Bora-Bora, loin des clichés

Changement de pays et changement de date

(Julie)

Depuis le 4 novembre, à chaque étape, nous avançons. Pas à pas, nous cheminons. Depuis le début, cap à l'est ! Nous étions en avance sur l'heure française de 6h en Asie, puis de 10h en Australie puis 12h en Nouvelle-Zélande.

Ça y est nous avons tourné. Départ d'Auckland à 16h55 le jeudi 27 février, arrivés à Papeete le mercredi 26 février à 22h40. Nous avons tellement tourné à l'est que nous voilà à l'ouest ! Enfin, en plein milieu de l'Océan Pacifique, de l'autre côté de la Terre. Nous remontons le temps, nous tournons autour du monde ! Un petit décalage horaire de 23h. Nous avons désormais 11h de retard sur l'heure en France.

Nous avons été dans l'ambiance de la Polynésie dès le vol Auckland-Papeete sur Air Tahiti Nui. Les hôtesses portaient de jolies robes polynésiennes, nous offraient de petites fleurs lors de notre embarquement et les sièges, couvertures, oreillers étaient aux couleurs vives de la Polynésie, le tout avec une musique d'ambiance polynésienne. A l'aéroport de Papeete, là encore l'attente pour passer la frontière se fait au son de musique polynésienne, deux musiciens jouant du ukulélé, une chanteuse-danseuse.

Quelques questions des filles qui les taraudaient et qui nous ont bien occupés !

(Manu)

La Polynésie, est-ce un pays ? Réponse : euh... En fait, la Polynésie française est une collectivité d'outre-mer (COM) au même titre que St-Barthélémy, St-Martin, St-Pierre-et-Miquelon et Wallis-et-Futuna. C'est un territoire français qui dispose d'un statut et d'institutions spécifiques. Les COM ne sont pas des DROM (département et région d'outre-mer) que sont la Réunion, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et Mayotte. La Nouvelle-Calédonie est une collectivité française mais avec une plus large autonomie que les COM. Un brin compliqué tout ça !

La Polynésie, c'est grand comment ? (Passons sur la formulation !) Réponse : Et bien c'est grand ! Une carte à l'appui ça aide !

La Polynésie, c'est combien d'îles ? Réponse : La Polynésie est composée de 118 îles dont 76 habitées (nous ne les citerons pas toutes, rassurez-vous !) regroupées en 5 archipels : la Société avec les îles du Vent (dont Tahiti et Moorea) et les îles Sous-le-Vent (dont Bora-Bora, Maupiti, Raiatea et Tahaa), les Tuamotu (dont Fakarava), les Gambier, les Australes et les Marquises. Nous visiterons les 7 îles citées !

Bref parlons maintenant de la première visitée : Bora-Bora !

Bora-Bora, entre mythe et réalité

(Julie)

Après une courte nuit sur le carrelage de l'aéroport de Papeete, nous prenons un vol tôt le matin pour Bora-Bora. Malgré la fatigue (sauf Anna qui dort bien n'importe où la petite chanceuse !), nous sommes impatients comme des enfants et guettons par le hublot l'apparition des îles tant attendues. Choix peu stratégique, nous nous sommes mis tous les 4 du même côté de l'avion et évidemment les îles sont visibles de l'autre côté ! Bon, on ne se fera pas avoir le prochain coup !

Nous entamons la descente et là, Lilly prend peur : "Maman ! Il y a un problème ! L'avion va atterrir dans l'eau !!" "Mais non, Lilly regarde il y a une petite île !" ;-)

L'aéroport de Bora-Bora est situé sur un motu : îlot de sable corallien situé autour de l'île principale. Nous prenons donc une navette-bateau pour aller de l'aéroport à Vaitape (en polynésien, on prononce toutes les lettres, donc Va-i-tapé), le village principal de Bora-Bora.

Avant de m'y rendre lorsque je pensais à Bora-Bora, je voyais des plages de sable blanc et fin, un lagon bleu turquoise riche de poissons multicolores, un grand ciel bleu. Je craignais les infrastructures en nombre dédiées au tourisme, une belle vitrine cachant des dégâts sur la nature et les habitants. Désormais, j'ai vu, marché, observé, discuté. En repensant à Bora-Bora, plusieurs images s'imposeront à mon esprit :

Première image : l'arrivée, la découverte. Je penserai à ces deux sommets volcaniques aux tons sombres et mystérieux, vert foncé et noir, qui dépassent de nuages gris, plantés sur une île verdoyante au milieu d'un superbe océan.

Deuxième image : les villages. Le premier village Vaitape, le plus gros, se résume à une rue de moins de 1 km de long avec un embarcadère, deux magasins d'alimentation, une place, des boutiques, des bijouteries perlières. Il y règne une vraie vie de village, les gens circulent en voiture avec les enfants qui font "coucou" par la fenêtre, en scooter avec des longs sacs plastiques chargés de baguettes de pain, à pied avec des bébés dans les bras et des fleurs coincées dans les cheveux. Notre lodge se trouvait à l'ouest de l'île donc du côté Pacifique, tout proche de Vaitape, pas du côté lagon qui est à l'est. Je ne regrette absolument pas, j'ai aimé être proche du village tout en étant au calme face à l'océan.

Troisième image : le tour de l'île à vélo. Une bonne façon de visiter Bora, en faire le tour à vélo. Le premier jour malgré notre nuit plus que courte, impatients, nous louons des vélos et nous partons vers le nord pour faire le tour de l'île. Une seule route, pas de risque de se perdre. Une balade prodigieuse : 34 km sans s'ennuyer. D'un côté, la nature : au premier plan des fleurs et des plantes de toutes les couleurs ; au deuxième plan, des arbres fruitiers à profusion dans les jardins des maisons, des animaux, poules et chiens essentiellement ; au dernier plan, en hauteur, la montagne, du vert partout, de la roche volcanique. De l'autre côté, encore la nature : un lagon inoubliable, vert, bleu, turquoise, une eau transparente, une côte qui serpente et semble caresser l'océan. La seule question compliquée : où s'arrêter pour se baigner ? "On s'arrête là maman c'est trop beau ! Non là c'est encore plus beau !" Après quelques arrêts, le plus long sera à la pointe Matira, au sud de l'île. Difficile de décrire le cadre tellement c'est beau et reposant. Sur la plage immense, il y a une jeune femme, une famille au loin et nous. Parmi les belles découvertes, Anna gardera en mémoire le turbo-panthère, un poisson plat, couleur du sable, tacheté de petits points noirs, qui rase le sol et se cache en se recouvrant de sable, surnommé avant de connaître son nom de "poisson-caméléon-mille-pattes". Lilly quant à elle, se rappellera de la première raie majestueuse (une raie aigle), volant sous l’eau avec ses belles nageoires ressemblant à s’y méprendre à des ailes !

Quatrième image : les stands de fruits frais. Le long de la route, régulièrement devant les maisons, nous croisons des stands de fruits. Mangues, papayes, pamplemousses, concombres, avocats, bananes (sucrées et plantin), citrons, ananas… Nous prenons plaisir à nous arrêter, à discuter et déguster ces fruits. Je crois n’en avoir jamais mangé de si juteux et goûteux, un régal ! Parmi ces arrêts, j’en garderai un particulièrement en mémoire. Lors d'un retour de la plage à vélo, sous une pluie battante, je m’arrête à un stand acheter des bananes. Je commence à discuter avec une adorable polynésienne. Rita, une soixantaine d’années, est bavarde, ça tombe bien, moi aussi ! Trempées toutes les deux, elle me raconte l’histoire de sa famille, de son île d’adoption Bora-Bora et sa vraie île, celle où elle est née : Tahaa. "Tu y vas à Tahaa ?". Ouf, oui nous y allons ! Rita me fait goûter puis me donne généreusement des quenettes, ce petit fruit à la chair tendre discrètement sucré, juteux, légèrement acidulé et astringent en fin de bouche, très agréable avec le café. Rita m’a plu avec sa corpulence généreuse, son sourire rayonnant, sa gentillesse, sa belle robe fleurie.

Cinquième et dernière image : la météo de Bora-Bora. Nous sommes à la saison des pluies, "le mois de la pluie" me dit Rita. Nous avons donc chaud, très chaud quand le soleil est là et il fait humide. Durant les deux jours ici, il y a aussi beaucoup de nuages et de vent, des averses de pluie. Certes cela nous a empêchés de faire une sortie en bateau dans le lagon que nous avions prévue ; cependant nous avons vu une île vivante, des nuages, noirs, gris, le bruit du vent, la pluie qui rafraîchit.