De Poltava à Moscou

C'était le soir de Noël. Grâce à skype le colis d'Ukraine a été déballé en direct. Que d'émotion! Les bonnets c'est la Serbie, les chaussettes la Roumanie, les fleurs les chemises et les tee shirt l'Ukraine. Une vraie galère pour expédier le paquet, mais la réussite est totale ; Qu'ils sont beaux mes petits. Bon Timothé n'a pas envie d'être ukrainien, mais la sale tête lui va bien aussi et si vous comptez les bras  il y a un  en trop. C'est une image bricolée avec les moyens du bord, du décomposé recomposé.

C'est un peu une photo de paparazzi! Tout est tellement calme, on n'ose pas déranger. Chacun assaye de tenir le moins de place possible. Dans la 3e classe, tout est tellement serré  que chaque geste est calculé pour ne pas déborder sur le territoire de l'autre. Lles passagers chuchotent,ce qui n'empêche pas les conversations d'aller bon train. Les bébés ne pleurent pas car ils passent de bras en bras pour être calinés. Il fait très très chaud. Alors on se déshabille et on enfile les tongs, On est en famille le temps d'une nuit. Les arrêts sont peu nombreux et les babouchki attendent sur le quai avec leurs paquets (le contraste chaud froid est saisissant). On trouve de tout, même des poissons séchés pendus à un crochet et des jouets clignotants pour noël. En plus, ces dames endossent le rôle de banquières pour changer l'argent en dénouant des petits sacs en plastiques enfilés les uns dans les autres; ce faisant elles peuvent engager la conversation. Elles ne manquent pas de s'étonner qu'une retraitée puisse voyager : dans les pays de l'est un retraité doit travailler pour ne pas mourir de faim. La douane? En Ukraine, ça ne rigole pas. Mon passeport a été passé au crible pendant un  quart d'heure. Les russes? très cool. Ils n'ont même pas ouvert ma valise, sinon la caméra les aurait peut-être dérangés et ils m'auraient sans doute  cuisinée (dans ces cas là, je ne comprends pas le russe). J'ai fait un excellent voyage de 14h et je n'ai pas vu le temps passer.

Tout le confort moderne : un matelas, deux draps, un oreiller, une serviette de toilette. On se donne un coup de main pour faire les lits.  Pour grimper à l'étage du dessus une simple "pédale" fixe à mis hauteur (voir premier plan photo précédente). La force des bras fait le reste. Si le corps est un peu épais ou rouillé   les voisins donnent un petit élan en poussant les fesses! Pour les plus agiles, ils ressemblent à des chimpanzés qui sauteraient d'une cage à l'autre dans un zoo. Mon voisin d'en face n'a pas fait son lit, mais il  descend à mi parcours. Nous avons discuté et il m'a redonné du courage pour la partie chinoise de mon trajet. J'étais inquiète d'aller dans un pays dont je ne parle pas la langue. Il m'a rassurée, tout le monde parle anglais en chine. Enfin, on verra.

Les porteurs (nocitchik) attendent sur le quai à la gare. J'ai fait signe au premier venu par la fenêtre. et suis tombée sur un grognon. Je n'ai pas demandé le prix (erreur n°1).  Un autre attendait un peu plus loin pour le taxi, marché conclu (erreur n°2). Pourtant j'avais eu l'expérience à la gare de Kiev avec Vika les tarifs  sont vraiment à la tête du client et elle avait négocié dur. Mais là j'étais stressée et je n'avais, ni courage, ni humour. Enfin je n'ai pas payé trois fois le prix comme ils le demandaient, mais seulement deux fois. En fait c'est  un réseau mafieux, il y a ceux qui font le boulot et ceux qui encaissent l'argent. J'aurais du leur demander de poser pour la photo  souvenir qui aurait pu être intitulée  'les bandits ". Cela vous aurait permis de  faire connaissance avec la racaille de Moscou... mais je suis un peu lente.

Enfin rien à dire, je suis arrivée à destination, sans être délestée de mon passeport et d'une valise sur deux. Je pense que le reine d'Angleterre en visite à Moscou, n'aurait pas un hébergement plus confortable. Je suis passée du tout petit au très grand (avant la yourte!). On s'habitue à tout!