Le trajet nous fait passer par des plateaux crevassés et arides où seuls quelques arbustes pelés subsistent... et au bout d’une heure de route, nous atteignons la ville de Bluff, dans une vallée plus verdoyante.
Cette petite ville recèle un trésor : Fort Bluff, un musée consacré à l’histoire des pionniers mormons qui ont fondé cette ville en 1880.
A l’époque, cette région reculée de l’Utah servait un peu de base arrière à tous les gangsters et autres hors la loi qui fuyaient les mines du Colorado. Un appel fut lancé pour aller explorer et coloniser ces terres, et 250 personnes (familles avec femmes et enfants) partirent pour un voyage de plus de 400 km. Le voyage devait durer 6 semaines, il leur prit 6 mois... Pour traverser des zones complètement arides, et franchir des obstacles insensés, comme descendre dans une faille quasi verticale de 200 m de haut avec 80 chariots, 100 vaches et chevaux...
Un film de reconstitution raconte cette histoire incroyable, et nous sommes impressionnés par la détermination et l’ingéniosité de ces hommes et femmes qui sont partis pour un voyage sans retour...
Tout autour du campement sont reconstituées les cabanes de l’époque, avec meubles, objets, photos des familles... et un commentaire audio dans chaque cabane reprend l’histoire de la famille, ou un événement, ou un extrait de lettre... c’est interessant... et assez émouvant.
Autre trésor de ce musée : les costumes d’époque. Allez hop, on est en 1880, et on arrive en carriole !
Voilà, on s’est instruits, émus, amusés... un moment mémorable !
Le lendemain, pour notre visite du Arches National Park, le soleil a décidé de ne pas se montrer, et des averses prennent le relai. Les couleurs des roches sont forcément moins mises en valeur, mais les structures des arches et des rochers restent spectaculaires. Quelques balades nous permettent d’en voir de belles...
Le soir, retour au camping, où nous retrouvons notre voisine Theresa. Une belle rencontre. Elle a une soixantaine d’années, vit seule dans un grand camping-car qui est son domicile temporaire car elle travaille à l’accueil des clients du camping.
En fait, nous avons fait connaissance la veille au soir car elle voulait savoir si cela nous dérangerait qu’elle travaille un peu son harmonica... Quelle question ! Non seulement nous avons dîné en musique grâce à elle, surtout du blues, mais en plus nous avons joué ensemble ! Bon, avec le mini piano d’un iPad, ce n’était vraiment pas l’idéal, mais l’échange était chaleureux ! C’est une musicienne professionnelle, elle joue du banjo, du sax ténor, de la batterie, de la guitare, et a joué pendant des décennies dans des groupes pour des soirées, chez Disney... Elle travaille maintenant en fixe « pour payer sa retraite »... elle me glisse d’ailleurs qu’elle est ravie d’être ici car elle gagne beaucoup d’argent, tout en ayant le temps de profiter de la nature ! C’est une personne très énergique, courageuse, et on sent qu’elle a eu une vie agitée. Sa grande fille de 30 ans et ses deux enfants vivent plus au nord dans les montagnes mais ils se retrouvent tous de temps en temps.
Gros hugs lorsqu’on se dit au revoir le lendemain matin !