Dans les années 1600, Potosi compte 165 000 habitants et les mines d'argent fournissent en moyenne par an 240 tonnes d'argent à la couronne espagnole! Elle devient ainsi la plus riche et la plus peuplée des villes de l'époque. Ces mines furent le gisement le plus fabuleux de tous les temps. Dépensant sans compter cette manne inespérée, l'Espagne favorise le développement du commerce mondial, entrainant à sa suite les économies françaises, britanniques... Le capitalisme européen y trouve l'un de ses plus grands essors. L'injection de liquidités est massive : elle équivaut à 50 milliards de dollars actuels, pour la période s'étendant du XVIè au XIX siècle.
Alors, l'expression "ce n'est pas le Pérou", elle vient d'où ? et bien, d'ici, de Potosi lorsque cette très riche ville appartenait encore au Pérou. Elle fait référence à ses mines d'argent qui étaient péruviennes à l'époque coloniale. On a longtemps dit aussi en Espagne "ça vaut Potosi" pour évoquer cette fabuleuse richesse.
Entre 30 000 et 60 000 tonnes auraient été extraites des mines. Début du XIXè siècle, les filons commencent à s'épuiser et Potosi tombe en désuétude. Les mines, aujourd'hui, sont toujours exploitées, dans des conditions qui ont peu évoluées depuis le XIXè siècle. Il n'y a plus beaucoup d'argent, mais on y trouve zinc, étain et fer. Les grands investisseurs sont bien sûr partis mais ce sont de petites coopératives locales qui ont pris le relais.
Les mines se visitent, et nous avons trouvé Willy, un ancien mineur autodidacte parlant français pour nous faire cette visite. Il nous a expliqué plein de choses, il connait les mineurs et cette visite restera pour nous un grand moment, plein d'émotions aussi.
Tout est prétexte pour faire la fête à Potosi. Tous les voyageurs que nous avons rencontrés ont fait le même constat. Tous les jours il y a une école, une association ou un club qui défile ou qui revendique dans les rues.
Il fallait bien faire quelque chose de tout cet argent : des pièces pour l'Espagne !
Les pièces des espagnols y furent faites jusqu'à l'indépendance en 1824, puis les pièces boliviennes jusqu'en 1950.
C'est le seul hôtel de la monnaie au monde où toutes les presses utilisées au cours des siècles ont été conservées, et en plus sans être déplacées. Il faut dire qu'il y a de la place, ils ont vu grand les espagnols : plus de 7000 m2, 5 cours intérieures immenses et 200 pièces !
Petite anecdote: les billets "papier" boliviens sont fabriqués en France à Rennes...