Au jeu de devinette sur l'étape suivante, c'est Françoise de Fontcouverte qui a gagné la petite peinture mongole envoyée de Séoul dans les Pyrénées Orientales. Non ce ne pouvait pas être le Khirghistan (plusieurs réponses). Maintenant il faut un visa (je suis très au courant des dernières législations en ce domaine). L'affaire n'était pas simple mais il n'y avait pourtant qu'une seule réponse possible pour me rapprocher de Vladivostok, ne pas avoir à faire de demande de visa et trouver un vol direct d'Ulaan Bator. Beaucoup ont botté en touche en m'avouant qu'ils n'avaient pas idée où ce parcours erratique pouvait me conduire. Roland, j'ai bien aimé le décryptage de mon trajet sur la carte : il prendrait la forme d'un requin avec une gueule dans laquelle je me serais jetée. Tu vois, comme Jonas, il m'a recrachée!
J'ai eu la chance d'être parachutée dans un quartier très sympa, rues piétonnes, petites échoppes. La pension est dans le style flower power des années 70. Tout est un peu de bric et de broc, comme j'aime. Le soir on mange dehors dans le jardin, calés dans de vieux fauteuils défoncés. C'est l'hébergement le moins cher que j'ai trouvé. 25 euros la nuit. C'est un peu trop pour mon budget. Il ne faudra pas faire d'écarts (ou trouver autre chose)... Je travaillerai le russe dans le jardin et je dessinerai les petites échoppes. Et puis c'est l'été. Quel choc: des fleurs et des arbres verts. Cela faisait 7 mois que je je n'avais pas vu ça!
Avec Siong, la " maîtresse de maison" , on a regarde le plan de Seoul. Par quel bout vais-je m'y prendre?
Il fait plus de 30°. Même les coréens se plaignent de la chaleur. Il a neigé à Irkoutsk, et il fait 17°aux Estables où le soleil est revenu.
Hier la coiffeuse m'a fait une coupe bien carrée, avec une frange droite qui me fait ressembler à un collégien coréen (en Corée on aime la ligne droite, la ligne courbe c'est pour la Mongolie). Pour compléter la panoplie, il faudrait que je m'achète des baskets et une chemise blanche, je me glisserais dans la foule de façon anonyme. On vit dehors, la cuisine donne de plain pied sur le petit jardin où fleurissent les roses . Ma chambre est au fond du labyrinthe des couloirs et des escaliers, elle est toute petite, mais elle garde le frais. Jusqu'à quand ?
A Seoul si l'on demandait aux habitants de se débarasser des vêtements blancs; noirs et bleus (...et toutes les nuances de gris), 90% de la population serait toute nue. Pour relever le tableau quelques taches de roses et des ombrelles fleuries. Si, ici; on aime aussi, comme dans toutes les villes que j'ai traversées (et les campagnes aussi), les baskets fluo aux formes extravagantes (même les grand-mères!). Je n'ai pas cédé à la mode, car je ne m'y habitue pas.
Vers l'ambassade de Russie où j'ai reçu un accueil peu courtois (c'est peu de le dire). L'affaire risque d'être compliquée avec le manque de zèle dont les fonctionnaires de l'état poutinien font preuve. Une visite aussi à l'Institut français qui est en ébulition. C'est l'année France-Corée, beaucoup de casseroles sur le feu, mais il y aurait peut-être une possibilité d' ateliers dans les écoles. ll faut que je présente un projet.
Liu Wei récupère des cadres de fenêtres, des chassis de portes, des fers à béton ...sur les chantiers en démolitions, en particulier hôpitaux et écoles. Il les utilise comme matériaux pour des sculptures aux formes très épurées qui évoquent l'habitat urbain. C'est intéressant de mettre cette oeuvre en lien avec la photo des immeubles de Yeouido un peu plus loin. J'avais déjà croisé Liu Wei à la Biennale de Lyon et j'avais beaucoup aimé.
Une mauvaise photo de fin de soirée comme on en trouve des milliers sur facebook. Ce que l'on boit en Corée ? Le Makkôli, alccol de riz non filtré. 5°, comme la bière. C'est très particulier. L'aspect du petit lait. Au nez assez écoeurant. Au goût, léger et rafraîchissant. Dai et Michako sont japonais. Ils sont partis en voyage pour deux ans et commencent par la Corée qui est à un saut de bateau du Japon. Ils poursuivront par le ferry jusqu'à Vladivostok ( C'etait mon plan aussi, l'avion on ne m'y reprendra plus!) puis cap sur Moscou par le train (en une fois, 7jours dans le Plaskart!), ensuite, l'Allemagne, la France, l'Espagne, l'Amérique du Sud et la Patagonie. Il y a 8 ans qu'ils sont ensemble et ont pris leur rytme de croisière : 2 années de travail au Japon, 2 années de voyage avec les économies. Il est cuisinier et elle serveuse. Dai est passionné par son métier. Le voyage c'est aussi un voyage de fins gourmets, Il avaient mangé à midi du foie de boeuf cru au marché. C'est interdit au Japon, alors, quel régal !!! Si je suis rentrée fin août, ils risquent de venir déguster un maôche aux Estables et nous préparer un plat japonais (Dai a dans son sac son couteau et son plat pour la découpe). Ils adorent l'escalade, on leur trouvera bien un cailloux. Ils sont réjouissants.
Les incontournables manifestations de la place de "City Hall". Rien à voir avec les nôtres. Tout est parfaitement organisé. Des milliers de personnes et pas de débordements possibles. Un riverain se plaignait "On en assez, c'est tous les jours pratiquement". Lorsque je suis repassée deux heures plus tard, les mêmes étaient toujours là en plein soleil, assis sur leur tapis, après avoir enlevé leurs chaussures. Ces revendications aboutissent-elles.? Je n'en sais pas plus..
Des pistes cyclables, des scènes pour les concerts, des pelouses pour installer sa tente, le temps d'une après-midi. Je m'étais rendue à Yeouido pour la piscine, mais elle était fermée. Elle n'ouvrira que le mois prochain. Il faudra que j'en trouve une autre. Se promener sur les rives du fleuve Hangang et voir l'horizon s'élargir, cela fait malgré tout du bien.
Nous avons passé la journée ensemble . Mamoru est un étudiant japonais qui est venu apprendre le Koréen à l'Université de Séoul. Il a déjà passé deux ans à Minsk, en Bielorussie ,pour étudier le russe et il parle parfaitement l'anglais et le chinois. Il a fini ses études de sciences politiques au Japon et il veut être diplomate. Il a 26ans., il est curieux de tout et absolument charmant. Nous faisons équipe au supermarché pour faire les courses et à la cuisine pour préparer les repas. Il a voulu venir avec moi au musée d'Art Moderne où est installée une énorme exposition du Frac Aquitaine. Le fil conducteur : les écrits de Roland Barthes, l'affaire n'était pas simple.
Comme j'aimerais l'avoir réalisée cette video.: la tentative de l'écriture à l'encre d'un texte, dehors, sous la pluie.
Il paraît que les coréens sont les champions de la chirurgie esthétique. Je n'aime pas trop mon nez. Je vais peut-être en trouver un qui me conviendra mieux.
Le premier jour j'étais complètement perdue. Je suis resortie de la superette avec des petites tomates, des trucs à feuilles qui ressemblaient à des oignons, des champignons un peu bizarres et des nouilles. J'avais passé une heure à tourner dans le magasin en observant les voisins du coin de l'oeil. Hier c'était différent, nous sommes repartis avec un panier bien plein. Les petits poissons séchés qui ressemblent à du vermicelle, Mamoru les a très bien préparés avec du soja et du vinaigre. Nous nous sommes régalés.
Une belle surprise. Jérôme, rencontré en Mongolie, m'a envoyé de Berlin de la musique punk des années 80 avec un morceau sur Seoul . Le blog est donc suivi en Allemagne maintenant. Je sais qu'il l'ait en Italie, en Roumanie, en Ukraine, en Russie et en Mongolie... En France on a un peu lâché... ça doit avoir assez duré.
Quel bonheur de sortir de la foule du métro et de se retrouver dans cet endroit tranquille. Normalement, je n'avais pas le droit d'accès. La piscine est réservée aux étudiants et aux professeurs, mais le petit jeune qui tenait la caisse a été très sympa, il m'a laissée rentrer, juste pour cette fois... il m'a aussi donné une adresse. Demain , j'irai voir, et puis, peut-être, que sur l'ancien site des jeux olympiques... mais c'est un peu loin. En tout cas il y a un peu à faire pour remettre la machine en route. J'ai presque fait 1km, mais il fallait tout.
A 9 h du soir, profitant de la fraîcheur, J'étais tranquillement installée sur le "maru"* entrain de bricoler avec mes couleurs, lorsque Siong, notre hôtesse, est venue littéralement m'enlever. Toute excitée, des billets dans sa poche, elle voulait s'acheter une petit robe. Je n'ai pas hésité; c'était rigolo. D'autant que Siong est pétillante, chaleureuse et souvent imprévisible. Lorsqu'elle me dit "Nicole, je vais finir à l'hôpital psychiatrique!", je lui réponds " Tu ne seras pas toute seule, je serai là pour te tenir compagnie."Quoique... Elle est chinoise, je ne sais si l'hôpital, en Chine, c'est bien terrible. En tous cas avec Siong, c'est beaucoup de fous rires. Elle a aussi réussi à me donner envie d'endosser l'uniforme coréen : salopette grise et tee-shirt blanc. Finalement, c'est très confortable.
*"maru" petit ponton de bois, qui court tout le long de la maison coréenne. On passe sa vie sur le maru, assis sur les petits coussins ou en tailleur à même le bois, pour bavarder, manger, boire, lire, rêver, dessiner....En soirée, on y parle 5 ou 6 langues.
C'est un peu loin. Il faut prendre le métro, mais Mamoru portait les sacs. Nous avons eu un peu de mal à faire nos achats car nos capacités dans ce domaine sont très limitées. Du coup nous nous somme rabattus sur une assiette de poissons prédécoupés (petits petits) et quelques condiments en accompagnement. C'est la première fois que je mangeais du poisson cru. J'ai bien aimé, surtout avec un petit verre de saké. C'est quand même plus pratique avec des baguettes, avec ma fourchette j'étais ridicule, il faut que je m'entraîne.
Ce soir, par contre, je cuisine les moules. J'ai même trouvé une bouteille de Muscadet au super marché, je pense produire mon petit effet. Nous avons aussi été tentés par un morceau de bambou, mais ça, il faudra regarder sur internet, car personne ici ne sait le cuisiner.
Le palais Changgyeoungungg est à deux pas de l'auberge et je n'y étais pas encore allé. Un immense parc, des bâtiments anciens qui me rappellent la Cité Interdite à Beijing (en beaucoup plus modeste). Des pierres monumentales forment des sortes de terrasses à l'ombre des toits qui débordent le mur. Cette architecture prodigue pleins de petits coins pour se reposer, lire ou dessiner. Tout est paisible, même le dimanche. Mon arbre ressemble un peu à un broccoli. Dans la réalité, pas du tout, mais la peinture ce n'est pas la réalité!
L'ambassade des Etats-Unis est juste à côté du Musée d'histoire contemporaine et du palais Gyeongbokgung (un pur hasard?) . On passe inévitablement devant pour visiter l'un ou l'autre des sites. Dans l'après-midi j'ai remarqué, devant l'ambassade, la présence de forces de police assez conséquentes pour Séoul. Le soir une certaine agitation et une tension (4 cars de polices, beaucoup de conversations sur portables...). Deux videos ont été publiées par le régime coréen du nord. L'une est une simulation du bombardement de Washington, l'autre celui de Séoul. Je n'ai pas pu mettre en lien celle de Séoul car elle est apparemment sensurée dans le pays. Je vous invite à aller la voir (plutôt bricolage de potaches!). Tout cela a t-il du lien? Merci de compléter mes informations, pour savoir s'il vaut mieux aujourd'hui être en Corée du Nord ou en Corée du Sud ?
Inscrite à la médiathèque de l'Alliance française, je suis plongée dans l'histoire coréenne. J'ai un vrai plaisir à lire ces romans qui nous font revivre les évènements dont je n'ai perçu que des bribes, où seulement ce que l'on voulait me faire savoir. Du point de vue "des petites gens", l'Histoire paraît bien différente. Les deux livres qui m'ont touchée et permis d'entrer plus "émotionnellement " dans le Musée d'Hiistoire : "Ho-Chul Lee, "Gens du Nord, gens du Sud" pour la guerre civile des années 50 et HWANG Sok-yong "Le jardin secret", pour la période des années 70- 80 sous la ditacture déguisée en démocratie.
On comprend que depuis des décennies, rien n'est réglé puisque l'occupation japonaise c'est entre les deux guerres. Que des jeunes se mobilisent sur cette question semble surprenant pour l'occidental. Pour revenir au musée d'histoire, c'est une énorme machine de propagande pour les américains qui auraient sauvé les coréens du sud pendant la guerre froide. L'autre version concernant la guerre civile : les américains étaient parfaitement au courant de l'invasion qui se préparait au Nord, ils auraient laissé faire pour pouvoir réagir de façon plus radicale envers l' agresseur et ensuite installer des bases militaires sur un territoire hautement stratégique.
Un rendez-vous manqué. Il est trop vite reparti pour les Philipines et l'Indonésie. (en avion tout est à proximité!). Après avoir terminé un diplôme d'architecture au Canada, il s'offre un voyage "d'étude" avant de passer à l'action. Il m'a appris que Zaha Hadid , l'immense architecte d'origine irakienne était décédée le 31 mars. Une des ses oeuvres est à deux pas , je vais aller y déposer une fleur. Ehsan m'a laissé entendre que l'Iran était le plus beau pays du monde : il y a tout, la mer, le desert, les sommets enneigés, la jungle...Ce serait le seul pays stable au milieu de la tempête. Lorsque j'émets quelques réserves, il sourit en répliquant que les européens font dans le cliché et aiment noircir le tableau. Son père est ingénieur dans le génie civil et sa mère architecte d'intérieur, ils vivent à Téhéran. Il est parti, d'Iran, comme beaucoup de jeunes pour échapper au service militaire (une perte de temps d'après lui). Il habite au Canada avec sa soeur qui étudie le français et sera, parait-il, ravie de lire le blog. Il a pris la nationalité canadienne et elle aussi. Apparemment Ehsan est un jeune bien adapté au monde d'aujourd'hui :il sait faire les compromis nécessaires pour aller de l'avant, ce que personnellement, je n'ai pas su faire.
Il a installé sur mon portable " Instagram.".(Facebook, c'est paraît-il ringard!). MiKael ,à Perm, si tu lis ces lignes merci de t'inscrire (nic.rainette) j'aurais des nouvelles de ta galerie , c'est toi qui m'en avais parlé en premier.Pour le moment Ehsan est mon seul correspondant.
Tout simplement ahurissant! ça me gave? Pas du tout, je suis au spectacle.
Dean, Andrew, Nathan, Evan et Pablo sont américains. Ils étudient au Japon et sont venus pour une petite virée à Séoul. Je peux vous assurer qu'ils ne se sont pas ennuyé. Ce soir , ils ont sorti le grand jeu pour une nuit festive. Dean, à gauche sur la photo, a soigné les détails en attachant les boutons de manchette. Dommage, on ne les voit pas. Ils ont presque soulevé une tempête: on avait tous envie de se mettre sur notre 31, mais on n'avait rien qui soit à la hauteur.
Mamoru ( prononcer Mamorou), m'a fait un oiseau avec la page du calendrier qu'il venait de déchirer (le joli mois de mai, c'est fini!) . J'ai eu envie de l'associer avec un paysage du lac d'UVS en Mongolie. La Mongolie, la Corée et le Japon se racontent.
Dans ce bâtiment high tech qui ressemble a un énorme monstre endormi se trouve rassemblées toutes les activités concernant le design. Je repense à la cohorte d'étudiants coréens, qui débarquaient à l'école des Beaux-Arts de Saint-Etienne, pour étudier le design et la communication (sans parler un mot de français), je suis étonnée des stratégies d'échanges internationaux. Concernant ce domaine, il y a tout à Séoul, même plus.
Variations sur un thème. Parfois il s'agit d'un Dharma indien, parfois d' un moine coréen, mais aussi d'un enfant qui aurait traversé la mer (laquelle?) ou une rivière, sur deux branches de roseaux ,ou de bambou, peut-être sur une feuille de lotus (notre Jésus a fait mieux!). Je ne sais pas lequel vous préférez, je choisirais plutôt l'enfant, il a vraiment l'air de se régaler (pour parler comme nos amis du sud). La feuille de lotus, ça a l'air rigolo aussi. C'est peut-être ça le lien avec le design, dans la logique du développement durable, une feuille de lotus pour traverser la mer, c'est top!
Il y avait une deuxième exposition (énorme) sur Jean-Paul Gaultier. Je n'y suis pas allée. Pour moi c'est vraiment la décadence de notre société, mais les coréens adorent. Il faut savoir que les musées sont gratuits à Séoul. Pour Jean-Paul Gaultier, il fallait payer 15000 wons soit 12 euros.
Ils sont arrivés à Lyon, les bonbons de Mongolie. Il y en a 180. L'ordonnance de mamie : 1 par jour pendant 90 jours. Les derniers, on devrait les sucer ensemble. J'ai pioché un peu au hasard et je ne les ai pas tous goûtés :. il devrait y en avoir des bons et des mauvais. .. comme les jours qui se succèdent! (les bonbons du Lot sont arrivés aussi)
Non on n'a pas lâché, mais la vie est compliquée en ce moment. On tourne en rond : avec des lois qui nous font retourner en arrière, on tourne en rond dans la ville le jour pendant les manifestations. On tourne en rond en arpentant les trottoirs la nuit pour les Nuits debout.
Aujourd'hui il a fait chaud, et nous avons tourné en rond une fois de plus sur le Breuil, au Puy. Puis nous avons bloqué la circulation pendant quelques heures, tout en pique-niquant et discutant. C'était une belle journée.
Ce soir j'ai montré à l'Assemblée à St Vincent un film tournée en Sibérie, les Territoires de liberté, d'Alexander Kouznetsov, en pensant à toi sur la route. On a parlé de ton voyage. Peut-être auras-tu l'occasion de voir ce film et d'aller faire un tour dans les Stolbys. Et si tu passes à Krasnoyarsk, peut-être sur le chemin du retour, taches de rencontrer Alexander Kouznetsov ou de voir ces photos. Il est d'abord photographe. Et en principe il vit là-bas.
Bises de notre Sibérie à nous.