Je me sentirais plus rassurée encore avec 4. Je compte sur le ralliement de deux autres indiens du Lot, car il y a deux jours et une nuit de bus dans des territoires inexplorés. Je crains queques embuscades. Je paierai royalement en bonbons mongols (puisque, paraît-il, le stock laisse avant mon depart est épuisé!).
Si l'on regarde la carte, je fais là un grand saut en arrière et ne me rapproche pas vraiment de Vladivostok (l'atteindrai-je jamais?). Explication: J'ai 4 semaines à patienter en Mongolie, autant partir vers les contrées lointaines, c'est l'occasion ou jamais. La perte de mon passeport, serait-ce un signe du destin? J'ai, jusque là, emprunté les voies les plus fréquentées. Il faut en sortir pour bifurquer vers les chemins de traverse. Ce n'est pas sur la terre battue que le blé lève!
Stratégie : la grande migration touristique, qui va bientôt commencer, se dirige putôt vers l'est, le sud et le centre de la Mongolie. Je pars donc à l'ouest (pas de remarque désagréable qui pointerait qu'à l'ouest, j'y suis déjà !). Ma décision prise, comme d'habitude, ce n'est pas moi qui fait le voyage. Le voyage se fait tout seul. Je suis donc attendue par Brieuc, lecteur à l'université de Khovd (ville de 35 000 habitants, dans une province de 100 000 habitants). Tout autour : des lacs, des glaciers et des parcs naturels pour protéger les derniers léopards des neiges (je les laisserai tranquilles, comme j'ai laissé tranquilles les phoques du Baïkal). Mais pourrai-je partir ? Le passeport, ce n'est pas gagné. Verdict, ce soir à 16h à l'ambassade.
Je suis partie. Bloquée à l' ambassade jusqu'à la dernière minute tout s' est fait un peu à l' arrache . Le car blindé. Tout juste la place pour mon sac dans la soute et mes jambes devant le siège.
Des arrêts dans les petites cantines de village il y en a eu 2 en 28h. Le premier jour vers dix huit heures et le lendemain vers 11h. Entre temps personne ne sort de casse-croûte. Seuls les enfants grignotent quelques gâteaux. Ils restent sagement assis sur les genoux de leurs parents qui les cajolent. A la cantine, des plats uniques trop copieux pour moi, alors on finit l'assiette à 2 ou à 3. Partout le même menu : du boeuf avec du riz, du choux et des carottes ou du mouton avec des nouilles et des poivrons. Thé salé a volonté. Tout cela pour 5000t soit 2euros 50.
Une grand-mère très à la page. Elle m'a montré sur le portable la fonction autoportrait pour que nous fassions une photo de nous deux. Elle était ravie. Une grand-mère courageuse aussi . Monter et descendre du car n'était pas facile, mais elle avait toujours le sourire. J'aurais bien aimé avoir un manteau comme le sien pour les arrêts pipi. 60 personnes dans la nature et pas un arbre ni un buisson, ça manque un peu d'intimité. Pour les mongols ça ne pose aucun problème. En Mongolie, il faut voyager en bus pour comprendre certaines choses.
Les trois quart du trajet se sont faits sur des pistes. Elles forment un réseau enchevêtre, alors on tourne et on virvolte, on grimpe des talus et on traverse des rivières.
Restee le nez colle a la vitre tant qu`il a fait jour, j`ai vu l`espace d`un instant un troupeau de gazelles exploser comme un baton de feu d`artifice et partir a fond de train. Le temps de prevenir mes voisins, qui etaient concentres sur les images de la television, elles avaient disparues. Le bus courait plus vite qu`elles.
Le bus fait du surbooking. Quand il n`y a plus de place, on jette un baluchon dans l`allee et le dernier arrive doit faire avec. J`ai echange ma place avec cette maman et son bebe et voyage quelques heures sur le baluchon. Mon jeune voisin tres sympa (un poete de 18 ans) a pris le relais. Nous avons donc fini le voyage ensemble et elle m` a gentiment propose de m`accompagner dans un hotel a l`arrivee. Effectivement son mari l`attendait dans une grosse voiture. Le temps qu`elle transporte les enfants, et les bagages du car a la voiture, l'homme n`a pas bouge de son siege ( d`apres Brieuc, la societe mongole est une societe machiste). Par contre, il a tres bien negocie le prix a l`hotel. Chacun son job ! Comment avons nous pu communiquer ? C`est simple, j`ai bien ete obligee d`apprendre le mongol...
Non je plaisante . J`ai en main une methode assimil et on souligne les phrases, c`est assez rigolo, d`autant qu`il s`agit d`un manuel de l`epoque communiste et il y a des phrases dont je n`aurai pas vraiment l`utilite * Voulez-vous un poste de TSF dans votre chambre? A quel parti politique appartenez-vous ? Ainsi que tout le dialogue concernant la reparation de parapluies. Dans le desert ce serait un comble !