Sortir de Bogotá est un vrai bordel, Lina nous avait prévenus mais je ne m'attendais pas à ça ! On s'arme de patience, avec de la musique dans les oreilles le temps passe plus vite. Et la route est plus belle. Je me remémore les moments que j'avais passés avec elle et ses amis latinos à Chambéry. C'était en plein hiver, la mafia caribéenne peinait à s'habituer au froid je me rappelle !
Lina est la cousine éloignée de Daniel, un très bon ami colombien de mon frère, rencontré pendant ses études. Sa cousine voulant apprendre le français, il lui avait vivement conseillé de venir étudier à Chambéry, ville où il avait posé ses valises pendant 7 ans, avant de repartir pour la Colombie retrouver sa famille. Voilà donc comment Lina s'était retrouvée là, à apprécier boire des bières en terrasses bien emmitouflée sous 5 couches de vêtements ! Elle était venue à la maison manger des crêpes aussi, une chouette rencontre qui m'avait encore plus donné envie d'aller en Colombie. Ça tombait à pic, car on partait 3 mois plus tard pour notre grand voyage !
On n'était pas sûres de se revoir en Colombie, les plans de chacune pouvant changer du tout au tout. Elle aurait pu rester en France et moi m'installer au Vietnam (mais nooooon maman, je rigole!!), mais finalement nos retrouvailles ont semblé de plus en plus envisageables, jusqu'à s'organiser sérieusement pour un séjour à Ibagué, où elle vit avec sa famille.
Gros câlin en arrivant puis grosse platrée de bidoche traditionnelle de Tolima, la région : saucisse, tripes et boudins, en avant pour le marathon gastro(nomique) ! On est accueillis comme des rois par Lina, qui nous prêtera même sa chambre et dormira avec sa mère le temps de notre visite.
Ces quatre jours ont été très forts en émotions, on s'est sentis comme à la maison, entourés d'une famille qui nous a donné beaucoup d'amour (et beaucoup de nourriture!). Quand on est loin de chez soi depuis presque un an, vivre ce genre de moments est une chance qui fait vraiment chaud au coeur (même si vous nous manquez pas tant que ça hein, calmez vous !).On a rencontré les frères et soeurs, les neveux et nièces, les oncles, les cousins et tous nous ont reçus avec la même gentillesse ... Une famille en or, je vous le dis !
Lina nous a préparé un programme de dingue, à la découverte des alentours pour chaque jour voir de nouvelles choses. Et on a adoré !!! Quand on pense que le routard ne mentionne même pas Ibagué, ni les sites merveilleux qu'on est allés voir, on se dit tant mieux pour la préservation de la nature mais dommage pour tous ceux qui passent à côté de tout ça ! On s'est baignés dans les cascades de Payande, on a randonné au dessus du canyon del Combeima, on s'est arrêtés aux meilleurs spots de boissons et nourriture de la ville avec crochets obligatoires pour voir les places, parcs, marchés et rue piétonnes sympas où se balader.
On a osé dire à Lina que la bouffe colombienne était trop monotone à notre goût, et ben fallait pas trop la provoquer parce qu'elle s'est acharnée à nous donner tord ! Vous visualisez les oies qu'on gave pour le foie gras de noël ? Bah c'était nous. Pendant 4 jours. Non stop. Graciela et Lina nous ont fait goûter les 72 spécialités de la région, les sadiques ! Lechona, tamal tolimense, avena, buñuelos, milo, deditos de queso, empanadas, changua, etc. On a rapidement revu notre avis d'ignorants sur la gastronomie locale ! En vrais colombiens on a aussi mangé du chocoramo, des chips au citron, on s'est bu quelques Club Colombia et on a passé une excellente soirée au BBC (Bogotá Beer Company) avec un couple d'amis forcément super cool.
On a aussi voulu leur cuisiner un truc de chez nous en retour, un plat typique, pas compliqué avec des produits qu'on pouvait trouver sur place. On a choisi les tomates et courgettes farcies, et on s'est essayé au pain ... On devait être tous les 6 avec Lina, sa maman, Daniel le copain de Guillaume que je connaissais déjà et sa femme Catalina, mais heureusement qu'on avait vu très très large niveau quantités parce que le frère a débarqué à l'improviste avec toute sa famille... A la colombienne quoi ! Soirée géniale, comme à la maison, au naturel, avec chaleur, joie et bonne humeur. On passe rapidement sur le gros ratage du pain qui faillit déchausser une quinzaine de dents mais pour le reste, c'était réussi.
Pour notre dernière journée, doña Graciela (la maman de Lina) voulait absolument nous amener à la finca qu'elle partage avec ses frères, sur les hauteurs d'Ibagué, puisque commençait ce même jour la période de fabrication de la panela. La panela ça vous parle ? Il fallait absolument qu'on vous explique ce truc bizarre qu'on trouve dans TOUTES les maisons colombiennes, on attendait le moment idéal et celui ci est sans aucun doute le bon !
La panela est faite de jus de sucre de canne pur, chauffé dans plusieurs cuves différentes à très haute température. Cette sorte de caramel brûlant est ensuite versé dans des moules où il se solidifie et forme des briques très dures. Il suffit d'effriter ces pains de panela pour sucrer des boissons, des yaourts ou des desserts. Ici, on en boit tous les jours dans la limonade proposée à tous les almuerzos ou en "agua panela", simple eau chaude aromatisée (dans laquelle on ajoute parfois des morceaux de fromage insipides). Ça a un goût assez spécial, on dirait un mélange d'épices ou de plantes, c'est étrange mais à petites doses ça passe vraiment bien.
C'était passionnant de voir son procédé de fabrication, à l'ancienne, maîtrisé à la perfection par des jeunes et des vieux de la vieille qui continuent à bosser 19h par jours à près de 60 ans... Un autre monde. Guillermo le frère de Graciela a aussi une fabrique de vraies briques de construction, élaborées 100% sur place par d'autres ouvriers valeureux. Cette fois encore on a droit à une visite guidée par Daniel le neveu de Lina, qui a à peine 17 ans nous a impressionné par sa maturité. Ah oui, comme presque tous les jeunes de son âge, Daniel travaille depuis plusieurs années déjà, très dur tous les étés à l'usine de briques de son oncle, et pendant l'année il enchaîne les petits boulots. Forcément à ce train là on grandit vite.
Ici encore on est accueillis à bras ouverts par les tontons qui ont ponctué nos discussions par une dizaine de " quand est ce que vous revenez ??!". Après 4 jours à se faire chouchouter, on n'a pas eu le choix que de se sentir un peu spéciaux, mais il semble que le comportement qu'ils ont tous eu avec nous soit celui qu'ils réservent à n'importe qui, Lina nous le confirme. Plutôt que la triste "religion et patrie","Générosité, bienveillance et humanité" conviendrait tellement mieux comme devise à la Colombie ! Une belle leçon d'hospitalité.
MERCI les amis !