3 février 16H Gare de Perm. 6h de train pour arriver à Iekaterinbourg, la plus grande ville de l'Oural, devenue mythique à la suite de l'assassinat de la famille du Tsar pendant la révolution. Au départ de Perm, je n'ai pas bien assuré. j'avais une heure d'avance à la gare (on n'est jamais trop prudent). Plongée dans mon livre, j'ai réussi à manquer le train. Avec une course folle et un peu de stress, j'ai réussi à en attraper un autre en grimpant à la dernière minute. Dimitri m'a spontanément aidée à monter mes bagages et invitée à m'asseoir pour me poser un peu. La conversation s'est engagée. Il m'a offert un thé, préparé mon lit selon les règles de l'art sur la couchette supérieure et télephoné au taxi pour qu'il m'attende à l'arrivée du train. Il a bien sûr transporté mes bagages jusqu'au taxi (escaliers, trottoirs, neige...). Dimitri était médecin. Il a abandonné ce métier qui ne rapportait rien. Il est aujourd'hui coach dans les sports de combats. Je n'ai pas vraiment compris la raison de son voyage à Iekaterinbourg. Tout ce que je sais c'est qu'il devait rencontrer quelqu'un, discuter dans sa voiture, et reprendre le train ,1heure après, pour le retour à Perm à 5h du matin. Il travaillait à 8h le lendemain.Il a malgré tout pris le temps de chercher mon taxi et de s'assurer que mon embarquement se faisait sans problème.
De l'autre côté Ela et Jessie. Ela a fabriqué un costume en jean pour son petit chien et lui a mis des bigoudis pour le voyage. Autrement ses poils traineraient par terre dans la neige. J'ai vu une photo sans les bigoudis, c'est impressionnant. Comme sur les catalogues !
En passant devant le magasin de patinage, j'ai eu envie de prendre une photo. Le vendeur est allé chercher la propriétaire pour l'autorisation. De fil en aiguille, Natacha (la propriétaire) et Sacha (le vendeur) ont sorti la nappe, les tasses pour le thé, les petits gâteaux, les bonbons, la confiture de griottes maison pour prolonger la causette et parler voyage, langue....
la chaussure italienne coûte 22000 roubles (la blanche en bas,) alors que la noire, la chaussure russe coûte 3000 roubles, c'est toujours la même que celle que l'on fabriquait à la grande époque de l'URSS. Je préfère la noire évidemment. J'en aurais bien acheté une paire, mais apparemment il n'y a pas aux Estables de projet de patinoire et le sac à dos est plein. Nous avons évoqué l'embargo. Les marchandises passent encore. Il n'y a pas de problème d'approvisionnement pour les chaussures de patineuses
L'appartement 9 où j'ai été hébergée à Iekaterinbourg pendant presque une semaine, est un endroit caché, plein de surprises. L'auberge de jeunesse donne sur une cour intérieure et se trouve au 3e étage. En arrivant à 10h du soir avec mes bagages encombrants je désespérais de la trouver. Dans le noir avec des portes toutes identiques et aucune enseigne ni sur la rue ni dans la cour, c'était presque un jeu de roulette. J'ai essayé le code que l'on m'avait donné sur plusieurs entrées et enfin comme dans l'histoire d'Ali baba ...
Pendant quelques jours, nous avons eu des relations courtoises (s'effacer pour laisser le passage dans les escaliers, se faire passer le produit de vaisselle...) et puis le dernier jour, allez savoir comment, nous sommes tous retrouvés entassés dans le canapé, à rire et à nous raconter nos vies (des tout petits bouts) :
C'est un peu une famille puisque toute cette belle jeunesse est là à l'année. Le coût est moins élevé qu'un appartement (hébergement en dortoirs). Les conditions de travail? Ce n'est pas un problème, accroupi sur le lit, allongé sur le canapé, assis sur un coin de table dans la salle à manger (je n'ai vu personne dans les escaliers). Ils appartiennent à une génération où l'on peut à la fois travailler sur l'ordinateur, regarder un film à la télé, soutenir une conversation avec le voisin et regarder ses mail sur le samrtphone. Rien n'est compliqué et tout est joyeux.
Il semble que l'essentiel de la vie sociale ne soit pas derrière ces enseignes agressives, toujours plus grandes et plus design qui défigurent les rues pour ouvrir sur des magasins vides, mais dans des lieux discrets, parfois même invisibles. J'ai été intriguée par un va et vient continue dans notre cour. J'ai donc, moi aussi, franchie la porte aussi anonyme que celle de l'appartement 9. J'ai pu le lendemain découvrir le salon de thé de Marina, et le café "Kommunikaror". Si vous avez 5mn je vous ouvre ces 3 portes.
L'atelier feutre m'a vivement intéressée, j'aurais eu un peu plus de temps... Apparemment un an ce n'est vraiment pas suffisant. Le patron a absolument tenu à ce que j'essaye un chapeau. Il a proposé de prendre une photo et m'a fait cadeau d'une petite bottine rouge en feutre. Je lui ai trouvé un fonction : j'y glisse mon baladeur; cest donc devenu une botte à musique. Je n'aime pas mettre des photos de moi sur le blog, mais le chapeau. est sympa.
En arrivant, on enregistre son nom sur un téléphone que l'on garde avec soi. L'heure d'arrivée est enregistrée en même temps. Ensuite évidemment on quitte ses chaussures, puis l'on se fait un petit thé ou l'on commande un café. On se sert en petits gâteaux. Si on a choisi de rester longtemps, on reprend du thé et des biscuits à volonté.
A la sortie, on rend le téléphone et l'on paye en fonction du temps (décompte à la minute). 1rouble la minute.
Marina s'est mise au français, il y a seulement 5ans, elle avait appris, comme beaucoup, l'allemand à l'école puis l'anglais. Elle parle parfaitement notre langue, presque sans accent. Elle lit beaucoup aussi, un de ses auteurs préférés : Pierre Michon, elle lui trouve des affinités avec Gogol. J'ai été saisie. Je pensais qu'il n'y avait que les profs de français qui connaissaient Pierre Michon ( Christine te souviens-tu du séminaire à l'Iufm ? Vous me l'avez fait découvrir et j'ai adoré. Effectivement il doit y avoir quelque chose de "l'âme russe" dans son oeuvre, pour reprendre les poncifs). Elle m'a parlé aussi des années 90, l'époque où les pays occidentaux applaudissaient des deux mains au démentellement de l'URSS et où les russes mouraient pratiquement de faim . Ses parents ingénieurs dans une usine de pièces aéronautiques se sont retrouvés, comme beaucoup, à la rue à la suite de la fermeture des grands complexes industriels (où de leur liquidation à bas prix) . Son petit frère venait de naître, il a fallu se mettre au business et ouvrir un kiosque au coin de la rue. Ils n'étaient pas très doués pour ça et il n'y a pas eu rigulièrement des biberons de lait pour le petit. Comment vit-on aujourd'hui en Russie? Pas si mal, on se débrouille.
Marina Une très très belle rencontre.
Le musée d'art contemporain, la galerie Vision, et la galerie Sviter
Peintures à la mode dans la galerie. Je les trouve vraiment moches, par contre sculptures intéressantes.
Dans plusieurs salles de la galerie, des ateliers. Je n'ai pas vraiment vu de différence avec les ateliers qui étaient dans les sous sol de l'immeuble cité plus haut. Là c'est un atelier de graphisme.