J'ai traversé la zone industrielle, puis les lotissements, puis des villages qui ne ressemblent pas à grande chose,sinon à des lotissements. La route se fait plus étroite, elle monte, elle descend,virevolte. Ou vais-je? En direction d'un terrain de camping dont les panneaux deviennent de plus en plus enigmatiques et bricoles. Après 15km, lorsque je n'y crois plus, j'arrive!
Un camping de luxe pour allemands et hollandais (les croates,on le verra plus loin n'ont pas les moyens). Le pire est à craindre. Le pire est devenu le meilleur lorsque j'ai vu la rivière. Je n'en n'ai jamais vu d'aussi belle. Bien sûr je ne suis pas toute seule, mais les beautés de la nature ça se partage d'autant que nous sommes de plus en plus nombreux et qu'il y en a de moins en moins.
Les bras de la rivière se mutiplient, alors je suis allée voir un peu plus loin. J'ai trouvé un endroit sublime...10.mn. Des "emmerdeurs"sont arrivés avec les glacieres et deux horribles roquets que j'aurais bien noyés dans le rapide. J'ai fui dans un autre bras. A mon retour, "les emmerdeurs" m'ont gentiment saluée.. nous avons échangé quelques mots, puis ils m'ont proposé une bière, alors je me suis assise et on a discuté presque 2h avec Marco en plein soleil. De quoi ? De la Croatie, de son histoire,de leur vie à Zagreb. Ils sont croates, mais ils ne peuvent pas se payer le camping,alors ils ont apporté les tentes pour les planter dans ce coin isolé où personne ne vient, enfin presque personne (désolée pour le derangement!).Nous avons rendez-vous demain pour aller voir en aval un endroit encore plus sublime. Dans 20 jours Marco part pour l'Allemagne chercher du travail, puis faire venir sa famille.
J'oubliais, il est chauffeur livreur à Zagreb et parle anglais mieux que moi qui ait vécu en Angleterre. Par contre il ne parle pas du tout allemand. La vie est pleine de risque? Sans doute pas , lorsque l'on est jeune et courageux.
Un 15 août au milieu d'une bande de copains croates, je n'aurais jamais imaginé! J'ai appris quelques mots en croate, bu du vin blanc avec de l'eau gazeuse, mangé du poulet cuit sur un barbecue improvisé, nagé, nagé dans une eau claire et limpide (claire va toujours avec limpide!) et mijoté dans les cascades. La Mreznica est vraiment une rivière magnifique.
Le matin du depart, dernier petit détour par un village qui semble joli. Non, il n'a rien d'exceptionnel. Demi tour. Sauf que la voie est étroite et que je n'ai pas vu le fossé dissimulé par l'herbe haute. Que faire? Tout est silencieux. Le village dort. Un bruit de seau dans un étable. Une femme trait sa vache. Le tracteur est dehors. L'ogresse m'envoie paître loin de troupeau. Que faire ? Attendre...je ne vais pas tirer les gens du lit pour tirer ma voiture! Un homme sort en slip dans son jardin. M'as t-il vue? Je m'approche. Il rentre effrayé dans sa maison en claquant la porte. Je suis interdite. Il ressort une minute après habillé d'un pantalon en s'excusant. Visiblement il veut bien m'aider. On fait le tour du village désert sans succès. Les hommes sont partis avec les tracteurs. Retour à la maison pour téléphoner à un copain. Sa femme m'offre une chaise et prépare un café. L'affaire prend meilleure tournure.
Le petit déjeuner ? un grand café turc, des petits pains au lait et du cognac.... C'est vrai qu'il fallait se remonter!
Sur la table j'avais repéré des conserves d'oignons au vinaigre. Elles m'intéressaient au plus au point. Ça y est j'ai la recette! Le secret? Deux mois au soleil. Nous avons rendez-vous en avril pour aller acheter les bulbes que j'irai planter à Perm. Le projet les a réjouis. Il faudra que j'appelle 2 ou 3 jours à l'avance. Ils s'appellent Pintur et Slobodanka. J'ai laissé une bouteille de vodka au piment et des chprotis. Désolée Roland, la bouteille était pour toi. Je t'apporterai des noix de Grenoble!