Quel bon choix! Comme c'est agréable la grande famille avec des gens si différents! Dans le dortoir mixte dans lequel nous devions être une douzaine, nous ne sommes finalement que 6. On est vraiment au large lorsque le lit du dessus sert de dressing. Dans la cuisine on peut tester les plats des autres, se donner des petits coups de main et parler en russe avec une chinoise (ou rester tranquillement dans son coin à écouter et à regarder). L'auberge est magnifique, d'une propreté méticuleuse, le matériel à disposition high tech et le mot de passe pour la wifi (parole en russe) "weloveyou".... mais surtout il ya les dievouchki qui gèrent cet hôtel. J'ai hâte de vous les présenter.
Leur point commun à toutes, le sourire, la gentillesse et une véritable attention envers les gens qu'elles accueillent. Elles sont curieuses, dans le bon sens du terme. La vie des gens les intéresse. Elles ont voulu voir le blog, les dessins et pris du temps pour bavarder alors qu'elles ont beaucoup à faire. Elles tiennent tous les postes: le ménage, l'administration, l'accueil, les petits dépannages... Larissa ne vient que le week-end. Elle est musicienne et joue du piano et de l'accordéon. Enseigner la musique ? ça ne rapporte rien du tout, alors elle fait le ménage le samedi et le dimanche et la nounou la semaine. La musique, c'est pour les fêtes et l'on enfile les beaux costumes. Comme Tamara elle a une chambre et une cuisine à partager. Katia parle bien le français. Elle me l'avait caché, par modestie ou par timidité?
En sortant le premier jour, il neigeait, le thermomètre était descendu à -20 . En prenant cette photos pour les couleurs des façades, j'avais à peine vu la petite silhouette qui pelletait un peu plus loin. Arrivée à sa hauteur, j'ai reconnu une dame âgée, au regard incroyablement bleu. On s'est dit bonjour, échangé quelques banalités sur le temps puis, de fil en aiguille la conversation s'est engagée.. Je croyais qu'"elle" (désolée je ne connais pas son nom) nettoyait devant sa porte (c'était idiot, elle n'aurait pas pu avoir de voiture à sortir!) . En fait elle travaillait pour une entreprise pour gagner quelque sous en plus de sa pauvre retraite (elle m'a montré le logo sur sa veste). Elle a été surprise, comme beaucoup, que les retraités de ce pays lointain qu'est la France puissent voyager . Une fois de plus je me suis sentie mal à l'aise. Elle avait un regard clair, lumineux de la même couleur que le surface colorée du bois derrière elle. La photo aurait été superbe. Elle n'a pas voulu : " Qu'est ce que vous allez en faire de cette photo en France? ". Elle avait plus de soixante quinze ans. et son idée sur le droit à l'image.
Bea c'est pour toi. Une petite fenêtre d'isba sur ta maison des Carpates, ça te dirait? Tu pourrais les commander tout de suite à P'tit Pom, maintenant qu'il n'a plus grand chose à faire.
Ces fêtes, elles n'en finissent plus en Russie, il y a encore les marchés de Noël et les manèges. A la lumière des lampions, j'ai demandé à une passante, au hasard, s'il s'agissait bien de de la statue de Vladimir -Oui bien sûr, ce n'est pas la grande statue, mais la petite - Et vous venez d'où ? Le froid vous ne craignez pas? Comment vous trouvez la Russie.? Vous avez vu ça, ça, et ça à Vladimir? Oh, il faut absolument aller voir ça, il faut que vous emmène.. Ah non je ne peux pas, avec Kocia (son petit fils) il a trop froid (il est tout blanc, ll grelotte). Il fait -23. On se quitte à regret, avec l'impression de manquer quelque chose. Natacha m'a fourré, en partant, des chocolats dans la poche. Je les ai mangé aujourd'hui dans le bus pour Souzdal.
Souzdal est un décor parfait pour les studios Disney. C'est un théâtre dans lequel se bousculent les russes nostalgiques du passé . Mais le spectacle était fini au lendemain des fêtes et je me suis promenée seule sur une scène désertée. Il manquait les acteurs. Vous l'aurez compris les villes=musées ce n'est pas ma tasse de thé. J'ai fait un petit tour et je me suis en allée.
J'étais contente de rentrer "à la maison". On m'attendait et avait réservé un dortoir pour moi toute seule. J'ai 6 lits. Tout va bien.
Nous avions prévu de nous retrouver, avant mon départ pour la Sibérie, pour faire connaissance. C'était un peu la fête. Le retour de France ne s'était pas fait sans provision. Délicieux, le saucisson de Lyon, et délicieux aussi, les fromages français (là dessus, il n'y a aucun doute!). Nous avons tiré les rois. Il n'y avait pas de fève dans la galette. Les enfants étaient déçus. Nous avons pu parler art avec Laure et regardé les catalogues des ses expositions. Elle fait un travail magnifique. J'ai pu constater aussi que je parle encore courrament français.
J'ai consacré la matinée au tri. Il fallait alléger le bagage sinon de moitié, du moins d'un bon tiers. L'affaire n'a pas été simple, mais elle s'est faite. Dans l'élan, j'ai laissé l'appareil photo.Damned!!! comme dit Laure.. J'ai pris la route, avec dans la poche extérieure de mon sac à dos un petit pique-nique préparé par Laure. Trop sympa!
En passant devant la loge, j'ai retrouvé Valeri qui était de service ce jour là. Nous étions heureux tous les deux de nous revoir. D'autant que je voulais lui demander son avis sur le livre de Svetlana Alexievitch que je lui avais passé. Il a beaucoup aimé et va l'emprunter à la bibliotthèque pour le terminer. Il n'avait jamais entendu parler de cette auteure qui a reçu le prix Nobel de littérature de cette année