La route de Lung Cu à Bao lac est longue, environ 130 km. Malgré un réveil aux aurores, on quitte Lung Cu à une heure avancée, après avoir passé un super et inattendu moment au marché.
Une fois encore le trajet est sublime, ponctué de stop à différents points de vue. Le plus célèbre d'entre eux, le Ma Pi Leng Pass surplombe un canyon vertigineux au fond duquel une rivière turquoise glisse doucement. On profite du paysage pour grignoter de la patate douce et du maïs grillé, cultivé en masse dans la région, puis on se remet en selle sans tarder.
On arrive à Bao Lac en début de soirée mais il fait déjà nuit. Claqués, on se contente d'une douche, d'un pho ga (soupe de nouilles au poulet) et au dodo.
Au matin du 19 mai, on fait un saut dans une "boulangerie" et Théo m'amène dans un café pour commencer en douceur cette journée d'anniversaire. Je rêvais de croissants, mais c'était peut être trop demander dans cette micro ville ! Ca sera brioche au goût douteux, bien rattrapée par un cafe frappé comme les vietnamiens savent si bien le faire, et un bon smoothie à la mangue. La journée commence très bien, et j'ai le sentiment que ce n'est que le début !
D'autant qu'à la question "Ah mais on est samedi, peut être qu'il y a un marché à Bao Lac ?!", que je ne sais plus qui a judicieusement posée dans un éclair de génie (bon ok c'était moi), la réponse était oui, par chance ! Je dis par chance car à Bao Lac, le marché se tient tous les 5 jours, selon le calendrier lunaire, ce n'est donc pas forcément voire même rarement le samedi. Mais ce n'est pas tout, le marché de Bao Lac c'est aussi celui où les Lolos noirs du reportage "rendez-vous en terre inconnue" avec le rugbyman Frédéric Michalak se rendent pour vendre leur surplus de récoltes et faire leurs courses. On venait de le visionner quelques jours avant, il nous avait beaucoup touchés et c'est au hasard d'une recherche Internet que l'on découvre ce même matin qu'ils vivent TOUT PRÈS !
Ni une ni deux on file au marché car il est déjà 10h et c'est une heure tardive pour les vietnamiens. Et qui est ce qu'on voit en y arrivant ? Pas Frédéric Michalak non, il est rentré depuis bien longtemps, mais bien des LOLOS noirs ! Tout plein de loloooos !!!!! Théo était ravi vous vous en doutez (haha) et moi aussi.Le costume des femmes est très reconnaissable, il est constitué d'un large pantalon noir et une veste noire aux manches colorées. Elles portent parfois sur la tête un chapeau plat tressé en feuilles de latanier ou de rhapis (variétés de palmiers), forme inédite qui change du fameux chapeau conique. Nous sommes encore plus contents de les voir car les Lolos noirs sont la plus petite minorité ethnique du pays, seuls 2 000 individus la composent !
On voit également au marché de très beaux Dao, des Tay, des Hmong, des San Chi et sûrement beaucoup d'autres même si nous ne savons pas tous les reconnaître. On en prend plein les yeux, c'est un vrai défilé de mode ! Tout est fait main, les tissages, les ponpons, les broderies et les teintures indigos, suivant des techniques ancestrales. Chaque pièce est unique, faite sur mesure et demande un travail de titan, près d'un an pour certaines broderies ! Les résultats sont époustouflants, les formes des vêtements sont originales, les motifs et couleurs propres à chaque ethnie. Ca me donnerait presque envie d'être styliste ... si seulement j'avais la patience nécessaire. Et le talent. Bo, c'est joli aussi les bracelets brésiliens, t'en fais pas Margot !
Après ce moment inespéré, il est temps de partir direction Cao Bang, à près de 130 km d'ici. En chemin, on aperçoit sur un scooter une Lolo qu'on avait vue au marché. Elle nous a regardés, on la regardée, on s'est regardés (avec Théo), BREF, on décide de la suivre, en espérant tomber sur LE village Lolo du reportage. Elle nous sème rapidement. Les chemins sont moyennement praticables, on essaye plusieurs routes une fois à droite, deux fois à gauche puis tout droit, on revient sur nos pas, on tente un autre chemin, mais rien. Au bout d'une demie heure de recherche on est prêt à abandonner, d'autant qu'il ne faut pas trop tarder, le trajet jusqu'à la prochaine étape est long. Allez, dernière tentative ! Cette fois ci c'est la bonne, il fallait s'enfoncer encore plus loin, et le voilà le village ! On imagine qu'il est habité par des Lolos en voyant les vêtements sécher. On s'y arrête, et la femme du scooter est là, à la fenêtre d'une maison, un bébé dans les bras. Elle nous fait signe de monter chez elle. Sont présents les membres de sa famille et des voisins, on passe 2h avec eux à boire le thé ... un moment privilégié et inoubliable ! (Bon, ce n'était pas le village des Lolos du reportage, on leur a montré une photo de Michalak et de ses hôtes qu'ils ont reconnus, on comprend qu'ils habitent le village du dessus). Mille sourires, une accolade et on reprend la route, cette fois ci pour de bon.
Voilà l'histoire de mes 24 ans chez les Lolos noirs.
Voici le lien pour visionner l'émission rdv en terre inconnue, avec Frédéric Michalak : https://youtu.be/WFATX7nWwC0
Ce reportage est assez fidèle à ce que l'on a pu voir et vivre. Seul changement visible dans le village Lolo que l'on a vu et celui du reportage : ils sont maintenant accessibles en moto, ce qui facilite grandement la vie des habitants. En contrepartie, on imaginait qu'ils perdraient de leur tranquillité et peut être même certaines facettes de leur mode de vie et certaines coutumes, mais difficile d'en discuter avec eux du fait de la barrière de la langue (on vous met au défi de mimer ces réflexions...bon courage!). Tout ce qu'on peut dire c'est qu'ils avaient l'air surpris de nous voir, pas sur que beaucoup de touristes leur rendent visite.