petite nuit (encore) et gros petit dej (toujours). Pensant avoir fait le tour de Battambang et ses environs, on décide de passer la journée "à la maison", à profiter de la fraicheur du jardin et des hamacs pour se reposer. J'accompagne Leakhena au petit marché pour reprendre quelques photos de cet endroit unique, et Théo commence à préparer le repas avec Mony. Un ingrédient manquant à la recette de la salade prévue pour le déjeuner, nous nous rendons en moto dans le plus grand marché de la ville, où Leakhena déniche le précieux sésame : un champignon chinois séché qu'elle tenait tant à nous faire goûter. Ravie, je poursuis mon reportage photo. Après avoir cuisiné tous les 5, on se laisse inviter et partageons un énième repas ensemble. C'est fabuleux de se sentir si vite chez soi, tout en étant à l'autre bout du monde ! Après midi lecture pour moi, muscu pour Théo qui a trouvé un spot en plein air, avec quelques machines.
Après avoir épluché les pages de Triadvisor en quête d'un endroit sympa où dîner, on se retrouve à manger à la même table, celle des Ket, le number one des restos de Battambang ! En plus ce soir, une autre invitée se joint à nous. Nous rencontrons Anne Laure Poree, une expat tombée amoureuse du Cambodge il y a 13 ans et qui depuis vit à Phnom Penh. C'est une amie de la famille, qui a travaillé en tant que journaliste mais qui est maintenant guide pour touristes francophones. Elle connaît très bien ce pays, son histoire et son peuple, qu'elle affectionne beaucoup. Nos échanges sur la situation économique, sociale et politique actuelle au Cambodge ont donc été réciproquement passionnés et très enrichissants. Elle a notamment évoqué le ras le bol des jeunes générations (et d'une partie des plus âgés, dont les Ket à l'unanimité) face au parti populaire cambodgien, en place depuis 1985. Adeptes de la corruption et défenseurs de leurs propres intérêts, ses dirigeants ne sont que très peu renouvelés. Si certains dérogent à la règle, notamment le ministre de l'éducation qui parait-il fait du très bon travail, beaucoup ne poursuivent pas l'idéal démocratique et participent à accroitre les inégalités. Lors des élections législatives de 2013, l'opposition réussit a s'unifier, nous raconte t elle, prônant davantage de justice sociale, la séparation des pouvoirs, une véritablement redistribution des richesses et le respect du pluralisme politique. Face à l'engouement qu'elle provoque lors de la campagne, les espoirs de changement ne cessent grandir. Elle remporte 55 sièges à l'Assemblée nationale, devancée d'une courte tete par le parti populaire cambodgien, qui conserve la majorité absolue. S'en suivent des manifestations dénonçant un scrutin entaché d'irrégularités. L'armée se range aux côtés du gouvernement et fait respecter leur interdiction, elles sont réprimées dans le sang. Depuis, le gouvernement poursuit sa politique d'intimidation vis à vis des opposants, qui sont arbitrairement inculpés ou forcés à l'exil. L'opposition est muselée en vue des prochaines élections législatives de juin 2018. Difficile donc d'imaginer autre issue qu'une énième victoire du parti du peuple cambodgien, dont les représentant locaux sont pratiquement les seuls à faire campagne...
29/02 ~
jour du départ, après une nuit SANS FUNERAILLES ! C'était inespéré. Nos hôtes, occupées par la préparations des chambres pour l'arrivée de nouveaux invités, nous laissent le champ libre pour nous emparer de leur cuisine. A notre tour de leur concocter un petit quelque chose ! On décide de tenter le banofee pie, un dessert à base de bananes (très bonnes ici), de lait concentré (qui se vend partout) et de biscuits sablés écrasés, ceux ci moins évidents à trouver. Mais pas de crème chantilly, sans crème fraîche et sans fouet ça semblait compliqué. Le résultat est plutôt concluant étant donné les conditions et les ingrédients à disposition. On le goûte avant de partir, après un merveilleux repas d'adieu.
Beaucoup d'émotions nous submergent quand sonne l'heure du départ. Nous avons passé d'excellents moments chez les Ket. Cette famille en or nous aura transmis son histoire et sa passion pour la nature et la gastronomie (au total, on aura à goûté à 20 fruits et 29 légumes différents, dont la plupart qu'on ne connaissait pas). C'est en partageant le quotidien des gens que l'on peut en saisir le mode de vie, la culture et les habitudes. Ici, nous aurons vécu à leur rythme. Chan Lom, Mony et Leakhena sont d'une ouverture d'esprit, d'une curiosité et d'une générosité qu'il est rare de rencontrer. Elles nous ont ouvert les portes de leur cocon et accueilli comme des membres de la famille, ne cessant de nous répéter leur fameux mot d'ordre : "make yourself at home". On ne se sera pas fait prier !