L'Inde, ça se gagne. Ayant décidé de passer la frontière Népalaise - Indienne par voie terrestre et non par voie aérienne, le visa électronique indien que nous nous apprêtions à faire ne suffit pas : il faut un visa papier, 2 fois plus cher, et nous devons donc aller le faire à Phnom Penh. Cependant, il nous faut remplir auparavant tout le formulaire électronique, long comme la muraille de Chine et avec des questions telles qu'on se demande où ils sont allés chercher cela !
A la fin du formulaire, nous recevons une convocation, sans pouvoir choisir la date et l'heure ! par chance, on (enfin moi la reine de l'organisation :) a effectué la demande au bon moment et la date de RDV tombe dans la période où on pensait aller à Phnom Penh. On a donc juste à adapter notre voyage en conséquence. Je ferai les 2 autres formulaires à la suite, en espérant avoir la même date pour nous 3, avec des créneaux horaires consécutifs. Après un peu de stress, nos obtenons 3 RDV qui se suivent. 11h, 11h30 et 12h (l'heure est importante !).
À Phnom Penh, nous nous débrouillons pour faire toutes les photocopies demandées et imprimer les photos d'identité que nous avons au format jpeg et cadrées aux normes indiennes. Eh oui il leur faut les versions papier et électronique !
Contents de nous, nous nous dirigeons en tuk-tuk vers l'ambassade pour notre 1er Rdv de 11h. Le tuk-tuk nous dépose un peu avant mais nous sommes plein d'élan ! Sauf que là où nous devrions trouver l'ambassade, il n'y a qu'un portail fermé et aucun écriteau. Un garde nous dit de faire le tour et passer par l'arrière.. Là, nous commençons à marcher un peu plus vite, le tour est grand mais surtout on ne voit rien et on finit par revenir à notre point de départ. Grand moment de solitude...
Il n'est pas encore 11h. Je vérifie l'adresse sur le guide du routard, sur les formulaires et sur Maps me, tout concorde. Un policier tente de nous aider et nous comprenons que l'ambassade a déménagé. Un moment de lucidité dans ma tête de blonde et je vais vérifier l'adresse sur le site de l'ambassade de l'Inde... Elle a bien déménagé... Panique à bord. On trouve un tuk-tuk qui sait enfin où se trouve l'ambassade... Juste à côté de notre hôtel. On y arrive à 11h10. Et là il y a un bel écriteau avec des gardes... qui ne veulent pas nous laisser entrer... Les dépôts de dossier se font entre 9h et 11h! On parlemente, on explique que l'on a 3 RDV à 11h, 11h30 et 12h. Ils finissent par me passer au téléphone quelqu'un qui ne veut rien entendre malgré mon plus bel anglais, et mon discours tragique car nous repartons demain matin..
En fait les RDV donnés sont une erreur informatique, il n'y a aucun rdv et il faut venir déposer les dossiers entre 9h et 11h. On nous conseille de venir très tôt car il y a beaucoup de monde..Dès 8h, nous sommes devant l'ambassade... Presque personne. Des gens arrivent petit à petit, et à l'ouverture des portes, c'est la ruée. Les 3 casaques Bourreau Le Noay sont stoppés net car il faut enlever nos chaussures à l'entrée. Devant le guichet vitré, les indiens nous passent devant sans aucun scrupule. Enfin devant l'agent administratif on est recalés car il y a un autre formulaire à remplir ! Et là on doit refaire la queue...Si un de nous à le malheur de se lever, notre siège est pris aussitôt... On finit par déposer nos dossiers et payer surtout 303 dollars. On nous demande nos billets d'avion pour arriver en Inde.. Nous expliquons que nous ne pouvons pas en avoir puisqu'on y entre par la route. et c'est bien à cause de cela qu'on doit faire des visas papier, co.... Bref, on nous ordonne de venir les chercher une semaine après (les retraits ont lieu entre 16 et 17h). On leur demande de nous accorder une semaine de plus car on sera sur Koh Rong (à se là couler douce). Les mines patibulaires en face de nous finissent par accepter.
On est sortis à 10h30 et on aura un bus en début d'après midi pour Kampot.
De retour à Phnom Penh, à la date prévue, nous sommes devant l'ambassade avant 16h. Le gardien nous reconnait. On nous reçoit dans une belle salle à la déco bien kitsch et on nous demande de nous asseoir sur le canapé. Désolée je n'ai pas osé faire une photo. Ils ne trouvent pas nos passeports - normal on aurait dû venir une semaine plus tôt... Séquence émotion. Les voilà enfin.... Avec les visas.
L'Inde ça se gagne ! J'espère au moins qu'on ne va pas attraper ou revenir avec des maladies. Par la suite, je m'aperçois que toutes les démarches administratives indiennes sont d'une complexité indescriptible. Prendre un billet de train, comprendre le système d'allocation des places et toutes les classes, réserver un safari dans un parc... J'ai dû abandonner après plusieurs heures et des cheveux en moins. On verra sur place, à la routard.
La ville n'est pas spécialement belle et elle nous a semblé surpeuplée. Nous avons trouvé quelques endroits plus calmes pour nous échapper de la cohue des rues et même un restaurant italien avec de la vraie charcuterie et de bonnes pizzas. ..
Le Cambodge est connu au travers de ce qu'il a donné de plus grandiose, Angkor, et de pire, les Khmers rouges. Nous avons commencé par découvrir le pire.
Le musée S21 était un ancien lycée, converti en centre de détention le plus secret d'un réseau qui comportait 200 prisons où les détenus étaient torturés par les Khmers rouges. Nous ne pourrons prendre aucune photo d'intérieur.
Entre 1975 et 1979, près de 20000 personnes passèrent au S21, subissant les pires tortures avant d'être achevées dans un camp d'extermination. C'était un centre de purge, tous les potentiels opposants au régime y passèrent, pour n'importe quel motif, valable ou inventé.
Avec un audio-guide nous allons découvrir les salles d'enfermement collectif et individuel, les salles et instruments de torture, des témoignages de rescapés qui font froid dans le dos et la folie de Pol Pot.
Certaines images sont insoutenables, les moyens de torture inimaginables. Maël suivra l'audio guide avec nous au début, avec nos explications en plus, puis ensuite il ira jouer dans le parc.
Court rappel d'histoire : Les Khmers rouges furent initialement accueillis par la population, soulagée par la fin des hostilités et des bombardements américains suite à la guerre du Vietnam.
Un événement à peine imaginable va alors se produire : sous prétexte de bombardements américains imminents, en 48h, les "libérateurs" procèdent à l'évacuation TOTALE de Phnom Penh : soit 2,5 millions de personnes sont déportés de force vers les campagnes. personne n'est épargné : les témoins de l'époque rapportent que les malades des hôpitaux se sont retrouvés sur la route, dans leur fauteuil roulant ! Une exode qui coûtera la vie à 400000 personnes. En quelques jours, cette capitale, considérée comme la plus belle d'Asie du sud-est, n’est plus qu’une ville fantôme, où tous les symboles de la société bourgeoise seront saccagés. Eglises, banques brûlées, magasins vidés. C’est « l’année zéro » proclamée par les Khmers rouges. Toutes les villes du Cambodge seront évacuées,
la population doit gagner les rizières pour se mettre au travail pour assurer l’autosuffisance alimentaire. La population sera triée en 3 catégories : les militaires sont exécutés, les fonctionnaires et intellectuels (il suffit de porter des lunettes) considérés comme suspects, sont envoyés dans « des villages spéciaux » et le reste « le peuple », doit rejoindre son village initial et se plier aux ordres pour gagner son riz quotidien. Les conditions travail sont proches de l'esclavagisme. En 4 ans, il y aura presque 2 millions de victimes (sur 5 millions de cambodgiens).