Moorea (prononcé Mo’orea) est une île du Vent comme Tahiti, dans l’archipel des îles de la Société. Plus petite que Tahiti avec ses 134 km² et séparée d’elle de seulement 17 km, Moorea est surnommée "la petite sœur" de Tahiti. Sa côte nord est découpée par deux vastes baies : la baie de Cook (du nom de l’explorateur) et la baie de Opunohu ("Opu" le ventre et "nohu" le poisson-pierre). Le centre de l’île est très vert et montagneux avec 8 montagnes. La côte quant à elle est merveilleusement occupée par des plages, des villages et un lagon sublime : il n’y a pas d’autres mots ! Moorea est réputée pour la culture de l’ananas, seul fruit qui est cultivé de façon "intensive". Ainsi les principaux apports économiques de l’île sont le tourisme (Moorea est la 3e île la plus visitée de Polynésie après Tahiti et Bora-Bora), la pêche et la culture de l’ananas.
Nous avons passé 3 jours heureux à Moorea dont 2 jours particuliers pour
notre famille. Le 6 mars est l'anniversaire d'Anna : elle a fêté ses 14
ans. Le 7 mars est l'anniversaire de Julie. Qui de mieux placé pour raconter ces journées si particulières !
Le
vendredi 6 mars, nous sommes partis de Raiatea pour nous rendre en avion à
Papeete (sur l’île de Tahiti), après avoir récupéré notre voiture de location (Clio
couleur lagon !), nous avons pris un ferry pour nous rendre sur Moorea. Nous
nous sommes dépêchés de nous rendre au snack le Manaha (conseillé par Rainui, un
ami polynésien de Papa) car nous criions famine ! Il était déjà 14h et en
arrivant, on nous a dit qu’il ne restait que du thon grillé. Maman ayant
compris "sangrier" et Papa "sanglier", ils ont demandé
à la gentille dame qui nous a accueilli ce que c’était. La dame a donc répondu
que c’était une sorte de poisson. Après nous être installés à table, j’ai
demandé à Papa pourquoi il avait demandé ce qu’était le thon ! A ce
moment-là, Papa et Maman ont rigolé et se sont sentis un peu stupides !
J’ai bien rigolé ! Nous avons tous très bien mangé avec une boisson, un
délicieux thon accompagné de frites maison et pour le dessert, Papa a goûté des
glaces avec de nouvelles saveurs (fleur de Tiare et corossol) et Maman et moi
avons mangé un super bon moelleux au chocolat maison, accompagné d’une boule de
glace (vanille de Tahiti pour moi, gingembre pour maman). Nous avons repris la
route pour aller admirer des dauphins et des tortues de mer. C’est la première
fois que je voyais des dauphins, je les ai trouvés très impressionnants. Nous
avons vu 3 tortues dont une énorme ! Nous nous sommes rendus à notre
logement pour la nuit, sur la terre entre les deux baies, chez Isabel et son
fils Raphaël (11 ans). Ainsi, Lilly et moi avons pu jouer avec Raphaël aux
cartes et à "La Bonne Paye". Le soir, nous avons fait un repas
d’anniversaire et j’ai pu souffler mes (1+4) bougies sur un pain coco. C’est à
ce moment-là que j’ai enfin (il était temps !) pu ouvrir mes cadeaux. Papa
m’a offert une veste de Nouvelle-Zélande ainsi qu’un pendentif maori. Maman m’a
offert un baptême de plongée à Moorea pour le lendemain matin. J’anticipe sur
la journée du 7 mars que Maman va décrire (à chacun son paragraphe). J’ai vu
deux sortes de concombres de mer (l’un en le pressant des vermicelles blancs
sortaient ; l’autre en le posant sur ma main, il tenait à l’envers avec
ses centaines de petites ventouses !). J’ai a-do-ré !
Petit déjeuner avec un bon ananas de Moorea, une mangue juteuse et on se prépare Anna et moi pour son cadeau d’anniversaire : baptême de plongée pour Anna, deuxième baptême de plongée pour moi. Nous avons rendez-vous avec Pascal, un moniteur en or recommandé par un couple de jeunes voyageurs (Clémentine et Cyril) avec qui nous avons passé d’excellents moments dans notre pension de Maupiti. Cette plongée a été un moment inoubliable. J’ai vu cette grande jeune fille qui hier encore était mon tout petit bébé juste sorti de mon ventre, écouter attentivement les instructions de Pascal puis s’appliquer à exécuter les gestes appris. Anna a été si naturellement et facilement à l’aise dans ce grand espace malgré le matériel, la nouveauté… J’ai plus souvent admiré ma fille évoluant au milieu des profondeurs du Pacifique que les poissons, je l’avoue ! Moment de joie et de fierté.
Après ce bon moment de plongée, nous avons bien passé 1h à discuter avec Pascal de sa vie en Polynésie. Pascal est un popa’a, c’est-à-dire qu’il a la peau blanche, qu’il vient de Métropole. Il vit depuis 30 ans en Polynésie et nous a parlé de sa passion la plongée, de sa façon de la pratiquer, de son expérience de moniteur, d’enseignant puisque son activité principale désormais est la formation de moniteurs de plongée. Une rencontre riche. Comme si cela ne suffisait pas, la vie a mis par le plus grand des hasards Manae et Valentine sur notre chemin ce jour-là. Manae, 70 ans passés, est un grand polynésien blanc (danois et polynésien du côté de sa maman, américain et polynésien du côté de son papa) avec de grands yeux clairs, une peau abîmée par le soleil. Dès les premiers mots, il transpire la gentillesse. Valentine, son épouse, polynésienne, les cheveux noirs, bouclées et soyeux, portés courts avec un beau sourire et un accent polynésien prononcé, doux et chaud. La famille de Manae possède une exploitation depuis 1890, transmise de génération en génération. Une immense terre sur Moorea qui a été découpée au fur et à mesure pour les enfants et petits-enfants. Manae et Valentine exploitent les arbres fruitiers de leur grande parcelle et élaborent ainsi des confitures maison, vendent les fruits, font du miel, du monoï et même des préparations médicinales grâce aux plantes et au savoir de Valentine. Ils tiennent donc une belle échoppe colorée et joliment décorée au bord de la route sur leur terrain, vendent leurs produits (et seulement à cet endroit-là), vendent également des glaces et smoothies maison, font déguster leurs confitures. Cette rencontre fut une des plus belles depuis le début de notre voyage. Nous nous sommes trouvés de nombreux points communs, avons passé plus de deux heures avec eux. Valentine s’est occupé des filles comme de ses petits-enfants dont elle nous a beaucoup parlé. Ceux-ci vivent en Métropole à moins de 2h de chez nous, en Dordogne ! La fille de Valentine et Manae est IEN (inspectrice de circonscription) en Dordogne après avoir été enseignante en Polynésie. Valentine m’a aussi conté qu’elle avait été élevée avec sa grand-mère qui était guérisseuse et possédait un savoir immense sur les plantes médicinales de Polynésie, les fruits, condiments, légumes qui soignaient. A cette époque, il lui était interdit de pratiquer son art. Seule la médecine allopathique importée par les Européens était autorisée. Les Polynésiens connaissaient les avantages de la médecine traditionnelles et venaient tout de même en secret voir la grand-mère de Valentine pour être soignés. Valentine a appris auprès de sa grand-mère et a reçu en héritage un livre où était inscrit tout ce savoir. Ce livre a été perdu dans le grand cyclone de 1983. Quelle perte… Je garderai en mémoire le goût de la confiture à l’uru (fruit de l’arbre à pain), de la glace au corossol (fruit oblongue de la taille d’un gros ananas, vert avec des sortes de gros piquants qui pousse en abondance en Polynésie), l’accent de Valentine si doux à mes oreilles, sa délicatesse en appliquant une préparation à base de tamanu sur les nombreuses piqûres de moustiques d’Anna et Lilly, ses mains qui m’apprennent à "palper" les gousses de vanille en train de sécher au soleil pour savoir si elles sont prêtes, son rire en nous racontant les escales à Los Angeles lors de ses vols en Métropole quand elle va voir sa fille, les yeux brillants de Manae lorsqu’il nous montre les photos de ses petits-enfants et du gouffre de Padirac visité avec eux ! Pour la fin d’après-midi, nous avons rejoint notre logement pour les nuits du 7 et du 8 mars, un lieu merveilleux, la maison de Stéphane, Christa et leurs filles qui sont des amis de nos amis de la Réunion. Leur gentillesse, leur accueil, leur générosité, la richesse de leurs connaissances sur cette terre qui les a accueillis il y a quelques années a rendu notre séjour à Moorea inoubliable et tellement unique… Enfin pour la soirée, nous avons vu un spectacle de danse traditionnelle polynésienne dans un bel hôtel installé les pieds dans les eaux du Pacifique. Un très beau moment qui a ponctué à merveille cette journée.
Deux journées déjà riches, il
nous fallait rester dans cette dynamique. Kayaks sur l’eau, rames en main,
direction le lagon de Moorea côté nord-ouest à Tiahura. Nous avons longé un
ponton, pagayé jusqu’à la balise verte et 25 m après, fixé nos kayaks à une
bouée. Masque et tuba visés sur nos têtes, nous voilà à la recherche de raies
pastenagues et surtout de requins à pointe noire, totalement inoffensifs,
fuyant dès que nous approchions. Nager avec des requins mêmes inoffensifs,
c’est quand même nager avec des requins ! Nous avons été vraiment très
impressionnés par ce bal de raies et de requins. Un groupe s’est approché du
lieu, leur guide nous a permis de caresser ces raies : elles sont dures et
soyeuses au toucher… Il a présenté quelques éléments concernant ces
raies : prédateurs (dauphins, requins…), nourriture (petits poissons…), dard et poison. Là encore, impressionnés nous étions ! Nous quittons
les bateaux arrivant et pagayons vers les deux motus à proximité : Tiahura
et Fareone sur lequel nous accostons. Julie et moi explorons le jardin de
corail dans un courant assez fort. Ces 3 heures ont émerveillé nos yeux et
fatigué nos bras ! Sur le trajet de retour, nous montons en voiture au belvédère d'Opunohu pour observer une vue sur les 2 baies...