtements typiques de ces années-là,.. La ville tout entière joue le jeu et l'on trouve dans les magasins des vêtements années 30, de nombreuses brocantes avec accessoires (chapeau, coiffe, lunettes de soleil, bijoux, chaussures...), meubles, vaisselle des années 30.
S'il y a quelque chose de marquant en Nouvelle-Zélande, c'est la richesse et l'importance de la nature et de la terre, fenua en maori. Elle constitue le personnage principal de notre voyage dans ce pays. On la sent à la fois comme une mère protectrice, une mère nourricière et comme une menace pour les habitants. Les Néo-Zélandais sont fiers de leur terre, ils la respecte, elle est sacrée. Ils la savent imprévisible, forte, puissante voire dangereuse mais sont conscients que cette terre était là avant eux, sera là après eux. Ils s'adaptent à elle. Plusieurs exemples m'ont fait ressentir cette relation particulière entre la terre et les hommes que je n'avais pas ressentie ailleurs.
Il y a eu le départ de la belle randonnée sur le Tongariro. Pour cette randonnée, nous garons notre voiture sur un parking et une navette nous mène jusqu'au point de départ de la randonnée. Nous avions réservé un mini-van que nous partagions avec d'autres randonneurs. Durant le trajet, notre conducteur nous a expliqué les règles de sécurité à respecter pour la randonnée, mais aussi un peu d'histoire du Tongariro et d'autres éléments plus inhabituels. Il nous a bien recommandé de ne pas toucher l'eau des cascades par exemple, ni l'eau des lacs car cette eau est sacrée. Un peu plus tard, lorsque nous sommes arrivés au début du sentier, il nous a chanté une chanson maorie et nous a récité, les yeux fermés, les mains tournés vers la montagne, une prière maorie de protection pour que la terre nous accueille et nous protège. Mes pas sur le Tongariro ont été porté par ce sentiment de terre vivante, vibrante. Nous nous étions amusés à poser nos mains à plat sur le sol au sommet du Tongariro afin de ressentir la chaleur émanant de la terre et les vibrations de celle-ci. Intense moment.
Il y a eu également cette remarque d'une "soignante" des animaux au Parc "Otorohanga kiwi house and native bird park", le parc où nous avons vu les kiwis. Elle nous expliquait un peu la vie des animaux du parc et un visiteur a demandé s'il existait des animaux dangereux en Nouvelle-Zélande. Elle a eu cette remarque : "oh non, ici les animaux sont inoffensifs. La terre peut vous tuer, pas les animaux."
Enfin, il y a eu cette journée de jeudi, où nous avons touché, senti, observé, entendu la terre. Dans l'ordre, nous nous sommes baignés en pleine forêt, seuls, dans une rivière à 37°C ; puis nous avons marché sur un mont aux pentes fumantes ; puis nous avons visité le Wai-O-Tapu Thermal Wonderland qui est une réserve de 18 km², formée il y a 160 000 ans, où l'on peut voir la plus grande source d'eau chaude de la Nouvelle-Zélande, de nombreux cratères effondrés par la vapeur acide du sous-sol, des terrasses de tufs, des sources sulfureuses, des cuvettes de boue... Explications et visite en photos !
Nous voulions absolument essayer les sources chaudes mais nous n'avions trouvé dans les guides et sur internet que des propositions de spa organisé. On pouvait se baigner dans des sources naturelles mais avec une infrastructure autour... Cela ne m'emballait pas plus que ça. Heureusement, Gary, notre hôte de Raetihi nous a trouvé la bonne idée ! Il nous a parlé d'un lieu : Kerosene Creek. Il s'agit d'une rivière au milieu d'une forêt facilement accessible et où l'on peut se baigner dans son eau réchauffée par le sol. Les Néo-Zélandais connaissent bien le lieu et viennent s'y baigner surtout en hiver. Nous avons décidé d'y aller assez tôt le matin afin de tenter d'y être seuls et de ne pas avoir trop chaud !
Mission accomplie. Nous sommes arrivés à 9h20, c'était une magnifique journée ensoleillée, l'air du matin était encore frais, nous étions seuls, au milieu de la forêt, l'eau de la rivière fumait. Hop hop hop en maillot, nous avons dégusté le meilleur spa de notre vie, seuls au monde, dans une eau à 37°C...
Encore une brillante idée de Gary : monter sur la Rainbown Mountain pour voir de près des terres fumantes et une vue de haut à 360° de la région.
C'est la fameuse réserve où se situe la plus grande source d'eau chaude de la Nouvelle-Zélande, de multiples cratères issus d'effondrement du sol, des boues bouillonnantes... Le site est impressionnant, une activité géothermique unique, il faut d'ailleurs respecter des règles de sécurité strictes.
Cette semaine, nous avions choisi de dormir près du lac Taupo, à Taupo. Le plus grand lac de Nouvelle-Zélande (616 km²) a des airs d'océan !
Le jour de notre arrivée a été remarquable. Cela a commencé par l'accueil chaleureux de notre hôte qui nous a réservé un bonjour avec un hug à l'anglosaxone au lieu de l'habituelle main tendue. Ses conseils, ses attentions, ses mots pour notre installation nous ont fait tout de suite nous sentir chez nous.
La journée était belle, le bord de lac attirant, je décidai donc d'aller explorer les environs en courant ! Un enchantement. Luminosité de fin de journée, soleil descendant sur le lac, eau lumineuse, oiseaux chantant et dansant, des montagnes néo-zélandaises au loin, le lac de Taupo et une promenade immense tout le long pour les marcheurs, coureurs, cyclistes...
Chargée d'endorphines cérébrales, alors que je profite déjà de ce moment unique, mes yeux se posent sur une aire de détente/pique-nique proche d'un embarcadère et voit ces mots gravés par terre : "Welcome aboard" suivi d'une inscription "Stay, relax and enjoy !"
Anna, Lilly et moi avons profité du samedi matin pour nous balader dans les rues de Taupo. Nous étions, Anna et moi, à la recherche de notre petit graal comme dans chaque pays. Nous sommes entrés dans la boutique NZNAMlink de Jo, l'adorable propriétaire. Les photos de Rehahn du Vietnam affichées dans la boutique (les fidèles du Point Sciences les reconnaîtront) m'attirent l’œil et me permettent d'engager une discussion autour du voyage, du nôtre, de certains pays... Jo a un visage légèrement ridé dégageant une grande sérénité. Elle me parle de sa sœur vivant en Australie, de son enfance à Takaka (près de l'Abel Tasman NP), du commerce équitable qu'elle entretient avec le Vietnam par l'intermédiaire d'une Néo-Zélandaise d'origine vietnamienne. Puis une dame s'intéressent à notre conversation. Elle demande d'où l'on vient. "De Limoges". "Ah la poterie de Limoges !". Famous même aux Antipodes ! Un délicieux moment comme rarement...
Pour la petite histoire, nous avons trouvé notre petit graal par hasard dans une autre boutique lorsqu'on avait décidé de rentrer après avoir fait chou blanc toute la matinée ;-)
Pour bien terminer ce séjour à Taupo, nous avons décidé de partir ce dimanche matin près de Rotorua, dans une immense forêt : la Whakarewarewa forest. Forêt créée par l'homme en 1899 pour permettre de tester l'exploitation du bois d’œuvre, elle comprenait au départ 170 espèces différentes d'arbres. On y trouve désormais moins d'espèces d'arbres mais la présence de séquoias géants, de tant d'arbres centenaires et de magnifiques champs de fougères qui la rendent splendide. Il existe de nombreuses randonnées pédestres, cyclables et aussi une belle promenade en hauteur que nous avons testée ! Des plateformes et passerelles sont élevées à 6m puis 12m pour profiter de la forêt en prenant un peu de hauteur.